Test | Star Wars Outlaws
29 août 2024

La belle quête de Kay

Testé par sur
Aussi disponible sur
Star Wars Outlaws

Des jeux Star Wars, il y en a eu un bon paquet depuis les seventies. Tous les genres y sont passés, quasi tous les éditeurs aussi. Et si on était plutôt habitué à des adaptations d'Electronic Arts (il détenait l'exclusivité jusqu'en 2021), c'est une vraie curiosité que de voir le mastodonte français Ubisoft se lancer dans l'aventure avec Star Wars Outlaws. Il faut dire qu'un monde ouvert "à la Ubi" dans l'univers initié par George Lucas mais sans Jedi a de quoi aussi bien faire fantasmer qu'effrayer plus d'un joueur. Essayons de voir ensemble de quel côté se situe la Force.

L'histoire

Démarrer dans la vie en étant la fille d'une pirate de l'espace qui vous abandonne du jour au lendemain, ça ne met pas vraiment sur les rails de la légalité. Oui, Kay Vess et parfois borderline question loi mais il faut tout de même saluer sa loyauté envers ses amis... Ah, attendez, il semblerait qu'elle n'en ait pas des masses d'amis. Rien ni du côté de l'Empire qui domine la galaxie d'une main de fer, ni de celui des syndicats criminels, tels que les Hutts et le Clan Ashiga, qui prospèrent dans l'ombre. Non, le seul ami sur qui elle peut vraiment compter, c'est cette petite boule de poils nommée Nix qu'elle a sauvée d'une mort certaine durant son adolescence. Aujourd'hui la jeune femme veut changer de vie et s'extraire de ses lourds antécédents. Hors-la-loi ça ne paie pas tant que ça et c'est surtout une activité qui peut très vite mener hors la vie. Allez, un dernier gros braquage avant de se ranger et d'effacer cette "marque de mort" qui fait d'elle une cible à abattre pour à peu près tous les chasseurs de prime de la galaxie.

Quelle bonne idée d'avoir choisi le pendant féminin de Han Solo qui, il n'y a pas de débat, est et restera le meilleur personnage principal de la saga Star Wars. Kay est à la fois juste ce qu'il faut de badasserie et d'humanité. Elle n'en fait pas des caisses, elle a du répondant tout en restant à la place la plus noble qui soit, celle de la justice de cœur. Subtilement touchante, vous vous attachez rapidement à elle. Son duo avec Nix offre des séquences mémorables, une relation magique étayée par, vous allez le voir, des flashbacks bien pensés. Mais si vous entendez essentiellement parler de Nix, notez que le personnage de ND-5 est aussi très intéressant, voire même plus sur le plan purement psychologique.

Pour ce qui est du scénario en lui même, Massive a préféré la simplicité ce qui est plutôt une bonne chose vu l'univers touffu et l'abondance de personnages. Hors-la-loi oblige, attendez vous à des retournements de situation qui pourraient vous faire ouvrir la bouche et écarquiller les yeux.
La Casa de Kay Vess

Le principe

Bien souvent, Kay doit rester du côté obscur pour éviter les ennuis.

Faut-il commencer ce paragraphe par un avertissement du style « Hermétiques au monde ouvert, passez directement au paragraphe suivant » ? Oui, Star Wars Outlaws utilise logiquement la recette éprouvée d'Ubisoft mais pas que. Ce qu'on retrouve dans des jeux tels que Red Dead Redemption, Ghost of Tsushima, Mass Effect, Horizon, The Witcher et bien sûr Assassin's Creed ou encore Watch Dogs, on le retrouve dans la production d'Ubisoft Massive. Car oui, l'éditeur français n'a pas l'apanage des mondes ouverts où se mélangent exploration, plateforme, combat et infiltration.

