Une enquête qui Poirote !
Microids a une marque de fabrique : faire revivre les licences populaires qui ont marqué leur temps. Après Flashback, Astérix & Obélix et bientôt Goldorak, l'éditeur français s'attaque maintenant à l'un des grands classiques de la littérature britannique : Le Crime de l'Orient-Express. Cette « nouvelle » aventure est-elle à la hauteur de la renommée d'Hercule Poirot ou, au contraire, du cinéma de Kenneth Branagh ? Réponse tout de suite !
L'histoire
Si vous avez déjà lu le roman ou regardé une de ses adaptations cinématographiques, vous allez vous retrouver en terrain connu. Hercule Poirot est convié à rejoindre Londres de toute urgence, et pour s'y rendre, il monte à bord de l'Orient-Express. Mais au cours de la deuxième nuit, M. Ratchett, un riche Américain, est retrouvé mort dans sa chambre. Il a reçu 12 coups de couteau. Il n'en fallait pas plus pour que Hercule Poirot y mette son grain de sel. Mais pour mener cette affaire, il va falloir se mélanger aux différents occupants du train, et c'est là que tout se complique... et pas seulement pour notre cher détective.
Dès l'introduction, Le Crime de l'Orient-Express nous déstabilise par sa bêtise. Il propose aux joueurs et aux joueuses d'assister continuellement à des situations aberrantes et à des discussions sans queue ni tête. On peut par exemple passer un bon quart d'heure à parler de la recette d'un gâteau avec M. Bouc, le meilleur ami d'Hercule, qui n'arrive pas à faire la différence entre une framboise et une fraise. Au détour d'un couloir, on peut aussi entendre ce genre de dialogue qui n'a absolument aucun sens : « J'enseigne au Royaume-Uni. – Oh, c'est en Angleterre n'est-ce pas ? ». Ce ne sont bien évidemment que deux exemples parmi tant d'autres. Plus tard dans l'aventure, on découvre aussi que l'un de nos interlocuteurs ne parle pas un mot de français ; pourtant, ce dernier est entièrement doublé dans cette langue. Autrement dit, malgré quelques bien trop courtes fulgurances ici et là, Le Crime de l'Orient-Express est mal écrit, ce qui a le don de casser constamment l'immersion.
Le principe
Hercule Poirot fait fonctionner ses petites cellules grises.
Heureusement, de petits casse-têtes plus élaborés viennent ponctuer le récit. Microids a eu la bonne idée de casser la monotonie des déambulations dans l'Orient-Express en nous proposant de partager le point de vue d'un personnage inédit, Johanna Locke, une enquêtrice qui se retrouve malgré elle à marcher dans les pas de M. Ratchett avant même que celui-ci se fasse assassiner. Ces événements, qui se déroulent bien évidemment dans des environnements différents, permettent de proposer des casse-têtes plus originaux et directement intégrés au récit ; entendez par là qu'il n'est pas nécessaire de passer par un menu rempli de vignettes pour les résoudre. Il faudra par exemple désamorcer une bombe, remettre le courant dans un bunker abandonné ou encore recouper tous les indices en collant des photos sur un mur. Cette proposition rattrape un peu le tir, et nous fait même regretter le fait que Microids n'ait pas choisi de nous mettre totalement aux commandes de ce nouveau personnage.
Ce qui est drôle, c'est que Le Crime de l'Orient-Express s'en sort également mieux en termes de visuel lorsque nous suivons les péripéties de Johanna Locke. Les tapisseries aux textures hideuses et les personnages mal animés de l'Orient-Express laissent en effet place à des décors plus recherchés, comme ce passage qui se déroule en pleine nuit dans une cabane en bois : Johanna Locke se déplace alors lampe de poche à la main, ce qui donne lieu à de jolis plans et à un vrai travail de mise en scène. À croire que deux équipes complètement différentes ont travaillé sur ce même projet.
Pour qui ?
Johanna Locke, un personnage plus réussi sur tous les plans.
L'anecdote
Une dernière partie qui vaut le coup d'œil.
- Découvrir le point de vue de Johanna Locke, un personnage inédit et bien amené
- La dernière ligne droite, vraiment au-dessus du lot
- Parfois très drôle...
- ... Malgré lui
- Des dialogues lunaires
- Des situations improbables
- Un style visuel sans charme
- Des animations plus que rigides
Drôle malgré lui, Agatha Christie – Le Crime de l'Orient-Express peut vous procurer de francs moments de rigolade, ou au contraire vous horripiler par sa bêtise constante. Entre des dialogues absolument lunaires, des animations cassées et des situations abracadabrantes, cette énième adaptation du grand classique de la littérature anglaise a bien du mal à rendre honneur au roman dont il s'inspire. Reste que l'on a envie de savoir comment Hercule Poirot se tirera de ce bourbier, même quand on connaît déjà les conclusions de l'enquête.