Test | Divine Divinity
10 nov. 2002

Testé par sur
Divine Divinity

Lorsque Larian Studios commença le développement de Divine Divinity, l'objectif s'annonçait ambitieux. Imaginez un jeu accessible pour les débutants mais suffisamment complexe pour intéresser aussi les purs rôlistes. Réussir un croisement de Baldur's Gate et de Diablo, voilà quelle était leur ambition. Seulement voilà, les copies sont rarement aussi bonnes que l'original, aussi exceptionnel soit-il...

La roue du temps tisse selon son dessin...

Après une longue installation (le jeu tient sur 3 cds et demande 2,5 Go pour une installation complète), vous voilà spectateur d'une vidéo bien alléchante. L'histoire de Divine Divinity nous emmène dans un monde d'Heroic Fantasy où humains côtoient elfes, nains et lézards. Le scénario commence assez classiquement, vous vous réveillez sans beaucoup de souvenirs dans un village de guérisseurs après que l'un d'entre eux vous ait trouvé dans les forêts environnantes. Après quelques petites quêtes locales, votre sortie du village vous fait rencontrer un mage qui vous affirme que vous êtes un désigné et vous fixe rendez-vous dans une auberge avec d'autres désignés, non sans vous sauver la vie au passage.

Un personnage aux talents multiples

Divine Divinity cherchait la simplicité et cela se sent dans l'évolution du personnage. En début de partie, pas de phase de création complexe, juste un choix de classes et de sexe, même si ces classes n'apportent pas de différences majeures quant à la manière de jouer. L'évolution du personnage confirme cette volonté de faire simple, chaque changement de niveau donne cinq points à dépenser dans les caractéristiques et un point à investir dans les compétences. Là, petite surprise, ces compétences sont accessibles à chacune des classes de personnages. Rien d'anormal donc à trouver un guerrier capable de crocheter une serrure ou un voleur invocateur de squelettes. Toujours à l'image du jeu de Blizzard, les objets vous accordent parfois de beaux bonus tant aux caractéristiques qu'aux compétences, quand ce n'est pas un PNJ qui les améliore en récompense d'un service rendu. Dans les faits, le choix de la classe ne sera motiver que par une seule chose : la capacité spéciale innée et propre à la classe que vous souhaitez utiliser (comme le coup tourbillonant des guerriers).

Un monde interactif

Larian a choisi la voie de la classique 2D pour son jeu, et le résultat s'avère suffisant. Le niveau de détails n'atteint pas Baldur's Gate 2, mais les décors que le joueur visite sont soignés et l'ambiance des divers donjons est plutôt convaincante. Le monde de Divine Divinity est grand, très grand, sans pour autant être rempli de phases de téléchargement visible. Ce monde n'est bien sûr pas vide, les villes sont remplies d'habitants ayant tous quelques choses à dire (bien que ce soit souvent la même chose), les casernes sont vraiment remplies de soldats et ne parlons pas des donjons ou de la nature, qui elle aussi possède sa faune propre, comme des serpents, guêpes, araignées et autres loups. C'est pourtant sur le coté interactif du monde que Divine Divinity convainc le plus. Imaginez des champignons que vous pouvez cueillir, des torches que vous pouvez allumer ou des étendues d'eau qui, en plus de refléter le personnage, a aussi une utilité pour certaines quêtes. En effet, Larian a réussi un jeu où vous êtes encouragés à expérimenter le monde qui vous entoure, à mélanger les potions, à manger les aliments que vous trouverez voir à faire un lit de deux bottes de pailles...

Prêt à taux réduit

S'inspirer de classiques est une chose, encore faut-il réussir l'adaptation. Car c'est sur ce point que Divine Divinity trouve son premier défaut. Le jeu met en avant un coté hack and slash qui souffre de la comparaison avec son modèle. Là où Diablo II proposait des combats souvent mémorables, Divine Divinity vous offre des combats contre trois voire quatre adversaires, dont la stratégie d'attaque se révèle souvent limitée. Ainsi, attaquer un camp orc est souvent simple, il suffit d'entrer dans le camp puis de ressortir en sachant que le personnage ne sera suivi que par quelques ennemis... Les combats enclenchés par des scènes scriptées promettent un peu mieux, les monstres sont plus nombreux et encerclent le joueur. Mais là aussi, les combats s'avèrent ennuyeux, quand certains ennemis semblent vous ignorer complètement, quand d'autres se bloquent sur les murs ou quand ils attendent sagement que vous reveniez les affronter. Votre avatar n'est pas mieux loti, car s'il ne faut cliquer qu'une seule fois sur la cible pour que le guerrier l'attaque jusqu'à la mort, le mage ne lancera son sort qu'une fois par clic, et tous ne réagiront pas si l'adversaire vous attaque le premier.

