Test | Mutant Year Zero : Road to Eden

29 janv. 2019

Dans Mutant Year Zero, notre monde n'est plus qu'un réservoir de mythes et de légendes qui s'écrivent à mesure qu'on retrouve les objets ayant résisté à une apocalypse nucléaire. Les humains ne sont rien de plus que des mutants parmi les mutants et tous survivent au cœur de l'Arche. Une ville sous la gouvernance de l'Ancien, qui utilise des mutants aux compétences hors norme pour réaliser des missions d'entraide et de récupération de matériaux pour pérenniser tant bien que mal un système à bout de souffle.

Plus proche de Fallout que des X-Men, le monde de Mutant Year Zero est apocalyptique et endeuillé. Pourtant, sa plus grande force est de proposer des personnages débordants, aux répliques percutantes et aux dialogues familiers. Vous allez vous attacher aux personnages rencontrés, aux histoires racontées et aux chemins parcourus dans cet univers anéanti.

Mutant Year Zero, s'il prend pourtant souvent des allures de walking-simulator, est un jeu tactique au tour par tour.

L'exploration tient une place capitale. Elle vous permet non seulement de récolter les ressources nécessaires à la progression des personnages et de l'histoire, mais surtout c'est elle qui se charge d'imprégner le joueur de cette solitude et de cette mélancolie qui fait le charme des bons jeux de randonnée. Pour cela, une très astucieuse idée : la marche, en position debout lampe torche allumée et la marche, en position accroupie lampe torche éteinte pour plus de discrétion. Les répercussions sur les décors n'étant pas les mêmes (indépendamment du lieu où vous vous trouvez), les rendant plus rassurants ou plus hostiles, influençant ainsi par la même occasion votre ressentiment durant la partie en vous gardant toujours en alerte, en déséquilibre constant.

En ce qui concerne les combats, la position discrète vous permet de vous positionner de la manière la plus adéquate pour tuer silencieusement ou tendre une embuscade avant de déclencher un combat ouvert où vous êtes le plus souvent en minorité.

Parce qu'il faut vous prévenir : les combats sont un cauchemar. Que vous puissiez être en minorité face à vos adversaires, OK. Que chaque action se doit d'être jouée très précisément sous peine de se faire punir violemment par ces mêmes adversaires, OK. Car vous avez l'habitude et savez que le tactique au tour par tour fait rarement des cadeaux. Ce qui est inconcevable, c'est que les statistiques ne sont jamais en votre faveur : même à bout portant au fusil à pompe, vous ratez. Vous ratez tout le temps. Les ennemis, eux, ne vous ratent jamais, et autant vous prévenir : ils font mal, en deux coups vous êtes mort. Ici aucune chance de vous rattraper, le jeu est tellement punitif qu'au premier tour ennemi vous savez qu'il faut relancer la sauvegarde.

Le plaisir de jeu en prend un coup alors qu'il est pourtant plein de qualités. La mise en scène des combats est superbe (belles constructions des niveaux, décors destructibles, mouvements sublimes, armements pleins d'originalité), l'expérience prise vous donnera accès à de nouvelles capacités et mutations vraiment plaisantes.

Pour les amateurs de jeux tactiques au tour par tour, les fans de XCOM, ceux qui aiment la difficulté bien velue et ont enterré toute spontanéité lorsqu'ils jouent. Fébrilement, je veux le conseiller aux curieux, aux amoureux d'univers, d'expériences profondes – évidemment à ceux-là je leur dis : n'oubliez pas de respirer et de sauvegardez au moindre mouvement!

La durée de vie du jeu est assez courte, vous ne reviendrez jamais dans un niveau déjà nettoyé pour prendre de l'expérience ou vous améliorer : les ennemis ne réapparaissent pas. Je conseille donc de découvrir l'excellent JDR qui constitue un ensemble de livres formidables et magnifiquement bien écrits.