Test | Crysis : le FPS next-gen
29 janv. 2008

Testé par Floralie sur
Crysis

Voilà probablement le jeu PC le plus attendu de ces derniers mois. Il faut dire que Crytek, connu pour avoir développé l'excellent Far Cry, a beaucoup communiqué sur l'aspect révolutionnaire de son nouveau bébé. La suite n'a été que spéculations techniques : Crysis est-il le plus beau jeu du monde ? Crysis tournera-t-il sur ma machine ? Pourtant, loin d'être une simple vitrine technologique, ce titre au gameplay léché et dynamique revient à des sensations basiques trop souvent laissées pour compte dans les derniers FPS.

Contact

Ils sont là, à moins d'une quinzaine de mètres de moi, gardant la porte d'entrée du baraquement. Le mode camouflage de ma nanosuit me soustrait à leur surveillance. Mais l'énergie qui l'alimente sera bientôt épuisée. Il faut que j'agisse rapidement ! Je descends l'un des deux avec mon silencieux, et avant que l'autre ne puisse réagir, je passe en mode vitesse pour me précipiter dessus. Ce pauvre Coréen ne s'attendait pas à se voir saisi par le cou de ma seule main gauche, boostée par ma super force. J'aurais bien aimé le cuisiner un peu pour savoir où se trouvent les otages, mais déjà un coup de feu retentit. Du haut de son mirador, un sniper a remarqué ma présence et m'aligne avec son fusil de précision. Sa première balle m'a salement amoché, la seconde a eu raison de son compatriote. Activer mon armure ? Utiliser mon super saut pour bondir jusqu'à lui ? Pas le temps d'hésiter : une grenade à fragmentation atterrit aux pieds du sniper et le mirador s'écroule sur le baraquement. Espérons que les otages ne s'y trouvaient pas ! Le vacarme a alerté le reste du camp : les Coréens surgissent de partout. Le temps de me mettre à couvert derrière une caisse de pastèques, et je saisis ma mitraillette. Les balles fusent, les soldats ennemis tombent comme des mouches. Mais... Horreur, je suis à court de munitions ! C'est donc à coup de pastèques que je canarde les derniers survivants, avant d'opter pour un repli stratégique. I'll be back !

Le choix des armes

Un véhicule lancé à pleine vitesse et un lance-missiles forment un couple convaincant.

Ce récit pourrait être celui d'une partie de Crysis. Le nouveau FPS des studios Crytek maintient une pression constante sur le joueur pendant les affrontements. Les soldats affluent de partout, se cachent et vous prennent à revers. Les hélicoptères vous pourchassent et vous canardent, vous forçant à vous mettre à couvert ou à mettre la main sur un lance-missiles salvateur. Il faut apprendre à réagir promptement à tout type de situation et à développer des tactiques d'approches autres que foncer bêtement dans le tas. Pour cela, vous avez du répondant. A commencer par votre arsenal : très classiques en apparence (du fusil d'assaut à la mitraillette en passant par les armes lourdes), les armes que vous transportez peuvent être personnalisées par l'intermédiaire d'un menu escamotable accessible d'un simple clic. Silencieux, visée laser, balles explosives... : les options disponibles permettent d'adapter votre armement à votre style de jeu. La réciproque est aussi valable : vous ne pouvez transporter qu'un nombre d'armes limité, et les munitions étant plutôt rares, il faut parfois faire avec les moyens du bord. Et rivaliser d'ingéniosité : une grenade pourrait très bien éliminer ce groupe de soldats qui vient de vous repérer, mais un simple tir dans le réservoir de la Jeep à proximité d'eux ne permettrait-il pas d'en faire l'économie ?

Une combinaison gagnante

Le mode camouflage permet d'adopter des tactiques d'infiltration.

Les armes sont une chose, mais que seriez-vous sans cette armure futuriste qui est au centre du gameplay de Crysis ? Disposant de quatre fonctions entre lesquelles vous pouvez alterner à volonté (protection, camouflage, force et vitesse), votre nanocombinaison est une seconde peau qui vous sauvera la mise plus d'une fois. Elle fait de vous un super soldat adapté à la survie en milieu hostile, à l'image d'un Predator. Mais elle ne vous rend pas invincible pour autant, car toutes ses fonctions sont alimentées par une source d'énergie unique qui s'épuise vite et régénère plus lentement. Le mode camouflage autorise les approches furtives ; sa consommation en énergie est fonction de l'environnement dans lequel vous évoluez (gourmande en plein jour à découvert, plus économique à l'ombre d'un feuillage). La fonction armure vous accorde une protection provisoire contre les impacts de balle et les chocs divers et variés. Le mode force vous permet de lancer loin, de sauter haut et de causer davantage de dégâts en mêlée. Enfin, la nanocombi possède une fonction vitesse à faire pâlir L'homme Qui Valait Trois Milliards ; ce qui se révèle fort utile dans un jeu où, en permanence sous le feu de l'ennemi, vous devez souvent vous replier.

Interaction maximum

Là vous y êtes allé un peu fort, vous ne croyez pas ?

