Test | Sacrifice
16 déc. 2000

Testé par
Sacrifice

Quand on y réfléchit, on n'entend pas parler de Sacrifice depuis si longtemps, mais depuis qu'il a été présenté, c'est clair, il était très attendu ; eh bien le voilà donc pour notre plus grand bonheur, ce jeu quelque peu spécial, mais avec quelques défauts (et pas des moindres), tout de même.

Sacrifice, nous vous en avons déjà parlé en long, en large et en travers. Inutile donc de s'attarder sur un test archi complet qui rabacherait des infos que nous avons déjà données à maintes reprises, si vous manquez d'infos n'hésitez pas à consulter notre preview complète du jeu, qui vous renseignera un peu plus sur les mécanismes du jeu, etc. Lançons tout de suite le jeu. Après un petit temps de chargement, un menu principal, assez superbe s'affiche, avec les options ordinaires. Quelques missions d'entrainement vous apprendront à jouer sous la tutelle d'une petite créature volante du nom de Zyzyx. Là, déjà, le ton est donné : Sacrifice est un jeu qu'on pourrait définir par "bizarre". Non que son concept soit révolutionnaire –- quoique peu fréquent -– mais c'est son design qui frappe. Là où l'on s'attend à des hommes d'apparence ordinaire qui invoquent des créatures connues, il n'en sera rien, et le sorcier que vous incarnerez pendant le didacticiel est à lui seul une bizarrerie. Ca n'est qu'une question de design et, même si au premier abord le jeu sera surprenant, c'est plutôt agréable de voir quelque chose d'original (voire même très original).

Domineee, illoooorum.

...bienvenue dans un monde utopique

Pour ceux qui n'auraient pas essayé la démo –- et vu sa taille j'imagine qu'ils sont nombreux -– le concept du jeu est assez simple mais dévastateur : vous êtes un sorcier capable d'invoquer des créatures dans un nombre limité par le nombre d'âmes que vous avez en votre possession. Certaines créatures ne consomment qu'une âme, mais les plus grosses en consommeront jusqu'à cinq. Si votre créature meurt, son âme (ou "ses âmes") iront flotter au-dessus du cadavre de votre bestiole jusqu'à ce que vous alliez les récupérer en passant à côté. Vous pourrez alors réinvoquer la même créature, ou d'autres, c'est comme vous voulez. De même, quand vous tuez les créatures de vos ennemis, vous pouvez récupérer leurs âmes au prix d'un sort de conversion qui prend un certain temps, et où un petit acolyte ira sacrifier l'âme ennemie sur l'autel de votre dieu. Bien sûr, votre ennemi peut faire exactement de même. Voilà pour le concept global.

Animuuuuus, eliiiil.

Ensuite, vous arrivez, comme ça, dans le jeu, et là, déjà, c'est l'avalanche : "la vache, c'est beau". Ca, pour être beau, c'est beau. Puis vous prenez votre souris et vous commencez à regarder un peu partout, le ciel, les arbres, les collines, les montagnes, bref tout frappe l'œil par la réussite graphique absolue. Les animations sont quant à elles tout aussi superbes et vous ne vous lasserez pas de voir vos créatures partir à l'assaut de l'ennemi ou d'observer les mouvements fluides de votre sorcier. Vos sorts sont pour la plupart très jolis à voir, et les sorts que vous aurez aux niveaux 8 ou 9 sont vraiment particulièrement impressionnants (la tornade, le volcan, etc.). La croûte terrestre se déforme, le vent emporte les unités ennemies, des plantes gigantesques jaillissent du sol pour saisir vos adversaires, des météorites gigantesques s'écrasent sur le sol, c'est clairement très spectaculaire.

Wooooten, nathrackh.

