Test | Fuel : l'essence même de la platitude
14 juil. 2009

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FUEL
  • Éditeur Codemasters
  • Développeur Asobo
  • Sortie initiale 28 mai 2009
  • Genre Course

Se lancer dans un jeu off-road après les deux Motorstorm et l'excellent Pure : un défi dur à relever. Qu'importe, le studio tricolore Asobo répond présent en proposant un titre à l'univers extrêmement vaste. Avec ses 14 400 kms carrés virtuels, FUEL mise sur l'exploration d'un monde à l'abandon. Une grosse aire de jeu dévastée, 74 véhicules pour la découvrir, des conditions météo évolutives... Une promenade agréable à première vue. Hélas, vous vous rendez vite compte que FUEL ne carbure pas tant que ça. Explications.

A quoi bon être libre?...

Au fil des années, des univers toujours plus gigantesques se sont succédés dans l'industrie vidéoludique, quels que soient les genres. Rockstar a évidemment poussé le concept très loin avec Grand Theft Auto: San Andreas et, dans une moindre mesure, Grand Theft Auto 4. Liberty City, cette reproduction incroyable de New-York, immerge réellement le joueur dans le dernier épisode de la série. Dans ce titre comme dans les Shenmue, l'environnement devient le leitmotiv de l'aventure tellement il la sert avec justesse. Pour faire simple : FUEL est le strict opposé de ce concept. En effet, il est bien beau d'avoir un terrain de jeu colossal mais encore faut-il que cela soit justifié. Le mode free ride tue tout bonnement le concept de liberté. Conduire des heures durant sans but demeure une manière déguisée de cacher la pauvreté du jeu. Les 19 zones à parcourir n'ont pas grand chose à offrir. Une fois que vous aurez erré et découvert divers points de vue, remporté plusieurs défis et récolté divers barils de fuel (la monnaie du jeu) la lassitude s'installe rapidement. Vous rentrez alors dans une routine de gameplay navrante. Les accros des trophées/succès reprennent les mêmes épreuves pendant 50 heures au bas mot pour collectionner les véhicules et objets disponibles. Les autres qui n'ont pas cette passion revendent rapidement leur jeu. De plus, peu d'efforts de mise en scène sont fait pour vous récompenser. Par exemple, les points de vue auraient été davantage mis en valeur si une petite cinématique vous faisait profiter du paysage à chaque découverte. Un peu comme l'angle de caméra dynamique mettant en exergue les tremplins dans Grand Theft Auto 4. Il n'en n'est rien. Heureusement, accumuler de nouveaux engins motorisés permet de gagner en vitesse. Tant mieux car les premiers bolides sont d'une lenteur agonisante.

En panne d'idées ?

Les flèches rouges vous indiquent le droit chemin.

Il y a deux ans, certains trouvaient MotorStorm peu varié en terme de gameplay. Accélérer, freiner, booster, à vous de jongler avec cet équilibre simple voire simpliste. Pure quant à lui joue la carte du spectacle ; de grosses figures vous octroyant plus de boost... Dans les deux cas, l'utilisation judicieuse de boost ou figures relance constamment l'intérêt des courses. Une surchauffe du moteur ou un accident entraînant la perte de précieuses secondes. 2009, FUEL débarque et ne propose rien de plus. Accélérer, parfois freiner : voilà à quoi se résument les courses. A moto ou en quad, le pilote effectue une figure quand vous passez sur une bosse. Mais de votre côté : rien à exécuter car tout est automatique. En fait, le gameplay a comme été vidé de toute substance. Il ne reste rien à faire si ce n'est avancer grâce à votre GPS dans cet océan de vide. La fausse liberté prouve encore une fois ses faiblesses car s'il est tentant de couper à travers champs, vous vous apercevez vite qu'il vaut mieux suivre les flèches indiquées pour s'assurer la victoire. Surtout au niveau de difficulté le plus élevé (3 sont disponibles). Contre-la-montre, courses avec checkpoints, éliminations successives ou bien contre un hélicoptère... Une variété d'épreuves vite ternies par un gameplay molasson au possible. Le rythme n'y est pas et de surcroît la patte graphique est loin d'être sensationnelle.

Un jeu en fuel HD ?

L'IA s'occupe des figures comme une grande.

Même en 720p, le titre édité par Codemasters fait pâle figure face à la concurrence. Si certains décors sont plutôt réussis, le clipping constant, l'animation hâchée et le manque global de finition noircissent le tableau. Les collisions ne sont pas gérées au mieux et vous ragerez sûrement face aux respawn improbables. Ils vous forcent à vous remettre manuellement dans l'axe de la piste à chaque crash. Il est néanmoins appréciable de voir que le jeu bénéficie d'un semblant d'horloge interne ; l'exploration a donc lieu de jour comme de nuit. Plutôt bien vu pour ceux qui aiment vagabonder pendant des heures. Les gros soucis techniques évoqués plus haut ne sont quant à eux pas rattrapés par l'ambiance sonore. Les riffs rock'n'roll, à défaut d'être de mauvais goût, tournent trop vite en boucle. Une bande son totalement impersonelle en somme ; de quoi rager quand on voit le nombre de morceaux rock qui auraient pu coller à l'atmosphère contemplative du jeu. Vous risquez donc de couper tout bonnement la musique pour ne garder que les bruitages même si les bruits des crissements de pneus sont agaçants. La durée de vie, forcément énorme vu les quelques 200 épreuves à relever, est renforcée par la présence d'un mode en ligne qui malheureusement lag pas mal. Un constat très moyen donc...
Les Plus
  • Le cycle jour/nuit
  • La grosse aire de jeu ?
Les Moins
  • La mollesse du gameplay
  • Les énormes soucis techniques
  • La partie sonore, redondante
  • Les maigres sensations de conduite
  • Le multi qui rame
Résultat

La liberté demeure le principal point noir de FUEL comme son plus grand atout. L'immensité de la carte est un cache-misère. Le gameplay reste creux, peu innovant. Les sensations de conduite se montrent fébriles et les faiblesses techniques sont impardonnables. D'autres se laisseront emballer par cet univers très "Madmaxien" et erreront où bon leur semble à la découverte de nouveaux horizons. FUEL : un concept béton ou bidon ? A vous de voir...

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