Test | Tony Hawk mène à bien son Project 8
12 déc. 2006

Testé par sur
Tony Hawk's Project 8

Project 8, un drôle de titre tout de même. Tout d'abord, c'est la huitième itération de la série que livrent Activision et Neversoft. Il y a le eight qui sonne comme skate aussi. Mais ce qui fait de ce Tony Hawk un Project, c'est son gameplay censé retranscrire comme jamais les sensations de la planche à roulettes. La révolution a-t-elle eu lieu ?

Une dernière danse ?

Plus jamais. Vous vous l'êtes promis. Votre planche à roulette, brisée en deux, repose dans le placard de votre chambre et vous avez décidé de vous mettre au sudoku. C'est à peu près aussi addictif que n'importe quel Tony Hawk mais vous vous dites que cela vous rendra plus intelligent. Seulement voilà : vous avez vu les dernières vidéos de Rodney Mullen enchaînant les tricks au ralenti et vous vous êtes renseignés. Ca s'appelle Tony Hawk's Project 8, c'est sur 360 et ce n'est pas une cinématique, c'est le jeu. Claque graphique et animations hypnotiques, le tout sur Club Foot de Kasabian, il n'en fallait pas plus pour titiller votre attention. Renseignements pris, vous êtes au bord du gouffre : les niveaux s'enchaînent sous la forme d'une vaste ville sans temps de chargement, le niveau de difficulté est adapté aux vétérans et le jeu en ligne sur le Live promet. Bref, vous faites une rechute. Pourtant vous avez enchaîné les Tony Hawk comme les tricks, vos pouces répétant leur chorégraphie par cœur, jusqu'à l'écoeurement. La série semblait être dans une impasse. Et pourtant vous y rejouez. Les premières minutes ne cassent pas trois pattes à un skater. Vous reconnaissez la vidéo d'introduction bien sûr, mais une fois dans le jeu, cela ressemble sans équivoque à ce que c'est : un Tony Hawk de plus, des animations réalisées à la motion capture en sus. Mais il est trop tard, une fois entamé, impossible d'arrêter. Et ce n'est qu'après que vous comprenez que c'est pour votre plus grand bien.

Le petit plus qui fait presque la différence

Les tricks au-dessus des passants rapportent plus de points.

Ce qui vous a fait succomber se résume en trois mots : Nail the Trick. Pas de traduction, Clouer la Figure, ça ne le fait pas vraiment. Le Nail the Trick, c'est ce mode au ralenti vu depuis l'E3 où les figures de skate s'exposent dans toute leur grâce. Placement des pieds, physique de la planche, l'image au ralenti et surexposée vous retourne les yeux dans les orbites et ce n'est pas tout : c'est vous qui lancez cette parenthèse aérienne, c'est vous qui contrôlez la planche. Contrairement à ce que vous avez toujours fait, le flip ne s'effectue pas en appuyant sur un bouton et une direction. En Nail the Trick, chacun des sticks analogiques contrôle l'un des pieds, et chacune des directions permet de faire tourner la planche dans un sens différent. L'astuce est de ne donner une impulsion à la planche que si elle est bien perpendiculaire à votre corps, toute dérogation à cette règle vous fera perdre quelque dents, un ou deux neurones et surtout votre combo en cours. Mais du moment que vous donnez des coups au bon moment et qu'il reste quelques mètres entre vous et le sol, c'est le bonheur. Le seul hic vient du fait que cette idée géniale est très peu intégrée dans le jeu. Ceux qui attendent un jeu plus réaliste, plus calme seront déçus. Le jeu est très proche de tous les volets précédents et reprend la plupart des défis : gros scores sur des spots bien précis, combos sur plusieurs gaps, etc. Que les choses soient claires, la qualité des défis n'est pas en cause. Ils sont meilleurs que jamais. L'impression de promesses non tenues est juste décevante au premier abord.

Plancheàroulette.com

Le ralenti devient rapidement indispensable.

La série n'en est pas à ses débuts du jeu en ligne, Project 8 se devait donc d'assurer quand à son offre sur le Live. Le résultat est en demi-teinte, comme un trick impressionnant qui se terminerait sur une réception hasardeuse. Les modes de jeux sont classiques, avec une personnalisation des règles poussée. Au-delà des parties au score et au combo, le célèbre mode graffiti fait son retour, dans lequel les joueurs doivent placer des figures sur un maximum d'éléments du terrain de jeu pour les marquer à leur couleur ; si un adversaire place un combo plus important sur votre territoire, ils remporte le spot qui lui revient. Il est désormais possible de jouer ce mode au nombre d'éléments remportés plutôt qu'avec une limite de temps : fixez-vous un objectif de cinquante et vous verrez combien l'espace de jeu devra être rentabilisé. Au rayon nouveautés vous trouverez le mode "murs", mélange du jeu du Serpent qui a envahit les téléphones portables ces dernières années et de Tron, le film. Vous laissez derrière vous une traînée de couleur formant un mur dans lequel viennent se percuter les adversaires. L'objectif est donc de parcourir un maximum de terrain pour piéger les autres tandis que vous zigzaguez entre leurs murs. Original et efficace. Les amateurs du jeu du pendu regretteront par contre sa disparition en ligne, conservé uniquement en multijoueurs sur une seule console. Ce mode où les adversaires tentent chacun leur tour de battre le score de l'autre aurait fonctionné à merveille avec le Nail the Trick, absent du jeu en réseau. Dommage.
Les Plus
  • Les animations en motion capture
  • "Nail the Trick baby !"
  • Le level design très efficace
  • La quantité d'objectifs à accomplir
Les Moins
  • La révolution n'a pas eu lieu
Résultat

Seul, face à votre skate, le doute vous gagne. D'un côté, les nouvelles sensations que propose le Nail the Trick sont exquises. Malheureusement, Neversoft n'a pas réussi à construire un jeu autour. D'un autre point de vue, votre terrain de jeu vous propose des épreuves vues et revues. Jamais cependant elles n'ont été aussi diversifiées, aussi équilibrées et aussi intéressantes. Ce Tony Hawk's Project 8 est la dernière tentation du skater virtuel qui s'est promis de ne pas rechuter. A peine y goûtez-vous que vous attendez les prochaines parties avec excitation, la main tremblant vers le pad. Oui, malgré les apparences c'est toujours du Tony Hawk, mais c'est aussi le meilleur qui soit. Les animations bluffantes, le level design inspiré et le savoir-faire des concepteurs pour vous donner envie d'aller toujours plus loin sont irrésistibles. Vous n'en sortirez pas grandi, mais après tout peu importe : le jeu vidéo est aussi et surtout affaire de plaisir, et si ce plaisir est dans la répétition, qu'il en soit ainsi. Vivre à fond une expérience à la frontière du mythe de Sisyphe est une expérience en soi. De toutes façons, vous trouverez vous-même vos excuses pour replonger, Tony Hawk's Project 8 aura raison de votre volonté. Reste la question éternelle, qui revient après chacun des volets : que trouvera Neversoft la prochaine fois pour vous faire à nouveau succomber ?

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