Justement, le jeu vous pousse régulièrement à jongler entre discrétion et affrontement direct, chaque approche ayant ses propres avantages et risques. L'infiltration est un élément central, souvent la clé pour réussir vos missions sans attirer l'attention des forces ennemies, qu'il s'agisse de mercenaires des syndicats ou de troupes impériales. Le passage en douceur rallonge d'ailleurs la durée de vie de façon conséquente car vous devez consciencieusement étudier la zone pour éviter d'être repéré. Le déclenchement d'une alarme sonne généralement l'échec de la mission, ce qui est plutôt réaliste quand vous vous trouvez dans une base de l'Empire où le résultat de vous contre toute une armée ne fait mathématiquement pas de doute. Sans atteindre l'excellence d'un Hitman, on peut dire que Star Wars Outlaws est plutôt bien loti côté furtivité. Certains lui reprocheront sans doute un aspect répétitif, mais ce serait ne pas rendre hommage au level design astucieux mis en place par Ubisoft Massive pour éviter autant que possible les redondances.
Kay des brumes

N'hésitez pas à jouer les flambeurs, ça pourrait rapporter gros (mais juste dans le jeu, hein !).

En parallèle à l'infiltration, les combats apparaissent classiques mais efficaces, certains boss vous réservent même de bonnes montées d'adrénaline (la séquence dans la ménagerie de Jabba le Hutt). Et puis, il faut dire que jouer à un Star Wars sans les "Tshhhh" et "Wõõõnnn" des sabres laser, c'est étonnamment rafraîchissant. Côté plateforme, Kay pourrait presque passer pour la sœur cachée de Lara Croft, impression amplifiée par certains environnements comme celui de la planète enneigée de Kijimi (visible dans le film L'Ascension de Skywalker). Et la cousine germaine de Aloy quand elle explore une épave de vaisseau envahie par la végétation, grimpant et tâtonnant dans un labyrinthe de panneaux de contrôles défoncés et autres passages effondrés.

Bien entendu, une multitudes d'activités annexes (utiles ou non) viennent se greffer à la quête principale pour donner un relief pour le moins immersif à cet univers : parties de Sabacc (un jeu de cartes addictif une fois qu'on a bien compris les règles), courses en speeder, secours des autochtones, exploration des environs spatiaux (mais ne vous attendez pas à du No Man's Sky) et surtout les fameux contrats qui vont vous permettre d'améliorer votre réputation auprès des différentes factions du jeu.
Faîtes péter la banque au Sabacc

La réputation

Les cantinas, c'est vraiment "the place to be" quelle que soit la planète.

S'il ne s'agit évidemment pas d'une exclusivité, le système de réputation de Star Wars Outlaws apparaît plus poussé que dans les autres jeux qui l'utilisent. Il est à la fois très lisible mais aussi et surtout gratifiant pour le joueur. Chaque interaction, mission accomplie ou choix moral affecte votre position auprès des quatre grands syndicats criminels : les Hutts, les Pykes, l'Aube Écarlate et le Clan Ashiga. Gagner la faveur d'un syndicat peut vous ouvrir des portes insoupçonnées : accès à des missions exclusives, réductions chez certains marchands, ou encore déblocage de zones auparavant interdites. À l'inverse, s'attirer la méfiance d'un groupe peut compliquer vos opérations, voire même vous transformer en cible à abattre. Cette mécanique de réputation ajoute une profondeur stratégique au gameplay, vous obligeant à peser chaque décision. Faut-il sacrifier une récompense immédiate pour renforcer une alliance à long terme ? Ou bien privilégier une mission risquée pour s'attirer les bonnes grâces d'un syndicat rival ?

Ce système confère à votre expérience un aspect politique et relationnel assez génial, très proche du sentiment que l'on retrouve dans la saga cinématographique où les alliances se font et se défont en un clin d'œil. Votre immersion n'en est que renforcée et vous allez voir que vous aurez même envie de sauvegarder avant des choix importants histoire de mesurer les conséquences de l'autre possibilité, un peu comme sur un Detroit : Become Human.
Ce n'est pas personnel, c'est uniquement les affaires

Pour qui ?