Vive le recyclage

Divine Divinity ne se contente pourtant pas juste de reprendre les idées de ses voisins, quelques bonnes choses apparaissent ici et là. Première de celle ci, la disparition des classiques Town Portal de Diablo II au profit d'un système plus souple. Deux pyramides vous permettent de voyager de l'une à l'autre en vous téléportant. Il devient dès lors simple de laisser une pyramide près d'un lit pour si téléporter si les choses vont mal. Dans le même ordre d'idée, saluons la possibilité d'afficher toutes les potions de l'inventaire en permanence à l'écran ou bien l'affectation très simple d'un raccourci clavier à une arme ou un sort. Par contre, Divine Divinity pêche dans la variété des monstres, ceux-çi se déclinent en plusieurs formats (orc de base ou orc lourd par exemple) et en plusieurs matériaux, mais au final on reste un peu sur sa faim.

Quand la technique s'emmêle

Malheureusement, le jeu n'est pas exempt de défauts techniques. La vue choisie nous place très près de notre personnage, ce qui pose un problème lorsque la zone traversée est fort peuplée, comme un fort. Il devient alors presque impossible de progresser autrement que sur de petites distances sans enclencher de dialogues. Le plus gros problème technique reste toutefois les ralentissements causés par un changement de décors ou par de trop nombreux personnages à l'écran. Et ne parlons pas des ralentissements dus aux coups spéciaux qui donnent parfois l'impression que l'exécution de ceux-ci n'est pas immédiate. Le journal de bord alterne quant à lui bonnes idées et petites faiblesses. Si on apprécie la hiérarchisation des quêtes en quêtes principales et sous quêtes, on regrette que les annotations que l'on peut ajouter à la carte du monde n'apparaissent pas sur la mini carte ou qu'il soit impossible de cliquer sur la carte pour se déplacer. Signalons aussi que le pathfinding du jeu s'avère tout à fait correct.

Et le côté RPG dans tout ca ?

Larian annonce dans le manuel que le jeu sera ce que vous en ferez. Certes, mais la dimension RPG de Divine Divinity est tout de même limitée. Ainsi, les villageois ont quelques menus travaux pour vous, mais ces tâches oscillent entre le nettoyage de donjon et la simple livraison d'une lettre. Alors, certes, les missions plus subtiles changent agréablement mais elles restent peu nombreuses face aux combats que le jeu vous impose presque. Car le jeu est parsemé de scènes scriptées, destinées à faire avancer le scénario et qui se terminent souvent par un combat. Reste à parler des interactions avec les personnages du jeu qui est peut être l'un des aspects les plus correct du jeu. Toutes vos actions ont une influence sur les PNJ qui vous entourent, tentez d'en voler un et il pourra refuser de vous accorder un service. De la même facon, la garde pourrait ne pas apprécier que vous récupériez le matériel sur un cadavre de soldat.
Les Plus
  • Les arbres de compétences qui permettent vraiment de créer sa propre classe
  • Le livre de bord du joueur, complet et drôle à la fois
Les Moins
  • L'IA générale des PNJ, amis ou ennemis
  • Le mode multijoueur annoncé pour l'addon
Résultat

Au final, Divine Divinity déçoit, sa partie RPG se révèle insuffisante pour contenter le fan de Baldur's Gate 2 tandis que sa partie hack and slash propose rarement l'aspect épique de Diablo. Reste un jeu doté d'une bonne durée de vie et qui pourra contenter les joueurs occasionnels ou ceux qui souhaitent s'initier au genre. Les autres retourneront sur Diablo II et ne garderont qu'un qu'un vague souvenir de ce jeu qui n'est même pas sauvé par un mode multijoueur, annoncé dans un futur add-on.

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