Test | Viewtiful Joe Double Trouble, les doigts dans le nez
04 mars 2006

Testé par sur
Viewtiful Joe : Double Trouble
  • Éditeur Nintendo
  • Développeur Capcom
  • Sortie initiale 24 févr. 2006
  • Genres Action, Plateformes

C'est au fond de sa tombe que Capcom a été chercher le genre beat'them all pour le remettre au goût du jour. En mariant baston et plateforme vous obtenez une alchimie stylée dénommée Viewtiful Joe. Après un passage remarqué sur Gamecube et PS2, Joe s'invite sur DS, non sans laisser des marques. Attention : ça va gratter !

Appelez-moi Joe, Viewtiful Joe

Joe, c'est un mec à part. Il détient le pouvoir de se transformer en super héros quand les méchants des films sortent de l'écran pour kidnapper sa petite copine. Du cinéphile néo-métaleux armé d'un pot de pop-corn il passe au héros en collants rouges, la tête engoncée dans un casque à visière tout droit sorti des power-rangers, la classe en plus. Car viewtiful chez Capcom cela veut dire enchaîner baston sur baston, certes, mais en assurant la mise en scène soi-même pour donner toujours plus de panache à ses gestes. Le héros d'aujourd'hui sait travailler son image et il la modifie pour qu'elle corresponde à ses souhaits. Double Trouble place Joe dans un nouveau cadre, une sorte de fête foraine géante où il sera accompagné de sa sœur, d'hommes-mouches et du cousin d'Edward aux mains d'argent. Ne nous en demandez pas plus sur le scénario, nous avons testé le jeu en version japonaise…

La DS poussée jusque dans ses derniers retranchements

Pour les ennemis dans le décor, votre index est votre meilleure arme

Joe est donc passé maître dans le domaine de la manipulation d'images. Fast foward, slow-motion, zoom : tous les moyens sont bons pour lui permettre de castagner avec classe. Visite de la plateforme DS oblige, il a troqué certains de ses special effects pour d'autres plus tactiles. C'est à croire que les gars du Clover Studio n'ont qu'une idée en tête : montrer ce qui se cache derrière l'écran de la DS. Viewtiful Joe Double Trouble ne se contente pas de restituer de façon bluffante les images du jeu sur Gamecube : il invite à les scratcher, à les couper en deux, à les tirer dans tous les sens. Si vous n'avez jamais pratiqué le smurf avec les index, va falloir prendre des cours du soir.

Effets très spéciaux

Séparez l'écran en deux pour accéder à de nouvelles zones

Le principe reste le même qu'avant : en esquivant une attaque de l'adversaire, il est possible de déclencher un effet spécial pour l'achever. Le scratch déverse une foultitude d'objets sur les ennemis lorsque vous grattez l'écran tactile ; le split divise littéralement l'écran en deux, permettant de couper le décor, de le décaler, et ainsi d'accéder à de nouvelles zones ; le slide enfin fait basculer l'écran du haut vers celui du bas, rendant accessible des éléments cachés dans le décor. Simple au premier abord, la conjugaison de ces multiples pouvoirs délirants plonge le joueur dans une frénésie tactile. Attention, passer des boutons et de la croix multidirectionnelle à l'écran est un art dans lequel les moins souples des doigts risquent de peiner. Faites craquer vos articulations, détendez-vous : si la maniabilité peut apparaître quelque peu rebutante au départ, il faut en prendre son parti, se dire que cela fait partie du jeu. Si vous ne savez exactement comment prendre votre DS en main, demandez-vous comment aurait fait Joe. La réponse est simple. Avec style.

Un peu plus de réflexion

L'action est toujours aussi aérienne

En fin de compte le gameplay de Double Trouble change la donne par rapport aux épisodes précédents, et ce du fait de nombreux passages puzzle qui parsèment le jeu. Il s'agit par exemple de rabattre l'écran du dessus vers le bas pour activer une grue magnétique ; de splitter l'écran pour déplacer l'aimant au-dessus d'une carcasse de voiture ; de déplacer à nouveau la grue pour l'amener au dessus d'un compresseur qui libérera une clé. Le système des jackpots dont il faut ralentir le déroulement pour arrêter les chiffres adéquatement est également présent, faisant parfois appel à plusieurs pouvoirs simultanément afin de trouver la bonne combinaison. Les combats requièrent fréquemment une utilisation contextuelle des décors et des effets spéciaux pour être résolus. Le joueur réfléchit plus, se défoule un peu moins. L'action moins directe que dans les épisodes précédents, mais cela renouvelle l'expérience en enrichissant le gameplay d'une déclinaison audacieuse.
Les Plus
  • La réalisation pousse les capacités de la DS vers de nouveaux horizons
  • On est dedans plus que jamais grâce aux nouveaux special effects
  • Dante de Devil May Cry, Léon de Resident evil 4, Joe : Capcom sait créer des héros qui ont la classe
Les Moins
  • La prise en main parfois galère
  • La disparition du pouvoir d'accélaration
Résultat

Viewtiful Joe : Double Trouble est une adaptation exemplaire sur la portable de Nintendo. Réalisation incroyable, effets spéciaux malins, l'ambiance intacte : bref, du tout bon. La prise en main un peu délicate instaure cependant un recul qui trahit légèrement l'expérience de jeu. C'est à ces moments qu'apparaît la particularité du développement de jeu sur DS. Au lieu d'être pensé comme un jeu vidéo quelconque, tel que c'est le cas pour la plupart des jeux sur consoles de salon, le titre s'appuie sur une plateforme très particulière et met ses propriétés en avant. Cela se ressent d'autant plus que le joueur est amené à manipuler l'image en même temps qu'il se débat pour tenir la console et déplacer le héros. Viewtiful Joe est un jeu vidéo qui s'assume en tant que tel et qui ne tente jamais de le faire oublier. On perd en immersion ce que l'on gagne en fun. Après tout, pourquoi pas ?

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