Test | Kuon : chronique d'une mort annoncée
24 nov. 2005

Testé par sur
Kuon
  • Éditeur Agetec
  • Développeur From Software
  • Sortie initiale Juil. 2005
  • Genres Action, Aventure

Au milieu de la nuit, une jeune fille cherche son chemin, elle est effrayée, seuls les fantômes et de soudaines apparitions l'accompagnent. Autour d'elle il fait sombre, trop sombre, la monochromie des paysages et le brouillard naissant ne lui laissent transparaître que des ombres fuyantes. Tout à coup, un rire de fillette au loin, qui se rapproche, puis s'éloigne, mais pas l'ombre d'une couette à l'horizon, pas même un bruit de pas. Voilà ce que propose Kuon, Survival Horror nous emmenant au Japon de l'an 1000 pour trouver une explication aux disparitions survenues dans notre village natal. Le souffle court et les mains moites, c'est ainsi que nous vous présentons ce petit vent d'air glacial dans un style qui a du mal à se renouveler.

Quand les vers à soie dévorent les hommes

Pour débuter, deux aventures sont disponibles : celle d'Utsuki ou de Sakuya. La première voit sa sœur envoûtée par un chant mystérieux alors qu'elle venait au manoir du maître chercher son père, le sorcier local. La seconde, une religieuse, est venue avec le prêtre et ses confrères disciples du temple local purifier cette demeure où décidemment il se passe d'étranges évènements, mais le groupe se sépare en début de partie et comme Utsuki, elle se rendra compte qu'elle n'est pas si seule que ça. L'esprit malin est si fort en ces lieux qu'il vous en fera perdre vos esprits, l'écran se brouillera et vous perdrez une partie de votre déjà restreint champ de vision, il faudra alors méditer un instant pour retrouver toute votre lucidité. Mais il y a une forme de danger bien palpable qui rôde, laissant des traces de sang ça et là, lorsqu'elle vient croquer les cadavres de villageois jonchant le sol, ce sont les Gaki. Ces démons sans cesse affamés ont pris possession des lieux, et ne pouvant compter que sur votre force physique, vous devrez utiliser la magie pour vous frayer un chemin.

Chateau de cartes

Le résultat d'un incantation.

Utsuki, plutôt faible en combat, utilisera à foison les sorts représentés sous forme de cartes magiques récupérables un peu partout dans le niveau, lui procurant de puissantes attaques ou des incantations. Ainsi vous pourrez toucher vos ennemis à distance grâce à toute sorte de projectiles (flèches, pieux) ou en invoquant les dieux, qui enverront de fidèles serviteurs (loups, araignées). Sa résistance étant quasi nulle, il faudra utiliser avec parcimonie les potions revitalisantes trouvées en chemin et surtout penser à méditer souvent, ce qui lui évitera de sombrer dans la folie. Les cartes de Sakuya auront moins d'impact sur les créatures de la nuit, elle compensera en offrant une meilleur résistance tout au long de l'aventure. Au total une quinzaine de cartes magiques sont disponibles, certaines se ressemblant beaucoup, mais pour vous en rendre compte il faudra terminer entièrement le jeu. Finir le scénario de chacune des deux demoiselles débloquera une troisième histoire, celle de Kuon, celle-ci permettra de tout comprendre et en bonus vous obtiendrez un jeu de Sugoroku, mais impossible d'en révéler davantage sans risque de compromettre le scénario.

Tout est question d'angle

On s'éloigne du sujet

La caméra fixe, règle de base dans ce type de jeu, est souvent mal positionnée. Néanmoins on a la sensation de ne pas être libre de ses mouvements et le résultat est évoquant : on se sent étouffer en de bien nombreuses occasions. Cependant ce défaut porte un préjudice de taille au titre car souvent on s'éloigne de l'action, et implicitement on s'en détache, gâchant par la même occasion le peu d'immersion suscité. Les cadavres tombant du plafond et les mains fantômes qui caressent vos cheveux ont le dont de rendre mal à l'aise et font même sursauter, c'est déjà beaucoup et l'on pourrait dire que le but est atteint, cependant ces moments de stress s'oublient vite au détriment de longues recherches au travers du niveau. Hélas vous rechercherez principalement votre route car même si les lieux se mémorisent très bien on se perd, on tourne en rond et on repasse sans cesse aux mêmes endroits, les allers-retours incessants agacent car même en courant votre personnage se traîne. Evidemment leurs chaussures étant faites exclusivement en bois d'arbre d'époque, on les verrait mal sprinter, mais le fait est que l'on traverse les écrans à la vitesse de la limace tsuo-hin.

Marche dans la lumière

Une main vous frôle, un bruit au loin...

Les graphismes, sans être d'une finesse exceptionnelle, sont agréables et bien rendus. Bien que le jeu se déroule de nuit, les éclairages n'ont pas une grande importance et rares sont les zones de noir total d'où auraient pu surgir les gaki, seule la vision limitée vous posera problème de courts instants. Doté d'une faible et peu utile torche, car les éléments à ramasser émettent un fort scintillement, vous finirez par ne plus explorer méthodiquement chaque endroit visité, au lieu de ça, la plus grosse quête sera de trouver des clefs. Les énigmes présentes au cours de la partie ne donneront pas tant de fil à retordre que ça, mais elles sont la bienvenue et agrémentent le jeu de quelques moments de réflexion. La maniabilité est très intuitive et les personnages ont au moins le mérite de ne pas donner l'impression de tourner sur un axe vertical. La prise en main, guidée au début du jeu, est aussi aisée : deux boutons sont réservés aux combats, un autre pour les interactions, un dernier pour courir et voilà vous serez parfait dans un rôle de jeune fille apeurée.

Les Plus
  • Bonne idée d'avoir mis plusieurs scénarios
  • L'ambiance est étouffante, on se sent vraiment dans un survival horror
  • Un jeu qui en ravira plus d'un est à débloquer
Les Moins
  • Des passages parfois trop longs
  • Trop de bonnes idées peu exploitées
Résultat

Kuon est décidemment un bon jeu, mais tout juste bon et qui n'apporte pas assez de nouveautés au genre, de plus il n'exploite pas les bonnes idées qu'il laisse apparaitre. Prenons par exemple le scénario, tout démarre bien et l'on s'attend à de multiples rebondissements mais les interactions entre les 3 histoires sont quasi inexistantes. La santé peut être régénérée en méditant mais rares sont les fois où l'on sera en réelle difficulté. Il en est de même pour les passages qui vous feront sursauter, pourquoi ne pas en avoir mis plus, cela aurait entretenu l'ambiance malsaine du début et les petits défauts se seraient bien vite envolés. Pour finir ajouter quelques jeux dans le même genre que le Sugoroku pallieraient au problème de durée de vie trop courte. La liste est longue mais ne vous y trompez pas, fans de survival, bien que Kuon ne soit pas un jeu qui vous tiendra en haleine tout un mois, il vous fera passer d'agréables heures. Le son bien fort, avec les voix en japonais s'il vous plait, et la lumière éteinte, vous serez bien vite rejoint par l'atmosphère putride qui se dégage de ce manoir. La note globale est plus que positive pour ce titre qui sans débauche d'effets en tous genres arrive à capter l'attention et tenir éveillé, jusque tard dans la nuit.

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