Test | Killer 7
23 août 2005

Faîtes le plein d'assasins

Testé par shadust sur
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Killer 7

Killer 7 partageait les joueurs avant même sa sortie. Son arrivée dans les bacs s'annonçait tendue, entre ceux que l'ambiance laissait de marbre et ceux qui voyaient dans le titre une mini révolution. Les infos distillées au compte goutte n'ont finalement révélé que très peu du scénario et du gameplay. On s'aperçoit dès les premières secondes de prise en main que le titre est encore plus déroutant que prévu et mise clairement tout sur un scénario assez déjanté.

Cocktail molotov

Quand on annonce un titre signé par les deux producteurs de Devil May Cry et des meilleurs Resident Evil, on commence à frémir. Quand en plus on nous apprend que le graphiste et scénariste sera Suda51, artiste japonais à l'univers sombre et glauque, on en devient carrément excité. Mais méfiant aussi. Car on sait d'expérience que ce genre de cocktail peut aboutir sur le meilleur comme le pire. Quand le fruit de cette collaboration nous tombe entre les mains, on respire donc un grand coup et on pose la galette dans notre console.

Welcome to the unreal world Alice

Dan Smith, pas Stan...

Une fois le disque inséré, Killer 7 se propose très vite de vous faire oublier vos convictions sur les jeux vidéo et en fait de vous déconnecter purement et simplement de la réalité. Menus minimalistes rédigés dans une police qui donnerait des sueurs froides au prêtre de l'Exorciste, rires démoniaques validant vos choix et image glauque de pleine lune en guise d'écran de transition. Si l'on ne voit pas encore où tout cela nous mène, un sentiment de malaise commence à nous gagner. Après une rapide intro assez peu compréhensible, le jeu commence. Vous êtes Dan Smith, un grand brun au sourire narquois se trimbalant avec un revolver de taille démesurée sur l'épaule. Les premières scènes se déroulent dans ce qui semble être un immeuble résidentiel, dans le hall principal. Après avoir rapidement jaugé les graphismes, assez moyens compte tenu de leur style plutôt basique, on cherche logiquement à se déplacer, en écrasant le stick directionnel, comme d'habitude. Et on a tort. Car Killer 7 n'aime pas les habitudes.

Bouge ton corps

Quelle foulée

Et c'est le gameplay qui est le premier à subir les foudres des développeurs de Capcom. La liberté de mouvement n'est pas de mise ici. Partant du principe qu'un endroit a une entrée et une (ou plusieurs) sortie, quel est l'intérêt de donner l'impression de la liberté à un joueur qui de toute façon ira, tant bien que mal, de cette entrée à cette sortie? Killer 7 ne propose donc pas au joueur de faire le chemin lui-même, mais tout simplement de lui laisser la liberté d'avancer, de s'arrêter, et de faire demi-tour sur un tracé pré-défini. Une pression sur le bouton A (sur GameCube) et vous avancez dans la pièce. Relâchez, vous vous arrêtez. Bouton B, demi-tour. Encore un petit coup sur le bouton A et c'est repartit. Si ce parti-pris est très déroutant au début, on s'habitue très vite à ne plus avoir à diriger son personnage, et ainsi à ne plus essayer d'esquiver murs et autres obstacles. Une fois la pièce traversée, le joueur décide de la sortie qu'il désire emprunter en indiquant la direction à prendre avec le stick. On s'amuse donc à traverser très rapidement les premières pièces, quand un rire éclate à proximité. Rien en vue, on se remet à courir, et c'est le drame.

Sourire céleste...

Vilain Smile

Une explosion se produit juste devant vous, endommageant sérieusement votre barre de vie. Ceci est votre premier contact avec l'Ennemi. Car Killer 7 est avant tout l'histoire d'un affrontement, celui entre les humains et les Heaven Smiles, créatures démoniaques prétendument envoyées par le paradis pour punir les humains de leurs pêchés. Mais heureusement le Killer 7 est là... Justement, il est temps d'en apprendre un peu plus sur ce qu'est le Killer 7. Après l'attaque dont vous avez fait l'objet, vous retournez sur vos pas, histoire d'être un peu plus attentif aux informations que vous avez laissé derrière vous. Votre principal informateur dans le jeu, tant en terme de gameplay que de scénario est Iwazaru, un fantôme vêtu d'une combinaison de latex sado-maso et ligoté au plafond. Celui-ci apparaît donc à n'importe quel moment pour vous éclairer sur votre mission et vos capacités. Le personnage que vous incarnez, Dan Smith, n'est qu'un des 7 tueurs professionnels connus sous le nom de Killer 7. Chacun de ces tueurs a des compétences et une personnalité propres, et bien sûr une arme de prédilection. Rapidement vous apprenez que le Killer 7 est en fait le fruit de l'esprit d'un seul homme, Harman Smith, tueur schizophrène, et qu'une expérience scientifique a permis de donner une existence physique aux sept personnalités qui le hantent depuis toujours. Le personnage qu'on vous a imposé par défaut, Dan Smith, ne sera donc qu'un des 7 que vous pourrez incarner presque à loisir au cours du jeu. Après avoir assimilé tout ça, on repart, bien décidé à en découdre avec les Smiles.

