Test | Super-Bikes : le challenger surprise
13 janv. 2007

Testé par sur
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Super-bikes : Riding Challenge
  • Éditeur Black Bean
  • Développeur LAGO
  • Sortie initiale 3 nov. 2006
  • Genre Course

Les jeux de moto ont la vie dure. Les Riding Spirit ont déçu, Tourist Trophy n'a pas totalement convaincu et MotoGP 2006 sur Xbox 360 est trop fantaisiste pour être apprécié des fans de deux-roues. Reste alors Super-Bikes, jeu sorti de nul part mais pas si anodin qu'il en a l'air. Il est le fruit de l'expérience de Milestone dans les sports mécaniques. Avec son gameplay réaliste et sa progression RPG, ce titre risque bien de voler le podium aux favoris du genre.

Vieux motard que jamais

Super-Bikes n'est pas un jeu de moto de plus. Ceux qui ont échoué à proposer des sensations proches de la réalité, n'ont pas su concilier à la fois les approches sportives et routières, pourtant indissociables. Milestone fait marcher son expérience à la fois dans l'automobile (Screamer, Racing Evoluzione, SCAR) et dans la moto (l'excellent Superbike 2001) pour Super-Bikes. Le jeu se veut le pendant deux-roues de Evolution GT, avec lequel il partage ses modes de jeux et ses compétitions. Mais avant de se lancer dans une saison, il faut passer par le moto-école. Des petites épreuves vous permettent de mieux comprendre les subtilités des engins. Toutefois, les explications manquent de précision et pour le novice, le pilotage semble insurmontable, notamment dès les premières courbes. Cette difficulté d'accès n'est pourtant pas un défaut : il est le résultat de nombreux choix faits pour ne pas entacher le réalisme de l'ensemble. Avec Super-Bikes : Riding Challenge, le joueur entre dans un univers élitiste, où le pilotage demande un apprentissage fastidieux mais où chaque victoire est arrachée héroïquement.

RPG sur deux roues

A fond dans les premières courbes.

Le pilotage n'est toujours pas maîtrisé ? Pas de problème, les courses des modes Carrière et Trophée vont vous permettre d'acquérir le savoir-faire du pilote. La difficulté des courses est progressive : vous commencez votre carrière au plus bas de l'échelle dans une saison débutante. Dans la catégorie Naked, les petites cylindrées sont des mises en bouche avant d'affronter les pilotes dans les catégories Superbike. Faire les courses permet de remporter des points d'expérience. Comme dans un RPG, au fur et à mesure, vous grimpez en niveau et vos compétences augmentent. Vous avez à la fois des compétences de pilotages (accélération, freinage, virage) et des capacités psychologiques. Créer un pilote à votre image est donc possible : libre à vous de choisir entre un provocateur qui harcèle ses adversaires ou un technicien à le recherche de la trajectoire parfaite. En outre, des défis sous forme d'objectifs permettent d'obtenir des compétences supplémentaires. De même, les équipements gagnés (casque, gants, protections) font augmenter une capacité plus qu'une autre. Le mode Trophée ne reprend malheureusement pas ce système : il s'agit ici uniquement de courses, regroupées par marque. Son intérêt est donc beaucoup plus discutable. Ce mode Carrière manque aussi de forme : en effet, un habillage plus soignée aurait permis une meilleure entrée. Mais au delà de son caractère rebutant, il est bien pensé et permet de nombreuses heures de pilotage.

Garage à bikes

Deux Yamaha R1 au coude à coude.

Si Tourist Trophy faisait figure de showroom virtuel, Super-Bikes ne déçoit pas non plus à ce niveau. Il se distingue par son orientation beaucoup plus sportive, ne laissant que des miettes aux routières. Les passionnés peuvent ainsi retrouver les grosses cylindrées telles que la Ducati 999, la Kawazaki Ninja ou la Suzuki GSXR. Ces belles bécanes sont également reproduites à la perfection : le travail apporté à la modélisation est admirable et permet de les reconnaître au premier coup d'oeil. Le réalisme se retrouve également dans les caractéristiques techniques des modèles et surtout dans les bruits propres à chaque moteur. Toutefois, ce souci du détail contraste avec l'ensemble technique. Le moteur graphique est médiocre et peu séduisant. Cette version PS2 fait presque peine à voir, en comparaison d'un Tourist Trophy. Les circuits sont repris de Evolution GT et alternent circuits officiels (Donington, Valence), courses de rues (Berlin, Monaco) et grands espaces (Corse). L'ensemble manque malheureusement de charme et de détails malgré quelques passages bien pensés comme ce village italien typique en pavé. Super-Bikes ne remporte clairement pas le prix du plus beau jeu de l'année. Mais l'intérêt est ailleurs.

L'élitisme revendiqué

Sous la pluie, seuls les meilleurs gagnent.