Certains passages font inévitablement penser à Horizon voire même Tomb Raider.

Star Wars Outlaws s'adresse avant tout aux fans de la saga galactique, mais pas uniquement. Si vous avez un faible pour l'action en monde ouvert à la Red Dead Redemption 2 ou Assassin's Creed : Mirage, ce titre pourrait bien vous séduire. Les amateurs de jeux d'infiltration et de stratégie, rappelant par moments les mécaniques de Uncharted 4 voire même The Witcher 3, y trouveront également leur compte grâce aux nombreuses options d'approche laissées au joueur, notamment par l'intermédiaire de Nix et son éventail d'interactions.

Les adeptes de scénarios riches en choix moraux, où chaque décision influe sur les relations avec les factions du jeu, apprécieront cette dimension qui apporte une touche de profondeur rarement vue dans les adaptations de licences célèbres. Enfin, si vous avez toujours rêvé d'incarner une antihéroïne dans une galaxie où rien n'est tout blanc ou tout noir, Star Wars Outlaws vous tend les bras.
Les fans mais aussi tous les autres

L'anecdote

Ce n'est pas une mais deux anecdotes que je vous propose sur le développement de Star Wars Outlaws car, comme chacun sait, tout bon fan (de Star Wars ou pas) est souvent un peu obsessionnel et pointilleux. Tout d'abord, savez-vous que Julian Gerighty, le directeur créatif, s'est inspiré d'une phrase dans L'Empire contre-attaque pour créer Star Wars Outlaws ? Il s'agit de la réplique où Han Solo est décrit comme un « pirate, un hors-la-loi ». Cet esprit de rebelle a guidé toute la conception du jeu. Deuxième anecdote : Ubisoft Massive et bien sûr LucasFilm ont mis un soin particulier à recréer l'univers Star Wars dans ses moindres détails, y compris des références subtiles aux films originaux tout comme les séries. Ainsi, certaines missions sont inspirées de scénarios abandonnés de la série The Mandalorian.
Des références subtiles aux films et séries Star Wars
Les Plus
  • L'immersion dans l'univers Star Wars est totale
  • Un système de réputation lisible et motivant
  • Un gameplay qui favorise la réflexion tactique
  • L'infiltration subtilement mise en relief par l'intervention de Nix
  • Des passages mémorables
  • Une ambiance sonore originale qui échappe même aux clichés habituels de la licence
  • L'idée osée d'exclure les Jedi
Les Moins
  • Des combats au corps à corps efficaces mais un peu mous du genoux comparés à un Uncharted par exemple
  • Une certaine répétitivité d'actions surtout si on rushe la quête principale
Résultat

Que les Ubi haters aillent se rhabiller : pour une première fois dans l'univers Star Wars, cet Outlaws est une belle réussite. En adaptant sa recette à la célèbre saga, Ubisoft fait preuve à la fois d'un grand respect pour son sujet que les fans sauront apprécier, mais aussi d'une capacité à faire évoluer des mécanismes qui pouvaient sembler trop bien huilés. C'est grand, juste ce qu'il faut, beau, touchant, varié, subtil notamment du côté de la réputation, osé aussi en abandonnant certains passages obligés tels que la présence de Jedi... Bref, il faudrait vraiment que vous soyez allergique au monde ouvert (ou à Ubisoft ?) pour ne pas y trouver un minium votre compte. S'il n'échappe pas à certaines redites probablement inévitables, ainsi qu'à quelques bugs visuels qui seront à coup sûr vite corrigés, Star Wars Outlaws sait vous proposer une liberté importante et offrir un terrain de jeu dans lequel vous avez rapidement envie de vous perdre et de flâner. Rassurez-vous les excités de la gâchette, même si l'infiltration se révèle vite comme étant au cœur du gameplay, l'action est aussi bien présente sur terre que dans l'espace. Car vous allez le voir, Kay est une hors-la-loi bien difficile à arrêter.

Partagez ce test
Tribune libre