Des ennemis explosifs

Hmmmm, blood...

On entre dans une pièce, on entend un rire, ce coup-ci on stop, et on passe en vue à la première personne. A priori l'endroit est vide, mais les membres du Killer 7 sont dotés de télégnosie, capacité permettant de scanner un lieu et de faire apparaître les démons. Celui-ci démasqué, on s'aperçoit qu'il s'approche de nous, leur technique de combat étant d'avancer coûte que coûte pour pouvoir se faire sauter le plus près possible de leur proie. Pour l'IA on repassera. Il vous faut cependant les neutraliser avant qu'ils se rapprochent, de préférence en visant leur point faible, matérialisé sur leur corps par un point jaune, et qui vous permet de les tuer en un coup. Si vous réussissez, vous en ferez de la bouillie de démon, vous laissant le plaisir d'aspirer leur sang. Car c'est l'autre but du jeu, vous procurer suffisamment de sang de démon pour vous remettre des attaques ennemies et permettre à votre esprit de ne pas se perdre entre les différentes personnalités. Il en va de votre survie. Malheureusement il arrive que les Smiles soient trop nombreux et que deux ou trois arrivent à se faire exploser sans que vous ayez le temps de vous remettre. Vous voilà donc éparpillé en petits morceaux, la tête pitoyablement conservée dans un sac en papier. C'est là qu'avoir plusieurs personnalités a du bon, car vous pouvez mourir autant de fois que vous le desirez dans Killer 7, tant qu'une seule des personnalités reste en vie : Garcian Smith, le nettoyeur, qui pourra récupérer les restes de ses petits camarades pour les ressusciter. Si Garcian Smith meurt, vous mourrez.

Action schizophrénique

Le snipe, réservé à Kaede Smith

Si la prise en main est assez facilitée par l'absence de liberté de mouvement, les scènes de tir se révèlent, elles, pénibles au début, le stick n'étant pas particulièrement adapté. Vous louperez donc bien souvent votre cible le temps de vous habituer, heureusement que les munitions sont illimitées. En avançant dans le jeu les ennemis seront de plus en plus rapides et menaçants, mettant à mal vos réflexes, puisqu'il faut d'abord passer en vue à la première personne puis scanner la pièce avant de pouvoir tirer... Parallèlement à l'action, des énigmes sont aussi à résoudre pour pouvoir avancer. Chacune des personnalités sera mise à contribution, car elles possèdent toutes des dons qui seront sollicités pour avancer. Même si vous aurez sans doute un personnage de prédilection, vous serez obligé de tous les incarner, parfois même pour que le scénario se tienne. Le sang que vous aurez absorbé après avoir abattu un démon vous sera utile à plus d'un titre : pour regagner de la vie, bien sûr, mais aussi car vous pourrez, dans les points de sauvegarde, troquer le sang accumulé contre des points de compétence que vous pourrez redistribuer aux personnalités de votre choix. Le jeux se dote ainsi d'une dimension supplémentaire, vous forçant à choisir un personnage et donc un style de jeu, ainsi qu'une stratégie plutôt défensive (rapidité, résistance, etc.) ou offensive (acuité, contre-attaques). Cet aspect reste cependant au second plan et n'handicape pas le côté action du titre.
Les Plus
  • L'ambiance unique.
  • La prise en main facilitée lors des deplacements.
  • La possibilité de choisir son personnage préféré parmis les 7 proposés.
Les Moins
  • Les scènes de tir pas évidentes au début.
  • Les graphismes moyens.
Résultat

Difficile de donner un conseil d'achat concernant Killer 7. L'ambiance et les quelques innovations qu'il apporte séduiront certains, et laisseront les autres de glace. Le scénario, le gameplay, sont trop particuliers pour être jugés objectivement. Restent les graphismes assez décevants car leur simplicité aurait dû permettre moins de pixellisation et de bugs d'affichage. Mais pour peu que vous plongiez dans l'univers schizophrénique teinté d'esthétisme manga et agrémenté d'une bonne dose de violence à la japonaise, le titre trouvera assurément bonne place dans votre ludothèque.

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