Test | Agony
07 juil. 2018

Un jeu qui porte bien son nom

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Agony

Après quelques trailers bien mis en avant, Agony pointe enfin le bout de son nez sur consoles et PC. Pourtant, au lancement du jeu, tout semble s'écrouler et le chemin du purgatoire s'ouvre sous vos pieds, poussé lâchement dans le dos par l'équipe de Madmind Studio. De là à penser que ce test soit un enfer, il n'y a qu'un pas.

L'histoire et l'ambiance

Dans Agony, vous prenez les commandes d'un Martyr alors qu'il arrive juste devant la porte du purgatoire. Bien décidé à ne pas établir votre campement en ce lieu, vous partez à la recherche de la déesse rouge, seule être capable de vous sortir de là. Dans un second temps, après avoir faussement fini le jeu, vous avez la possibilité d'incarner une succube pour retrouver votre maîtresse, la fameuse déesse rouge.

Madmind Studio est composé de neuf anciens du jeu vidéo ayant participé à de très gros AAA. Financé par Kickstarter, les créateurs demande 66 666 $ pour sortir un jeu basé sur le purgatoire. Avec une campagne publicitaire basée sur l'esthétique et l'Unreal 4, le jeu s'effondre tout seul quand les différents décors prennent vie sous vos yeux. L'imagerie de fond utilisée pour créer le purgatoire oscille entre le gore et l'horreur, ce qui est tout à fait acceptable. Les murs sont faits souvent de boyaux, de morceaux de cadavre ou de dents. Et l'aspect de certaines pièces est assez réussi avec par exemple des tunnels qui se resserrent en fermant des dents. Mais la majeure partie du titre est composée d'enchevêtrement de textures qui se répètent et bougent, jusqu'à proposer des couleurs qui n'ont rien à faire en enfer, à part s'il s'agit d'un mauvais trip. Et finalement, en explorant le jeu, vous contemplez moins que vous vous demandez ce que vous regardez tellement certains décors sont improbables.
Un scénario transparent et une direction artistique qui fait louche

Le principe

Vous voilà devant l'une des rares scènes réussies visuellement.

Agony est un jeu d'horreur à la première personne qui mélange normalement infiltration et énigmes à résoudre. Manette en main, vous avez plus affaire à une simulation de marche d'un asthmatique avancé. Les déplacements sont très lents et le temps de course est limité par une capacité pulmonaire basse. Vous explorez différentes chambres du purgatoire toutes basées sur différents péchés en résolvant ici en là des énigmes, ou en échappant à de vilains démons. N'ayant aucun moyen de vous battre, il faut donc essayer de vous infiltrer en vous cachant et en coupant votre respiration au moment ou un démon passe. Si ceux-ci vous repèrent, retour au précédant point de sauvegarde où, grâce à un pouvoir à débloquer, direction le corps d'un Martyr précédemment décapuchonné pour occuper son corps. Ce système de double sauvegarde vous permet au moins de lutter contre les points faibles du jeu, et vous allez en avoir besoin.

Car s'infiltrer face à un démon ou tout autre engeance en présence peut s'avérer être un vrai calvaire, mais pas pour les bonnes raisons. Les ennemis sont aveugles et ne vous repèrent pas réellement au mouvement mais à la respiration et aux mouvements brusques. Pourtant, dissimulé dans une antre, respiration coupée, certains vous débusquent aisément, tandis que le même garde vous laissera passer dans son dos si vous avez retenu votre souffle deux minutes plus tard. Il y a parfois des monstres qui apparaissent brutalement dans votre dos ou sur votre chemin pour vous repérer illico, et une fois la partie rechargée, plus personne ne vous embête. La sensation de parcourir et finir au hasard un niveau devient vite omniprésente, et la répétition de l'action chasse vite la réflexion.

Malgré tout cela, vous avez la possibilité de collecter des objets afin de débloquer des artworks dans le menu. Vous avez aussi accès à un arbre de compétences afin de vous améliorer, enfin en théorie. Car en pratique c'est un peu comme le reste. Augmenter votre endurance ou votre souffle peut être utile comme tout à fait dérisoire si le jeu le décide. Vous pourrez bien retenir votre souffle au maximum et être détecté tout de même. Vous pourrez bien courir longtemps mais échouer lamentablement par un monstre qui sort d'un placard imaginaire à la toute fin du niveau. Et ne parlons pas des détecteurs qui doivent bien faire rire l'ensemble des créatures du dessous.
Un simulateur de descente aux enfers

Pour qui ?

Déjà avec cette palette de couleurs, vous êtes plus dans la réalité du titre.

Vous aimez souffrir dans une ambiance gore et horrifique ? Agony est sans doute fait pour vous. Il n'y a que quelques plans du purgatoire qui méritent le déplacement dans les sept à huit heures de purge nécessaire pour venir au bout du titre. Mais pour en arriver là, il faut déjà passer les nombreux bugs sur votre route, et ce n'est pas donné à tout le monde.
Les amateurs d'horreur gore

L'anecdote

L'arbre de compétences est sommaire et ne modifie pas vraiment votre façon de jouer.

Agony a été une réelle souffrance pour moi. Dès les premières tentatives de jeu, j'ai eu le droit à une série de bugs (avec corruption de sauvegardes) m'empêchant de franchir la première porte, et donc avant même d'atteindre la demi-heure de jeu. Le premier échec fut porté par la magnifique disparition du cœur nécessaire à l'ouverture de la porte sous mes yeux. Suivi par deux superbes absorptions par le décor alors que je me baladais dans les geôles attenantes à l'entrée. Freeze, porte qui ne s'ouvre pas, freeze et bloqué dans le décor. Des débuts laborieux pour un jeu qui le sera tout autant malgré un patch déployé de tout urgence pour corriger ses défauts.
Huit parties pour en faire une
Les Plus
  • Quelques décors réussis (jeu de lumière, textures...) avec un parti pris esthétique qui aurait pu être salvateur
Les Moins
  • Le gameplay est une purge, surtout la partie en Martyr
  • De nombreux bugs, vraiment très nombreux
  • Le scénario mal exploité qui devient transparent
  • La globalité du jeu est moche et baveuse
Résultat

Agony est un simulateur d'une longue descente en enfer pour le jeu et le joueur. Très beau lors des différentes annonces, le jeu alterne de sublimes scènes avec des moments baveux, multicolores et sans intérêts. Les phases d'infiltration sont hasardeuses à cause d'une IA bancale et de nombreux bugs. Les énigmes à résoudre sont d'une banalité affligeante. Toutes les tentatives pour rendre le jeu acceptable échouent lamentablement. Un titre à oublier donc !

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