L'écran de sélection des missions -- superbe

Le système d'acquisition des sorts est assez bien foutu et fait qu'en général vous ne jouerez jamais deux sorciers tout à fait pareils. En effet, il y a 5 dieux auxquels vous pouvez prêter allégeance, et ce au début de chaque mission (quoique les choix diminuent au fur et à mesure que vous avancez dans le jeu). Au début de chaque mission vous vous retrouvez avec un sort et une invocation supplémentaires, associés au dieu dont vous avez choisi d'accomplir la tâche. Concrètement, vu qu'il y a une bonne grosse dizaine de missions, vous vous retrouverez au final avec une combinaison de sorts et d'invocations qui se différenciera systématiquement de partie en partie, selon les missions que vous aurez choisies tout au court de la campagne. Intelligent.

Autels et manaliths.

Tout le système de victoire et de défaite dans Sacrifice tourne autour des autels, qui sont en quelque sorte les centres de votre puissance. Si votre autel est "pourri" par un sorcier adverse, et que ce dernier vous tue pendant que ses acolytes sacrifient sur votre autel, vous avez perdu. De même manière vous devrez vous débarrasser de vos adversaires, en sacrifiant une de vos créatures (n'importe laquelle) sur l'autel de votre ennemi, avec le sort "Desecrate". En plus de votre autel, vous devrez construire et si possible protéger des manaliths qui vous fourniront votre mana en permanence, via des petites créatures nommées manahoars qu'il faudra emmener partout avec vous pour que votre mana soit rechargée.

C'est joli tout ça, mais...

Le sacrifice d'une unité ennemie sur votre autel

C'est là qu'apparaît le premier gros point noir du jeu : c'est monotone. En 12 missions environ vous n'aurez quasi jamais rien d'autre à faire que tuer le ou les sorciers d'en face ; parfois il y aura quelques subtilités, comme les empêcher de prendre des manaliths à votre place, ou alors vous serez dénué d'autel, ce qui fait que vous ne devrez pas mourir, etc. Dans l'ensemble, le but de chaque mission se résume à éliminer les sorciers d'en face, et vous avez gagné. Même si les sorciers et leurs créatures changent de mission en mission, qu'ils deviennent plus costauds, un peu plus intelligents et surtout plus agressifs, rien n'y fera, ça restera monotone. Bien vite aussi, vous allez vous rendre compte que la difficulté grimpe de manière exponentielle, de sorte que la deuxième moitié du jeu, ou plutôt – soyons gentils – le troisième tiers est affreusement difficile, voire quasi impossible (sans exagérer).

Sacrifices collectifs.

Bien évidemment, le mode multijoueurs est au rendez-vous, et c'est tant mieux, car c'est plutôt fendard. Vous choisissez votre dieu (et donc vos sorts et invocations), la map, et diverses options ordinaires qu'il n'est pas justifié de préciser ici. Vous aurez ici diverses options de gameplay, qui se résumeront au simple combat à mort, mais aussi à la moisson d'âmes (si nombre d'âmes ennemies collectées = x then victoire), à la domination des manaliths, ou encore simplement au plus grand nombre de victimes. Mis à part ça, aucune différence avec le mode solo, simplement que les sorciers ennemis sont remplacés par des humains. Bien sûr, cela donne lieu à des batailles épiques où les cerveaux s'affrontent, plutôt que les petites stratégies de l'ordinateur qui sont tout de même limitées (bien que l'IA ne soit pas mauvaise du tout).

Make room for the ambassador!

Un champ de bataille parmi d'autres

Là où tout ça pèche, c'est au niveau du gameplay. Comprenons-nous bien : le jeu est excellent, c'est bien foutu, c'est fendard, c'est beau et tout, quasi rien à dire. Quasi, oui, car lors des combats, le jeu passe en mode "bordélique total". Bien sûr, vous ne pourrez pas envoyer toutes vos troupes à l'assaut de l'ennemi, sans réfléchir, car dans la plupart des cas, vous vous ferez correctement laminer. Les combats supposent une disposition plus ou moins intelligente de vos troupes (les archers à distance, l'infanterie rapprochée directement au front, avec un support ailé quelque peu en retrait), mais aussi la participation active des sorts de votre sorcier, d'une part pour soigner vos troupes mais aussi pour affaiblir celles de l'ennemi. Et c'est de là que vient le problème : les combats au corps-à-corps sont tellement fouillis que vous avez du mal à cliquer sur la bonne unité à laquelle envoyer un sort d'attaque. Souvent donc, vous cliquerez pile au mauvais moment et tuerez une de vos unités alors que vous vouliez aider à tuer le gros monstre baveux de l'ennemi…

2 fps.

