Un road trip humain
- Éditeur Quantic Dream
- Développeur Red Thread Games
- Sortie initiale 20 août 2024
- Genre Aventure
Quel meilleur moyen que de transformer un vol en road trip entre amis pour vous recentrer sur votre vie et revoir vos priorités ? Embarquez dans le bus avec Pax et ses amis et plongez dans une réflexion profonde sur le monde. Dustborn, un jeu narratif du studio Red Thread Games, prend le partie de s'engager sur un sujet sensible souvent décrié. Un voyage philosophique et humain rempli de bonnes idées.
L'histoire
Vous incarnez Pax, une jeune femme se désignant comme une Anome, une personne possédant de puissants pouvoirs s'exprimant au travers de sa voix et de ses émotions. Seul souci, les Anomes sont considérés comme des individus déviants et donc recherchés par les Puritains, un groupuscule tout-puissant. Cerise sur le gâteau, ces derniers étaient propriétaires des données que Pax et ses amis ont dérobées. Le voyage vers la liberté s'annonce donc des plus mouvementés !
Au-delà de son style graphique unique s'inspirant des comics, à l'instar des jeux The Walking Dead de Telltale Games, Red Thread Games signe ici un titre narratif se rapprochant de l'identité même de son éditeur, Quantic Dream, en termes de registre vidéoludique. Un titre où les relations entre les personnages sont cruciales pour avancer de façon optimale dans l'aventure.
Le principe
Trop d'indications à l'écran ? Mettre en pause vous aide à retrouver des dialogues manqués.
Outre la narration, Dustborn arrive à innover en s'agrémentant d'idées provenant d'autres genres. Des ajouts bienvenus permettant de rendre le jeu plus dynamique. Mais forcé de constater qu'il souffre d'un manque de rigueur. Tantôt d'une lassitude déconcertante, tantôt un enchaînement de phases d'action, le jeu se laisse facilement submerger par un manque cruel de dynamisme sur la longueur. Les personnages étant constamment en train de discuter, et cela même si vous n'avez déclenché aucun dialogue.
Ajoutez à cela que le titre est exclusivement en anglais, vous aurez beaucoup de de sous-titres à lire. Le jeu est donc très bavard, voire indigeste malgré une seconde moitié qui a le mérite de délivrer des rebondissements bienvenus.
Fort heureusement, le studio, ayant compris les limites de son titre, a su contrebalancer ce manque de rythme en y apportant des ajouts comme précédemment évoqués. Ainsi, le jeu réussit encore plus à innover dans sa proposition en utilisant le background de son univers.
La musique
Rock'n'Roll !
Cette expérience musicale agréable ne s'arrête pas qu'aux sessions de concert parsemées tout au long de l'aventure. En effet, en dehors de l'exploration, chaque chapitre se clôt par une fin de journée autour d'un feu de camp où vous pouvez prendre des nouvelles de vos amis, leur offrir des cadeaux (que vous aurez dénichés dans les chapitres), faire des répétitions musicales, ou composer dans le but de débloquer de nouvelles chansons afin d'étoffer votre répertoire.
Vous avez plusieurs titres disponibles au fur et à mesure, souvent en lien avec l'ambiance des chapitres. Vous commencez avec "We're the Dustborn", titre accrocheur, rythmé, qui ne cache pas une certaine inspiration de groupes tels que The Veronicas, Blink 182, Avril Lavigne, et autres. Une ambiance sonore volontairement inspirée des années 2000, où une certaine liberté des individus se ressentait. Ce que le jeu tente de prôner sans honte. Mais cette ambiance sonore ne s'arrête pas uniquement à cela. En effet, des titres à la consonnance plus "expérimentale" trouvent eux aussi leur place dans ce melting pot musical. De quoi rendre l'expérience complète et chatoyante aux oreilles.
Les pouvoirs
Concert, chasse aux fantômes, et faire face à des tentacules géantes : une journée normale.
C'est à ce moment que le jeu devient une chasse aux fantômes. Muni d'un petit appareil électronique, vous pouvez capturer ces mystérieuses résonances pendant vos explorations. En accumuler un certain nombre permet de débloquer de nouvelles capacités ; des compétences aux multiples usages. Notamment lors de discussions pour, par exemple, arrêter une dispute au sein du groupe d'amis ou calmer des personnes stressées, ainsi que lors de phases de combat. Permettant de prendre le dessus sur les ennemis qui se dressent sur votre route.
