Un bel hommage à l'animé ?
C'est en 1978 que débarque pour la première fois l'animé Goldorak à la télévision française. Ce monument marque toute une génération et le début de l'arrivée de la culture populaire japonaise sur notre territoire. Et si maintenant cela fait une bonne vingtaine d'années que l'œuvre de Gō Nagai a été relayée au second plan pour laisser place à d'autres représentants du genre, Dragon Ball Z et Naruto en tête, depuis quelque temps, elle revient sur le devant de la scène. Le manga a récemment intégré le service de SVOD Paramount+ et a même eu le droit à son propre documentaire, à savoir Goldorak Go ! Il ne manquait qu'une seule chose pour redonner les lettres de noblesse à cette œuvre devenue culte : un jeu vidéo ! Voici Goldorak : Le Festin des Loups !
L'histoire
Si Goldorak : Le Festin des Loups fait le choix d'adapter l'un des arcs majeurs de l'animé, à savoir l'épisode 7 qui porte d'ailleurs le même nom, le titre balaye d'un simple revers toute la dimension politique de ce récit pour entrer directement dans le vif du sujet. Et honnêtement, c'est ce que l'on attend d'un beat'em up. On est balancé dans le cockpit de Goldorak, pour d'abord faire face aux forces Véga sur Euphor, puis sur Terre. Et si ces deux premiers décors se ressemblent comme deux gouttes d'eau – étonnant, en sachant que l'on a tout de même changé de planète –, la suite se foule un peu plus pour diversifier la teneur de ses environnements. D'une gigantesque plaine verdoyante qui se situe au pied du mont Fuji, le jeu vous emmène traverser des canyons, visiter Tokyo et même mettre les pieds dans l'eau. Passer d'un niveau à l'autre ne veut toutefois pas dire changer les décors du tout au tout, puisqu'entre les zones – que vous pouvez explorer à votre bon vouloir –, vous retrouverez des textures et des assets communs.
On apprécie la distance d'affichage proposée, certains panoramas plutôt agréables à l'œil et le fait qu'à nos pieds grouillent plein de petits mondes – on peut notamment apercevoir des bolides rouler sur les routes ou encore des bateaux voguer sur les océans –, mais on regrette que Microids et Endroad n'aient pas mis plus d'emphase sur l'immensité de Goldorak. Jamais vous ne ressentez le gigantisme de votre mécha, la faute à une caméra placée à hauteur d'épaule à l'image de n'importe quel autre TPS, mais aussi d'un manque de travail au niveau des dimensions des différents éléments. War of the Monsters par exemple, un jeu sorti sur PS2, ou encore l'affreux Godzilla sur PS3 y arrivent pourtant très bien. Ils s'amusent avec les proportions des bâtiments, des rues, et même ceux des véhicules, à commencer par les hélicoptères qui tournent autour du joueur comme des mouches, pour justement faire ressentir la grandeur des bestioles jouables ; ces dernières prennent à la fois la largeur d'un boulevard et font la taille de quinze étages. Mais pour arriver à un tel résultat, il faut mettre en place une échelle cohérente, humaine, en reconstituant des villes et des villages entiers, ce que Goldorak : Le Festin des Loups ne s'embête jamais à faire. Dans le jeu, les villes ne sont généralement que des blocs posés maladroitement et constituent un décor dans lequel il est impossible d'évoluer.
Le principe
C'est parfois plutôt joli !
Malheureusement, la recette trouve vite ses limites, la faute à une répétitivité certaine. Le titre vous propose de terrasser en boucle les mêmes méchas – comptez un peu moins d'une dizaine de types d'adversaires différents. Pour essayer de compenser ce problème, quelques idées viennent rythmer la progression, comme ces affrontements contre les Golgoths qui incarnent, sans aucun doute, le meilleur segment du jeu. Ces Golgoths – au nombre de six – débarquent avec leur propre pattern et demandent un peu plus de concentration si vous ne voulez pas finir en pièces détachées. Ces duels profitent par la même occasion d'un vrai travail de mise en scène que l'on aurait aimé retrouver dans l'ensemble du jeu.
Pour casser la monotonie des missions sur la terre ferme, la production vous propose aussi de participer à des séquences de shoot'em up en 3D ou en 2D, selon que vous incarnez Actarus ou son frère d'armes, Alcor. Si sur le papier l'idée est bonne, l'exécution est maladroite. Ces phases de jeu sont à la fois trop longues et trop timides. Il n'y a par exemple aucune dynamique lorsque vous contrôlez le vaisseau d'Alcor, et le tout arrive même à être brouillon aux commandes de Goldorak dans les airs ; pour tout vous dire, on a du mal à comprendre si l'on est en train de tirer ou non sur les vaisseaux qui nous font face.
Pour qui ?
Des séquences pas toujours palpitantes.
L'anecdote
Les Golgoths, vrais moments forts du jeu
- Des combats aux intentions didactiques
- Les duels contre les Golgoths
- Une adaptation respectueuse de l'œuvre originale
- Pas trop long, pas trop court : une durée de vie en adéquation avec le genre choisi (comptez 5 ou 6 heures pour faire le 100 %)
- Répétitif dans sa structure et dans l'approche de ses combats
- Les phases de shoot'em up, sans grand intérêt
- Un manque de gigantisme étonnant
- Une fin un peu abrupte
- Des bugs de collision, un framerate parfois à la traîne
Goldorak : Le Festin des Loups manque d'une direction et ne fait pas nécessairement les bons choix artistiques pour représenter la démesure de son héros ; on a alors la curieuse impression d'évoluer sur des maquettes pas toujours très bien ficelées. Le titre reste malgré tout une expérience honnête, respectueuse du matériau d'origine et sait même se montrer plaisant lorsque l'on fait parler les poings. En cherchant la simplicité, Goldorak : Le Festin des Loups retrouve l'essence des premiers beat'em up 3D. Et comme le jeu souhaite avant tout jouer avec la nostalgie des joueurs et des joueuses en ressuscitant une saga disparue, on peut dire que le pari est doublement réussi.