Nous voulons être des vainqueurs
- Éditeur Bandai Namco Entertainment
- Développeur Aardman Animations
- Sortie initiale 9 nov. 2018
- Genre Aventure
Il faut croire que Yoan Fanise (le réalisateur du jeu) n'avait pas tout dit avec Soldats Inconnus. 11-11 : Memories Retold revient sur le conflit accompagné d'un nouveau moteur graphique. Si dans le fond les intentions restent les mêmes, dans la forme 11-11 : Memories Retold délaisse la bande dessinée belge pour un réalisme impressionniste implacable. Vous en reviendrez sidéré par l'effroi, la beauté et l'intelligence d'une aventure souveraine.
L'histoire
Il n'est pas exactement question de la guerre, mais plutôt de montrer les strates d'une vie prise à l'intérieur de ce conflit. La vie d'avant, en réserve, en permission, au front, lorsque l'on est prisonnier, lorsque l'on retourne chez soi, la reconstruction et la vie d'après. La guerre n'est ici qu'un enfer que les personnages traversent et qui ne les retient pas.
Le récit de 11-11 : Memories Retold est éblouissant, l'écriture est au cordeau, il n'y a rien d'inutile. Chaque scène, chaque action, chaque mot trouve dans le déroulement du récit sa finalité et sa correspondance immédiate ou lointaine qui servent à illustrer les destins écrits par leurs actions.
Le principe
L'importance des jeux pendant la guerre.
Le canadien est photographe et cherche la renommée internationale. L'allemand mène l'enquête, ses fonctions seront d'interroger sur son fils et d'endosser le rôle d'espion dans les tranchées, stéthoscope collé aux parois. C'est donc une lecture poétique, sensible de cette guerre qui s'attache à faire du joueur un artiste ou un reporter plutôt qu'un tueur. Vous serez sur un champ de bataille pour prendre des photos, pour écouter les autres, pour rendre service à ceux qui en ont besoin. 11-11 : Memories Retold est un tour de force, qui se débarrasse d'une jouabilité de jeu de tir et impose la construction d'un récit militaire par des actes et des gestes paisibles, dont les répercussions se distillent jusqu'à la magistrale conclusion finale.
Ce sont des petits riens qui finalement importent peu : interroger, prendre une photo, réparer une radio, apporter de l'eau ou trancher du pain. Des moments symboliques, qui n'ont pas pour objectif d'être des défis mais des balises d'expérience pour vous marquer et vous imprégner d'une urgence, d'un état d'âme, de votre place au cœur d'un monde. Comme ces chapitres qui se terminent parfois sur une lettre à écrire et dont vous pouvez déterminer la teneur en rappelant les événements vécus. Vous en ferez des croyances (positives ou négatives) que vous transmettrez à vos familiers.
Les graphismes
Des animaux aux rôles essentiels.
Pour qui ?
Des paysages d'une grande beauté.
L'anecdote
Un travail incroyable sur les effets de profondeur, de lumière.
Il est incongru qu'un style pictural qui peignait la tranquillité d'une vie parisienne soit à ce point capable de peindre la guerre et les tranchées. D'autant plus drôle qu'il faille passer par la peinture moderne pour raconter la Grande Guerre, comme si les images d'aujourd'hui n'étaient plus adaptées, vidées de sens.
- Scénario puissant
- Graphismes époustouflants
- Des choix qui importent réellement
- Des interactions, plus qu'une jouabilité
Il y a des œuvres pour lesquelles on a envie de se battre fort. 11-11 : Memories Retold est de celles-là, non pas parce qu'elle aborde un sujet important, mais parce qu'on y ressent un amour immodéré pour les joueurs, pour le jeu vidéo, pour la matière artistique qu'elle soit picturale, narrative ou ludique. 11-11 : Memories Retold est un chef-d'œuvre.