Dustborn est aussi une aventure proposant des affrontements. Pour les remporter, le pouvoir des mots de Pax est utile pour asséner de puissantes attaques (repousser les ennemis, les paralyser ou encore les terroriser). Cependant, outre cela, vos compagnons se rallient à vous, vous permettant ainsi de lancer des attaques coordonnées. Alors, bien que ces phases de combat suivent un cahier des charges simpliste qui ne révolutionne rien, cela a le mérite d'apporter un plus non négligeable dans le gameplay. Ajoutez à cela un arbre de compétences à l'arme unique que vous récupérez rapidement et vous avez là un jeu qui, malgré son manque de rythme, est plus diversifié qu'il n'y paraît.
Un travail qui se doit donc être salué pour son envie d'améliorer le genre narratif souvent jugé comme lassant et ainsi tenter de toucher un public plus large. Cependant, même si les idées sont plaisantes à prendre en main dans l'ensemble, Dustborn est victime d'un jugement en lien direct avec son message engagé.
Pour qui ?
Les meilleurs moments entre amis pour se recentrer sur les petites choses de la vie.
Alors oui, le jeu met en avant des personnages LGBTQIA+ ! Oui, il y a des termes inclusifs comme le pronom « iel » utilisé pour un personnage ! Oui, il y a un personnage musulman qui porte le voile et qu'on peut retrouver par moment isolé du groupe pour prier ! Mais, Dustborn n'est pas plus différent d'œuvres déjà existantes. Comme les comics X-Men qui, depuis les années 60, font tout autant preuve d'inclusivité tout en restant encore aujourd'hui des bande dessinées autant plébiscitées.
Dustborn n'est donc pas fait pour tout le monde en matière de genre de jeu mais cela reste une œuvre vidéoludique qui a le mérite d'exister pour ce qu'elle est avec son discours assumé et engagé qui illustre en tout point notre société actuelle, qui met en avant deux camps que tout oppose. Tout en permettant aux joueurs de les encourager à ouvrir les yeux sur les travers de l'être humain, sur l'évolution de notre société et sur l'acceptation des différences.
L'anecdote
Une image vaut mieux qu'un long texte.
Je ne pense pas être la personne qui connait le mieux le sujet, je pense au contraire ne pas saisir toutes les subtilités que cela comprend mais lors de mon expérience avec Dustborn, après avoir côtoyé tous ces personnages aussi différents les uns des autres, il y en a bien un auquel j'ai pu m'identifier dans le regard qu'on peut avoir face à la différence : Théo. Ce dernier est la représentation de ceux tiraillés entre les deux extrêmes opposés. Ce personnage est sans doute celui qui, inconsciemment, a le plus d'importance.
J'ai contrôlé Pax mais c'est au travers des discussions que j'ai eues avec Théo que je me suis rendu compte que le titre tentait, à sa petite échelle, de mettre des mots sur ce qui nous divise. D'abord avec de l'incompréhension de point de vue entre deux individus puis avec de l'empathie sur les ressentiments de chacun et la peur de l'autre. Au travers des pouvoirs des Anomes qui ne sont que les reflets des mots. Les mots font mal, les mots sont des armes pour tous ceux qui refusent de comprendre que vous soyez pour ou contre cette inclusivité.
- Des rebondissements touchants
- Style graphique et mise en scène inspirés des comics
- Des ajouts de gameplay ponctuels bien pensés
- Un sujet d'actualité qui fait réfléchir
- Le côté music band en tournée
- Les rebondissements arrivent hélas tard dans la seconde moitié
- Rythme bâtard
- Certains éléments du scénario ne trouvent pas de conclusion ou d'origine
Malgré un rythme bâtard, causé par une surcharge de dialogues et une lenteur dans l'exploration, Dustborn n'est pas un mauvais jeu. Au contraire, le titre de Red Thread Games, bien qu'étant moyen et n'inventant rien, possède un style graphique et un texte engagé qui en font tout l'intérêt. Évidemment, pour peu que l'on soit ouvert d'esprit et intéressé par la réflexion sur l'acceptation entre individus. Le titre est inclusif mais ne se limite pas à cela, ce qui n'en fait pas un jeu éviter si le genre narratif vous intéresse. Le jeu ne force pas à aimer ou détester quoi que ce soit mais il offre, à son niveau, la possibilité à chacun de comprendre autrui.