Test | Ni no Kuni Remastered

20 oct. 2019

Oliver ne cesse de pleurer, il ne vient pas seulement de perdre sa maman, il s'en sent responsable. Il pleure à chaudes larmes et l'une d'entre elles, en tombant sur son doudou, le réveille. La peluche est en réalité une créature de l'Autre Monde. Son nom est Lumi et vous demande de la suivre sans tarder. Vous êtes le héros au cœur pur, dernier espoir d'un monde livré à la perdition du terrible Shadar. Si vous avez du mal à le croire, il vous apprend que son monde et le vôtre sont liés et qu'il est possible de ramener votre maman à la vie. Dans son monde, votre maman est une grande magicienne, capturée par... Shadar. Voilà qui achève de convaincre Oliver. « Ni une, ni deux, l'aventure commence. »

Sur le fond, Ni no Kuni Remastered ne déçoit pas : il porte une histoire épique qui vous tient en haleine jusqu'au bout de l'aventure. Sur la forme, autant vous prévenir, s'il a l'apparence d'un conte de fées, Ni no Kuni Remastered ne va jamais à l'essentiel. C'est un jeu extrêmement narratif, qui aime prendre son temps et dans lequel tous les personnages présents ont quelque chose à vous dire. L'implication du Studio Ghibli est entière, le jeu déborde de cinématiques et de cut scenes (certes de toute beauté et magnifiquement mises en scène, mais dispensables) qui racontent longuement si peu de choses, là où une ligne de texte aurait suffi. Ni no Kuni Remastered s'apparente parfois à une vitrine prestigieuse, dégoulinant de feuilles d'or pour raconter une histoire d'une grande simplicité.

Ni no Kuni Remastered est un J-RPG tout ce qu'il y a de plus classique, respectant à la lettre la progression à la japonaise : linéarité des chemins, villages forcés de quête en quête et la mort du boss qui fait revenir à l'état normal des choses en augmentant le nombre de ses compagnons de route et ses pouvoirs. Des mécaniques désuètes renforcées par quelques originalités bienvenues qui, pour peu que vous accrochiez au jeu, vous retiendront des centaines d'heures durant. La magie d'abord : très bien exploitée, elle sert et nourrit admirablement l'avancée dans l'aventure. L'alchimie : le jeu vous donne la possibilité de vous passer des diverses échoppes et de fabriquer vos propres objets à condition d'avoir réuni les ingrédients. Les quêtes annexes : entre missions de livraison et bêtes d'exception à tuer, elles vous obligent à parcourir le monde dans les moindres détails. Puis à la manière de Pokémon, vous serez accompagné de familiers qui vous aideront lors des combats. Il y en a plusieurs centaines à capturer et à faire évoluer.

À l'image de ses cinématiques, le jeu est splendide. Les mots manquent face à l'ampleur du travail effectué, vous êtes véritablement plongé dans un dessin animé. Chaque ville est unique, avec ses ambiances et atmosphères si particulières ; c'est un enchantement constant dont on ne se lasse pas. Vous allez vous sentir si bien, que vous allez adorer compléter toutes les quêtes annexes. Pareil pour la musique, composée par Joe Hisaishi et jouée par la Philharmonie de Tokyo : elles sont d'une grande beauté, collent à la perfection aux endroits, aux émotions, aux sensations du voyage et des rencontres. Vous allez fredonner le thème de la carte jusque dans vos rêves.

À la manière d'un Final Fantasy 12, le système de combat est un temps réel plein de panache qui se fige lorsque vous donnez des ordres à vos personnages. Même s'il est possible de gérer toute l'équipe, le jeu inclut la possibilité de paramétrer le comportement de vos coéquipiers, et c'est tant mieux car dans les faits vous aurez déjà bien à faire avec Oliver. Dans les combats lambda, l'ordinateur fait parfaitement son boulot, mais contre les boss cela ne fonctionne plus, vos coéquipiers tombent comme des mouches. Contrôler en temps réel tous les membres de l'équipe est une véritable purge. Malheureusement vous finissez par employer toujours la même technique qui consiste à privilégier Oliver et deux ou trois de ses sorts les plus efficaces que vous envoyez en boucle.

Dans cette configuration, l'utilisation des familiers ne sert pas à grand chose, vous vous contentez d'utiliser celui qui frappe et encaisse le mieux ; les collections ne se font que pour le challenge. De toute façon à la fin du combat tous les personnages, en vie ou morts, récoltent de l'expérience – ce qui en dit long sur ce système bancal.

Sous ses apparences de jeux de rôle idéal pour ceux et celles qui n'aiment pas le jeu vidéo, Ni no Kuni Remastered avec ses combats défectueux est en réalité un jeu pour les amateurs du genre. Ils ne feront des combats qu'une bouchée et outrepasseront le rythme nonchalant de l'histoire pour profiter du sentiment de voyage exceptionnel. Ceux qui l'ont déjà fait sur PS3 seront ravis de le refaire en compagnie de leurs proches. Ni no Kuni Remastered fait partie de ces jeux que l'on aime montrer ou voir jouer.

Oliver possède un outil prestigieux qu'il ne lâche jamais au cours de son aventure : l'Almanach du Magicien. Ce livre est un objet exceptionnel qui fait partie intégrante de l'aventure. Véritable encyclopédie sur l'univers du jeu, vous y découvrirez des contes et légendes, l'histoire de l'Autre Monde, et vous y formerez à la magie et à la bagarre. Les fameuses recettes d'alchimie sont répertoriées dedans et il vous faudra y revenir souvent pour résoudre des petites énigmes.

À l'origine, ce livre était vendu avec les éditions collector de la version PS3. Déjà à l'époque on se plaignait que le livre n'était pas vendu séparément ; pourquoi ne pas l'avoir fait aujourd'hui ? Durant le jeu l'immersion aurait été parfaite. En l'état, c'est contraignant et peu ergonomique de le consulter et surtout on n'en profite pas autant que l'objet le mérite.