Afin de mettre en valeur les possibilités de la nanocombi et de rendre le gameplay encore plus jubilatoire, Crysis s'appuie sur un moteur physique extrêmement convaincant. D'abord, une grande partie des objets croisés peuvent être ramassés et manipulés. Et, bien que la forêt soit votre principal terrain de chasse, vous êtes amené à visiter des villages et des camps ennemis qui regorgent d'objets du quotidien. Un simple bout de bois peut tenir lieu d'arme de mêlée, et une poubelle de projectile improvisé. D'autre part, tous les environnements de jeu sont destructibles, dans les limites de la logique et du réalisme : les arbres chutent lourdement sur le sol, les bâtiments s'effondrent, les véhicules explosent dans une magnifique gerbe de feu. A noter que ces derniers peuvent être empruntés, quelle que soit la finalité que vous leur réserviez : parcourir rapidement des distances importantes, foncer dans un bâtiment pour en fragiliser les fondations, ou mitrailler un groupe de soldats ennemis. Il est dommage que l'armement des véhicules manque singulièrement de précision, tout comme ces mitrailleuses sur pied qu'il est possible d'utiliser après s'être débarrassé de leur artilleur. En tout cas, nombreuses sont les interactions possibles avec le décor, dont vous essayez de tirer partie le plus souvent possible à l'image d'un Dark Messiah of Might & Magic.

Un immense terrain de jeu

La rencontre avec les aliens est l'occasion d'utiliser des armes plus exotiques.

Si le moteur physique est pour beaucoup dans le plaisir procuré par Crysis, il est difficile d'en dire autant de son scénario. La campagne solo ne manque pas de dynamisme, mais le contexte vu et revu accumule les lieux communs. En deux mots, vous faites partie d'une escouade de soldats d'élite – vous l'aviez compris – dépêchée sur une île du pacifique récemment envahie par les forces coréennes. Ces dernières y retiennent des archéologues américains qui auraient mis au jour la présence d'une forme de vie extraterrestre. La première moitié du jeu consiste donc à parcourir l'île à la recherche des otages. Vos objectifs successifs sont communiqués par radio et pointés sur une carte de l'île qui vous oriente d'un lieu à l'autre. Vous pouvez néanmoins remplir quelques missions secondaires, et déambuler librement sur les cartes vastes et ouvertes. Par la mer, par la route, par les sous-bois... : comment allez-vous atteindre votre prochaine cible ? La diversité des approches possibles est permise par la quasi-absence de scripts. Ceux-ci font hélas leur retour dans la seconde partie, qui vous confronte de plein fouet à la présence alien. Le jeu devient alors plus linéaire, à la manière d'un Gears of War ou d'un Call of Duty, mais conserve son gameplay nerveux et immersif. La campagne solo de Crysis vaut donc franchement le coup. On en oublierait presque que le jeu propose plusieurs modes multijoueurs, dont l'excellent Power Struggle qui concilie le fun immédiat d'un Counter Strike avec le jeu en équipe d'un Battlefield.

Beau à mourir

Pour un peu, vous auriez presque envie de vous asseoir et de prendre la brise du soir.

Dernier atout de Crysis, qui n'est une surprise pour personne : pour peu que vous disposiez d'une – très – bonne machine, le jeu est une véritable tuerie visuelle. Les développeurs nous avaient déjà gratifié dans Far Cry d'un magnifique paradis tropical ; ici, ils se sont encore surpassés. Les modèles physiques sont superbes, les textures criantes de vérité, et de nombreux effets de lumière et de particules subliment le tout, pour un rendu photoréaliste. Les liquides, notamment, n'ont jamais paru aussi réels : au sortir de l'eau, vous en viendriez presque à essuyer les gouttes sur votre écran. Certaines explosions, comme le crash d'un hélicoptère, provoquent un véritable spectacle pyrotechnique qu'il ne faut pas manquer d'admirer, à moins d'en être la victime. Pour ne rien gâcher, cette richesse visuelle s'accompagne d'une bande-son qui n'est pas en reste : certes les thèmes musicaux aux accents militaires sont plutôt classiques, mais les bruitages sont quant à eux d'une grande qualité. Du bruissement des feuilles qui se plient à votre passage aux cris paniqués des Coréens dont vous venez d'investir l'avant-poste, les développeurs n'ont rien oublié pour vous mettre dans l'ambiance. C'est bien simple : au niveau technique, Crysis est le mètre étalon pour les années à venir, même si l'objectif de ce test était de vous convaincre qu'il n'est pas que cela.
Les Plus
  • Visuellement sublime
  • Une physique excellente
  • Un gameplay nerveux
  • La variété d'approches
Les Moins
  • Très gourmand
  • Quelques petits bugs d'IA
Résultat

Crysis est une expérience intense, et plus novatrice qu'il n'y parait au premier abord. Au-delà de sa plastique admirable, le nouveau jeu de Crytek négocie avec brio un virage qui devrait faire date dans l'histoire des FPS : épuré des scripts qui parasitent la liberté d'action, il trouve son dynamisme à travers l'alliance subtile d'un gameplay fignolé et d'un moteur physique remarquable. La diversité des approches possibles lui confère en outre un potentiel de rejouabilité non négligeable : deux parties de Crysis ne se ressemblent pas, ce qui donne l'envie irrépressible d'échanger avec d'autres joueurs pour partager ses expériences respectives. Et ça, c'est le signe des grands jeux.

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