Test | Hulk, ultime déception
25 oct. 2005

Testé par matthew sur
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The Incredible Hulk : Ultimate Destruction

The Incredible Hulk: Ultimate Destruction est la seconde itération du héros colèrique dans les consoles de salon actuelles. Autant dire que cette version développée par Radical Entertainment et éditée par VU Games montrera le personnage sous son jour le plus sombre, puisque rien ne résiste à son ire dévastatrice, ni les mauvais, ni les innocents. Toute cette violence n'est-elle pas un peu vaine ?

Je suis colère

Le mieux, c'est de s'épargner la peine de suivre le scénario de Hulk : Ultimate Destruction. Il suffit d'avoir une vague idée de ce qui amène Bruce Banner à tutoyer le géant amateur de maïs pour comprendre le principe. Un homme qui se transforme en force de la nature à tire-larigot, ça en rend certains jaloux, comme les acolytes Emil Blonsky et le Général Ross qui mettront tout les moyens militaires de leur coté pour arrêter cette créature qui rivalise avec leur virilité. Bref, une suite d'affrontements, où l'un se transforme en gros vert, où l'autre dirige des machines de guerre tout droit sorties de Metal Gear Solid dans des combats d'une violence extrême et bon enfant. Peu importe, ni les concepteurs, ni les joueurs ne sont là pour l'histoire. L'objectif de ce jeu est indiqué dans son titre : voyons voir comment cette destruction ultime s'organise.

La vie d'un incompris

Il faudra apprendre la courtoisie à ce tas de ferraille à coups de tank

Tout comme Spiderman dans les épisodes récents de son jeu sur consoles, Hulk gambade joyeusement d'immeuble en immeuble dans une ville ouverte. C'est au joueur de choisir sa mission en se dirigeant vers des icônes représentant soit des étoiles pour les séquences un poil scénarisées ou des points d'exclamation pour des défis. Les missions se résument souvent à détruire un objectif et à le rapporter au QG de Hulk. Les défis proposent des challenges abracadabrants durant lesquels le joueur a par exemple l'opportunité de sauter de bâtiments en bâtiments sans toucher le sol afin de parcourir la distance la plus grande ou encore de projeter des militaires depuis le sommet d'un immeuble à l'aide d'un pylône pour l'envoyer le plus loin possible, comme dans Yetisports. En fin de compte, on a le sentiment que les game-designers ont opéré la distinction mission/défi uniquement pour la justification scénaristique. Les défis n'ont pour la plupart aucun sens, tandis que les missions se voilent d'un léger prétexte. En mettant de côté le passage où Hulk s'empare d'un camion et l'enfile comme un poncho pour s'infiltrer dans une base, alors que le reste du temps notre ami irascible n'est pas du genre à s'embêter avec les services de sécurité…

Mission destruction

Hulk of Persia

C'est le ridicule de cette séquence qui permet de comprendre la difficulté qu'ont pu rencontrer les concepteurs lorsqu'il a fallu pondre une cinquantaine de missions : comment inventer des objectifs qui ne se résument pas à tout détruire sur son chemin ? Malheureusement, ce n'est pas Hulk : Ultimate Destruction qui répondra à cette problématique, tant le jeu est répétitif et mal rythmé : les missions s'enchaînent et se ressemblent. La seule évolution permettant de tenir le coup au fur et à mesure de l'aventure réside dans l'acquisition de nouvelles techniques de combat. Très nombreuses et relativement diversifiées, ces prises s'achètent à l'aide de « points de frappe » récupérés lors des combats et de la résolution de missions. Deux mentions spéciales : une pour les moufles que Hulk se tricote en déchirant un véhicule en deux et enfilant chacune des parties sur ses poings ; l'autre pour le surf sur épave, créé en aplatissant un camion et permettant de glisser sur le bitume. Grandiose !

Les dégats des rayons gammas

Les fameuses moufles

Cependant, malgré le panel de coups impressionnant, le gameplay de Hulk se réduit à tout détruire autour de soi jusqu'à ce que l'on se trouve à court d'énergie vitale, auquel cas une course aux « boules gamma » devient nécessaire. On écume alors les rues de la ville ou des plaines désertiques à la recherche de ces recharges, les surfaces verticales ne représentant pas un obstacle véritable : en maintenant la gâchette droite appuyée, le géant enfonce ses pieds sur la façade des immeubles et les gravit sans encombre. Si la sensation de liberté proposée par un déplacement non contraint permet d'éviter la frustration d'obstacles infranchissables, on a plus l'impression de déambuler dans un terrain de jeu à l'échelle de la créature que de semer véritablement la pagaille dans les rues. La modélisation des bâtiments est si grossière que le joueur doit faire un effort d'imagination pour se figurer les buildings. On est loin de la richesse architecturale de GTA qui est pourtant l'inspiration évidente de cette ville ouverte.
Les Plus
  • Le panel de coups
  • Courir sur les murs
Les Moins
  • La courbe de difficulté
  • La répétitivité de l'action
  • La modélisation de la ville
Résultat

De toute évidence, le sujet du jeu Hulk est le même que celui de l'adaptation de King Kong : donner la chance au joueur de ressentir toute la puissance du personnage. La solution adoptée par Michel Ancel est de proposer l'opportunité de vivre alternativement dans la peau d'un humain plongé dans un milieu hostile et dans celle du gorille. Hulk, lui, ne prend sa forme humaine qu'au cours des cinématiques. Si bien que sans point de comparaison on se lasse de la puissance offerte. De plus, afin de proposer un défi à la mesure des capacités du héros, les concepteurs ont cru bon d'ignorer les principes les plus rudimentaires de la courbe de difficulté. On se retrouve ainsi à la fin du jeu complètement désemparé face à des adversaires ridiculement invincibles. Non, ce ne sont pas la liste des coups ni la licence qui pourront pardonner les multiples erreurs du jeu. The Incredible Hulk : Ultimate Destruction reste un triste défouloir.

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