Test | This War of Mine : Complete Edition

02 déc. 2018

Parce que la guerre n'est pas que la face reluisante du brave soldat américain qui ramène la victoire à son pays, 11 Bites Studio approche le sujet sous un angle beaucoup moins lumineux. Dans la ville imaginaire de Pogoren, inspiré par le siège de Sarajevo, vous incarnez des civils qui ont décidé d'établir leur camps dans des habitations délabrées par les assauts répétés des factions présentes. En attendant la fin du conflit, il vous faut survivre dans vos nouveaux quartiers. Et toutes les situations proposées dans les différents scénarios vous ramènent à la triste réalité : la guerre. Entre le groupe d'inconnus obligés de s'unir pour survivre ou le père de famille veuf devant gérer sa fille malade, les situations ne prêtent jamais à sourire. Les nombreux échanges entre les protagonistes ou avec les étrangers vous plongent dans cet univers déprimant. Et le style graphique du jeu participe franchement à la sensation de tristesse, pour ne pas dire de morosité, procurée.

This War of Mine : Complete Edition est un mélange de jeu de survie et de jeu de gestion. Vos civils demandent beaucoup d'attention mais ne rechignent jamais à travailler. Le jeu se découpe en deux phases distinctes. La première, de jour, consiste à gérer votre vie dans la maison pendant que le conflit extérieur s'enlise. Après avoir collecté vos premiers matériaux en ayant pris soin de déblayer votre nouveau local d'habitation, vient alors le temps des premières constructions : lit, réchaud de cuisine, poêle à bois, atelier d'outils, collecteur ou purificateur d'eau, etc. Tout un tas d'objets plus nécessaires les uns que les autres dont il vous faut déterminer l'ordre de construction. La nuit, la seconde phase s'enclenche après avoir choisi entre le sommeil, la garde ou l'exploration. Vous prenez le contrôle de l'explorateur et partez à l'aventure dans les quartiers inhospitaliers de la ville. Les matériaux, mais aussi la nourriture et les médicaments sont alors des objets précieux à collecter, d'autant que votre sac n'est pas très grand, contrairement aux dangers extérieurs. Si les premières explorations sont faciles, bien vite votre conscience va être mise à rude épreuve et les choix ne vont pas vous laisser tergiverser.

La fin de votre exploration, que ce soit par votre choix ou par le délai écoulé, sonne le retour à la maison et les conséquences de vos actes tombent. Le manque de nourriture, les maladies, les blessures ou les matériaux manquants pour bâtir un nouvel établi vont gâcher votre courte joie du retour au bercail. La visite d'intrus, le moral qui baisse et vos actes répréhensibles vont vous faire regretter d'être rentré. Car si les besoins physiologiques de vos civils sont à prendre en compte très sérieusement (sommeil, nutrition, maladie ou blessure), ce sont souvent les dépressions et la tristesse ambiante qui viendront couler votre navire. Heureusement, chacun de vos pensionnaires a ses petits défauts et vos excursions sont souvent sources pour trouver des cigarettes ou du café pour réconforter, le temps d'un instant, vos âmes égarées. Les cycles s'enchaînent, vous poussant toujours plus loin dans vos choix et dans vos prises de risques. Malheureusement, d'une partie à l'autre, ces cycles paraissent vite répétitifs, d'autant que le jeu n'est pas très permissif sur l'ordre des constructions.

This War of Mine : Complete Edition est un jeu de survie adulte, qui donne une place prépondérante à la morosité et la dépression. En plus de cette ambiance lourde, il ne permet pas vraiment de choisir votre voie, vous imposant souvent un ordre de construction sans pour autant jamais vous guider. Exigeant, ce jeu l'est spécialement, mais il vous lance cependant dans des aventures prenantes et attachantes.

Les premières parties sont particulièrement difficiles, et il ne faut pas vous attendre à arriver à un terme positif avant d'avoir assimilé suffisamment d'expérience. Mes deux premières parties se sont terminées à un jour d'intervalle, en ayant fait des choix pourtant différents, voire opposés, mais aux conséquences dramatiquement semblables. Sur ma première partie, j'avais choisi d'épargner les habitants non-hostiles, tout en ne les volant pas pour ne pas les laisser mourir sans rien. Après une mort jour 18, je me décidai donc à être beaucoup moins regardant sur la provenance de mes vivres. Pourtant, la mort est venu un jour plutôt après un double suicide et une rencontre nocturne plus que délicate pour mon cuistot. Les voies du jeu vidéo semblent parfois impénétrables !