Dès les premiers tours de roues, le joueur novice constate avec stupeur le chemin qu'il lui reste à faire avant de maîtriser parfaitement chaque moto. Bien entendu, il peut abréger ses souffrances en allant activer toutes les aides qui permettent de réduire, voire de supprimer, toute difficulté. Mais l'intérêt est bien d'apprendre en échouant. Instinctivement, le premier réflexe est bien entendu de freiner de toutes ses forces avant d'aborder un virage. Cette manoeuvre est dangereuse puisque vous risquez de passer par dessus votre guidon. En effet, le jeu dissocie les freins avant et arrière, corsant un peu plus la difficulté. Les premiers virages sont d'ailleurs rageants tant les autres jeux de moto nous ont habitué à des trajectoires irréalistes. Ici, il faut décélérer, puis freiner à la fois de l'arrière et de l'avant, amorcer sa trajectoire, et partir plein gaz en sortie de virage. Progressivement, vous apprenez à doser le freinage pour éviter les dérapages incontrôlées et pour maîtriser votre trajectoire. Sur ce point, la manette PS2 est critiquable. Difficile, en effet, de bien jouer avec la sensibilité du bouton Croix et Carré pour doser accélération et freinage. Certes, il est possible d'utiliser le stick droit, mais cela ne remplacera pas de vraies gâchettes comme sur la manette Xbox. Dans le jeu, le manque de dosage se traduit par des prises de risque, presque forcées. Les trajectoires sont donc rarement parfaites et la chute guette à chaque instant à cause d'une accélération trop prononcée.

Piloter n'est pas un crime

Une petite roue arrière pour le spectacle.

Super-Bikes Riding Challenge tente de pousser le réalisme encore plus loin. Non content de proposer un moteur physique de grande qualité, les développeurs italiens vont jusqu'à séparer le pilote de sa machine. Ainsi, vous ne dirigez pas la moto dans son ensemble, mais uniquement le pilote virtuel. Déroutant au premier abord, ce système se révèle jouissif, une fois maîtrisé. Grâce au stick analogique gauche, vous réglez la position adoptée par le pilote sur sa bécane. En ligne droite, vous répartissez sa charge vers l'avant en maintenant le stick vers le haut pour éviter que la moto se cabre. Au contraire, lors d'un freinage, il faut répartir le poids vers l'arrière pour ne pas passer au dessus du guidon. Là encore, si l'idée est excellente, l'ergonomie laisse à désirer. Il est difficile de jongler à la fois avec la direction (gauche – droite) et la position du pilote (haut – bas). Cela donne parfois quelques ratés, notamment en sortie de courbe où il faut placer le pilote vers l'avant pour ne pas cabrer. Comme pour les freinages, la maîtrise de la position demande du temps et de l'expérience. Il faudra par exemple, bien connaître les différents virages et courbes des circuits ainsi que la puissance et le poids de sa machine. Pour les allergiques, désactiver l'option reste possible, mais ceux-ci loupent une innovation appréciable. Avec un peu d'entraînement, vous pourrez même réaliser roue arrière et roue avant, presque sans difficulté.

Un Road Rash politiquement correct ?

Un circuit encaissé et dangereux.

Une fois les subtilités pleinement maîtrisées, vous pouvez vous lancer sur la piste face aux autres pilotes. Et là, vous tombez de haut. Remporter les courses est une lutte sans merci où souvent celui qui prend le plus de risque gagne. L'intelligence artificielle est impitoyable, notamment dans les courses plus avancées. Milestone a laissé tomber l'effet Tiger qui permettait de revenir quelques secondes en arrière pour renégocié un virage raté. Les autres caractéristiques de SCAR et d'Evolution GT ont été conservés. Ainsi, le pilotage n'est qu'une facette du jeu puisque tout bon pilote devra maîtriser la psychologie. Chaque adversaire possède une barre de résistance. A vous de l'agacer pour faire descendre cette jauge et le mettre KO. Aspiration, multiples touchettes et signes de la main avec Rond sont autant de moyens pour intimider votre adversaire et le déstabiliser quelques secondes. Vos opposants peuvent également vous mettre KO et n'hésiteront pas à être agressifs pour grappiller quelques secondes. Les courses deviennent haletantes et l'immersion est presque totale, même si les coups de latte à la Road Rash sont prohibés. Dommage que le système n'ait pas été poussé jusqu'au bout en proposant par exemple, une liste d'amis et d'ennemis.
Les Plus
  • Enfin du vrai pilotage !
  • L'aspect psychologique bien pensé
  • Nombreuses bécanes disponibles
  • Intense sur la durée
Les Moins
  • Peu abouti techniquement
  • Ergonomie de la manette PS2
  • Temps de chargements
Résultat

Super-Bikes est clairement un des meilleurs jeux de moto de la PS2. Bénéficiant de l'expérience du studio Milestone, le jeu combine un gameplay élitiste et un contenu intéressant sur la durée. Parvenir à maîtriser son gros cube est une récompense qui demande de l'entraînement. L'intelligence artificielle et l'agressivité des pilotes donnent du piquant aux courses. Seul son aspect graphique fait tâche sur ce tableau presque parfait. Mais Super-Bikes ne sera jamais reconnu à sa juste valeur. A la manière d'un Richard Burns Rally, son manque d'exposition médiatique et son élitisme revendiqué lui ferment automatiquement les portes d'une reconnaissance du grand public. Amateurs de grosses cylindrés et fans de sports mécaniques, ne le manquez surtout pas !

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