Bon, 2 fps, c'est exagéré, mais c'est encore un autre point noir du jeu : il faut vraiment un gros PC pour que ça tourne de manière fluide. Détails au maximum, en 800x600, sans FSAA, aucun problème dès lors que vous n'avez pas votre petite armée à l'écran ; en revanche, tournez la caméra vers vos créatures, et immédiatement la différence se fait sentir : la souris avance difficilement, par à-coups, et les mouvements globaux sont plus ou moins entravés par la présence de tous ces petits polygones… Oui, le jeu est superbe, mais ça se sent à l'affichage. Bizarre pourtant, la preview tournait correctement sur un PC modeste. Avec un PC relativement puissant (P3-733 / 256 Mo de RAM / Voodoo5 5500), c'est quand même surprenant de constater à quel point le jeu peut ramer lors de certaines scènes de combat un peu lourdes. C'est d'autant plus énervant que les combats sont fouillis. Vous ferez sans peine l'équation : souris saccadée/imprécise + combats fouillis = défaites en perspective. NB : le test a été fait avec les détails réglés sur "Insane" ("dingue" en anglais), et en les redescendant à "High", voire "Normal" le jeu devient alors parfaitement fluide, et la différence visuelle n'est pas vraiment notable, mais c'est quand même un peu dommage, quelque part.

Humour.

Un manalith

On ne saurait voir un jeu de Shiny Entertainment sans qu'il soit bien fendard, et à cet effet les virulentes discussions entre les cinq dieux, et aussi la séquence des crédits à la fin du jeu, sont tout à fait fendardes. On sera gratifié de citations bien grasses comme "Death is not the answer to everything." – "Yes, torture has its merits!" – "Exactly." ("La mort n'est pas la réponse à tout." – "Oui, la torture a ses mérites!" – "Exactement."), ou encore "Utter control of the universe. Power, fame, chicks." ("L'extrême contrôle de l'univers. Le pouvoir, la célébrité, les gonzesses."), citation prononcée par le gros méchant de l'histoire lors de la séquence de crédits à la fin. Un humour pour une fois réussi et qui ne dissimule pas un gameplay médiocre, comme cela avait pu être le cas dans Messiah par exemple.
Les Plus
  • Le moteur graphique qui tue
  • L'humour de Shiny
  • C'est sanglant c'est fendard c'est bourrin
  • L'originalité du design
Les Moins
  • Ca rame avec les détails graphiques à fond
  • Le chaos absolu lors des combats
  • La difficulté vraiment scandaleuse
Résultat

on peut dire que Sacrifice est un bon jeu, c'est indéniable. Une bouffée d'air frais, d'originalité. Il est de plus livré avec un éditeur de niveaux déjà bien utilisé par certains (cf. le site officiel www.sacrifice.net) pour alimenter les maps solo et multi du jeu, déjà bien fourni en la matière. L'aspect strictement visuel du jeu est irréprochable, superbe, vraiment, on en redemande ; alors au final, on peut résumer tous les défauts du jeu très simplement : trop difficile, moteur graphique parfois un poil exigeant, et combats fouillis. Vous l'imaginez, ces défauts ne sont pas mineurs et gênent parfois beaucoup. Si toutefois ça ne vous rebute pas trop, vous pouvez sans hésiter aller vous procurer Sacrifice qui saura vous tenir longtemps en haleine de part sa difficulté en solo, son fun assuré en multi, et son univers franchement original...

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