Test | Birthdays the Beginning

20 avr. 2017

Birthdays the Beginning est un jeu difficile à défendre, car il ne consiste à rien d'autre qu'à terraformer un territoire. En surélevant ou en abaissant les reliefs, vous allez jouer sur les altitudes, la température et l'humidité ; ce qui fera apparaître différentes espèces de vie (humaines, animales, végétales) et tout l'enjeu consistera à équilibrer l'écosystème selon les objectifs que vous donnera le jeu ou à votre guise. Une température trop grande développera certaines espèces et en tuera d'autres ou une trop grande présence de certaines espèces empêchera l'apparition ou la survie d'autres. De la même manière que certaines espèces ont besoin pour apparaître d'une certaine végétation, de certains prédateurs ou d'une certaine température. Un véritable casse-tête qui vous rebutera ou vous obsédera à poursuivre l'éclosion des 200 créatures que contient le jeu.

Ce qu'il faut comprendre, c'est que les problématiques de Birthdays the Beginning ne sont pas celles d'un Viva Pinata qui raffolait de collectionnite en tout genre. Ici il n'y aura rien pour amuser, divertir le joueur ou le pousser à jouer pour débloquer des récompenses plus ou moins utiles ou cosmétiques. Birthdays the Beginning s'apparente pour celui qui cherche un jeu vidéo à rien de plus qu'un fond d'écran, à un aquarium virtuel ou un logiciel de calcul expérimental d'un genre ludique. Ses enjeux sont ailleurs.

Birthdays the Beginning est un jeu dans lequel l'humain devient une possibilité, à la condition que toute espèce ait pu s'épanouir avant lui. Un jeu fou qui nous oblige à penser notre condition, à la dépasser si la finalité est la diversité, et à nous envisager nous aussi comme une espèce en attendant l'espèce d'après. Vertigineux.

Pour les curieux, pour ceux qui pensent que le jeu vidéo peut être aussi un objet d'expérimentation, un objet purement artistique ou statistique. Birthdays the Beginning est d'une profondeur telle qu'il porte une véritable réflexion sur notre impact, sur notre histoire, sur nos cohabitations avec le monde. Objet de revendication politique comme il en existe peu.

À mes yeux, Yasuhiro Wada est le créateur de jeux vidéo japonais le plus passionnant à suivre. Véritable créateur, véritable artiste, il ne cesse de réinterroger son œuvre. En questionnement permanent, obsédé par l'évolution constante et l'interaction induite par le joueur, il n'hésite jamais à le bousculer, à le noyer sous les tâches et les informations. Si le joueur accepte au début, il livrera tout au long du jeu une bagarre incessante pour se faciliter la vie, pour aller à l'encontre du surmenage et profiter simplement d'un monde : le sien.