L'Itinéraire d'un enfant cassé
- Éditeur Square Enix
- Développeur Human Head Studios
- Sortie initiale 1 nov. 2018
- Genres Action, Aventure
Lorsque The Quiet Man est apparu pour la première fois, il a fait forte impression. Pour ceux qui ne l'ont pas connu, il se présentait moitié film et moitié Beat them all, avec son pitch séduisant, son ambiance photo-réaliste poisseuse et sa mise en scène acérée. Les plus anciens auront tout de suite pensé à The Bouncer, un jeu Squaresoft de 2001 ô combien attendu, qui a déçu toutes les attentes. Déjà à l'époque, Squaresoft avait tenté le film interactif parsemé de scènes d'actions, d'un scénario façonné et avec la même promesse : d'être achevé en une session de jeu. The Quiet Man réussira-t-il là où son aîné a échoué ?
L'histoire
L'histoire s'inscrit bien dans ce contexte caricatural mais en faisant preuve d'indulgence et de curiosité vis-à-vis de ce genre de productions, on prend plaisir à suivre cette histoire qui se laisse regarder avec intérêt. On est dans le même ordre d'idées que Late Shift, mais en plus ambitieux. Late Shift avait tendance à se dérouler trop souvent dans des espaces intérieurs avec des personnages simplistes. Ici, la ville de New-York est le lieu de cette tragédie urbaine. Les personnages sont nombreux et bien écrits avec de vraies personnalités. De même, les situations sont variées et les coups de théâtre fonctionnent plutôt bien. Il est juste dommage que la fin soit si aberrante et qu'elle renverse ce qui se tenait pour finir en grand n'importe quoi.
Deux méthodes pour raconter cette histoire. D'une, des images soignées en prises de vue réelles avec un vrai souci de la mise en scène. Les acteurs font leur travail de manière impliquée au premier degré, là où dans Late Shift on pouvait sentir une espèce d'ironie, de distance qui gâchait le plaisir du joueur. De l'autre, des cinématiques en images de synthèse qui s'intègrent mal à l'ensemble : les personnages sont raides et leurs expressions simplistes et caricaturales s'accordent mal avec les émotions qu'ils sont censés véhiculer. À noter aussi les énormes problèmes de découpages et de transitions entre les différentes scènes du jeu.
L'expérience
Vous ne serez pas toujours au centre de l'image.
Vous serez ainsi privé de compréhension narrative durant toute l'aventure. Le résultat est consternant. Certes, le scénario n'est pas d'une profondeur telle que vous n'y compreniez rien : il est évident qu'il rattachera grosso modo les fils et constituera l'histoire. Ce qui est horrible, c'est de se trouver devant un objet impropre, comme si un film traitant de la surdité tel "Les enfants du silence" se devait d'être regardé le volume sonore éteint.
L'effet final est celui d'un produit qui n'a pas les moyens de ses ambitions, tant narratives que techniques, qui donne l'impression que les développeurs n'ont pas eu le temps d'inclure les dialogues et les sous-titres. L'excuse d'un personnage sourd semble toute trouvée pour sortir un jeu inachevé. Cependant, ce choix des développeurs est assumé et fait, selon eux, partie intégrante de l'expérience puisque le jeu se termine en vous renvoyant vers un patch gratuit chargé de rétablir une compréhension exacte de l'histoire.
Il y a donc deux jeux. Le premier sourd et impropre. Le second jeu, patché par les sous-titres et une bande son, vous offre un jeu qui certes ne tient pas totalement ses promesses mais reste compréhensible. La contrepartie est qu'il faut faire le jeu une première fois avec pour seuls compagnons : incompréhension et désintérêt. Une version stupide qui vous découragera d'y revenir. Car une fois le son activé, on découvre une réalisation narrative qui fait amplement son travail et qui aurait facilement trouvé un public venu pour ce genre d'expérience.
Le principe
De jolis effets.
Les graphismes
Des acteurs qui assurent.
Le jeu fait pourtant des efforts sur l'ambiance hyperréaliste, avec une magnifique photographie très stylisée à la Michael Mann où les corps remplissent pleinement l'espace et les lumières nocturnes s'étirent oniriquement.
Pour qui ?
Les modèles numériques des acteurs manquent de vie.
L'anecdote
Beaucoup de flou pendant les combats.
- Une bonne histoire
- Jolis effets de lumière
- Jouabilité ratée
- Technique aux fraises
- La première partie sous silence désastreuse
The Quiet Man aurait pu être une expérience sympa, certes à la jouabilité et à la technique ratées, mais qu'on aurait salué pour ce qu'elle fait de bien : nous porter durant trois heures dans une histoire efficace et divertissante, avec des acteurs et une réalisation totalement honnêtes pour un genre sous-représenté sur nos consoles. Au lieu de ça, les développeurs ont fait le choix d'un film muet totalement hermétique. Inévitable impression finale : celle d'un désastre.