Test | Story of Seasons
03 févr. 2016

Le nom change, pas la qualité

Testé par Rubicant sur
Story of Seasons

Quelques mois après Harvest Moon : La Vallée Perdue débarque sur la 3DS Story of Seasons, simulateur de gestion de ferme dont la ressemblance est troublante. Et pour cause, la série connue sous le nom Bokujô Monotogari a été dépossédée de son nom occidental. Story of Seasons en est l'héritier. Finies les mauvaises herbes poussant dans la vallée, une pousse solide est viable et en train d'éclore.

L'histoire

Fatigué et usé par la vie citadine, vous décidez de changer de vie. Et ça tombe sacrément bien, parce que le Village du Chêne recherche une personne pour reprendre une ferme. Promesse d'une vie plus saine et sans stress dans un endroit chaleureux et bucolique. Une petite ville à la campagne avec son air pur et remplie de gens avenants et charmants. Bref sur le papier c'est le rêve à portée de main. Sauf que patatra ! Tout ce joli tableau n'était qu'un traquenard (sauf le côté chaleureux et bucolique). Le chef de la guilde des agriculteurs vous a choisi parmi d'autres postulants en vous confiant la tâche, ô combien complexe, de relancer le tourisme et l'économie du village, qui est (il faut bien le dire) au point mort. Pas vache pour autant, le responsable de la guilde vous guide jusqu'à la doyenne des fermiers qui vous accueille et vous aide pour vous lancer. Une relation naît ainsi entre vous, ressemblant un peu à celle qu'a Deadpool avec Al, le côté aveugle et malsain en moins.

Avant que ce scénario ne se mette en place, vous devez créer votre avatar. Vous avez le choix du sexe ainsi que de maigres options esthétiques. De ce côté-là Story of Seasons est un peu chiche, mais le cœur du jeu n'est pas là. Avant de vous faire découvrir ce fameux cœur, difficile à atteindre comme ne peut l'être celui d'un artichaut, un petit mot sur la réalisation globale du titre. Les graphismes sont simples et mignons, peut-être un peu trop. Aucune prise de risque pour les développeurs qui auraient pu se mettre à niveau de certaines productions de la 3DS. Pire, Story of Seasons accuse parfois des chutes de framerate alors que la console est loin de donner tout ce qu'elle a dans le ventre. Son genre fait que Story of Seasons n'en pâtit pas trop, mais il vaut mieux que les développeurs retiennent la leçon pour le futur de cette nouvelle franchise.
Les citadins ont l'air de rien, les ruraux ont l'air de la montagne

Le principe

La personnalisation de votre avatar est des plus rudimentaires.

Vous jouez donc un(e) fermièr(e), votre objectif est bien évidemment de développer votre exploitation mais aussi de redonner un coup de fouet à l'économie du village. Avant d'en arriver là, vous devez travailler sans relâche, en commençant par apprendre les bases. La doyenne va vous former à travailler la terre avec, entre autres, l'aménagement des parcelles, les phases de semence et d'arrosage ainsi que la récolte. Votre apprentissage se poursuit avec la gestion des animaux et les différents soins à leur apporter. Enfin, vous découvrez les joies du bricolage et de la création d'objets en tout genre. Avant de développer, il vous faut savoir qu'il y a de nombreuses choses à faire dans Story of Seasons, malheureusement elles se débloquent très lentement. Est-ce pour coller à la réalité du travail colossal à fournir dans une ferme et la patience nécessaire pour bénéficier de ses fruits ? Difficile à dire. Une chose est sûre, au début le jeu est lent et il y a peu de choses à faire. Une certaine répétitivité en découle logiquement même si certaines activités annexes permettent de casser légèrement votre train-train quotidien (des événements saisonniers ou des concours dignes de ceux du Salon de l'Agriculture). Sachez que les 10/15 premières heures de jeu risquent de rebuter mais une fois passé ce cap, Story of Seasons révèle son véritable potentiel.

Dans Story of Seasons chaque action dépense l'endurance de votre personnage. Représentée par des cœurs, cette dernière baisse rapidement, surtout en début de partie. Une fois que vous avez assimilé et planifié au mieux vos actions (et avec l'aide d'objets revigorants), vous trouvez un rythme de croisière. Rythme qu'il faut ajuster au fil des nouvelles activités se débloquant. La planification est le maître mot de ce Story of Seasons. Vous devez gérer vos cultures avec intelligence si vous ne voulez pas perdre de temps et d'argent. Car selon les saisons vous ne cultivez pas les mêmes produits. Et si l'un d'eux n'est pas arrivé à terme ou moissonné/cueilli/ramassé avant la fin de sa saison, la récolte est perdue. Petite nouveauté intéressante les cultures poussent et se récoltent directement par 9, ce qui économise votre endurance. De plus, les différents fruits et légumes n'ont pas la même durée de pousse. Ajoutez à cela le système de l'offre et la demande du marché (nous allons y revenir) et vous commencez à comprendre l'importance de la gestion de votre emploi du temps. Du côté des animaux, rien de bien neuf. Les vaches, les poules et les moutons donnent toujours respectivement du lait, des œufs et de la laine. Cette matière première peut être vendue ou retravaillée pour peu que vous investissiez et agrandissiez votre exploitation avec par exemple une fromagerie, des cuisines et, pourquoi pas, développer une fabrication de produits textiles. En ouvrant, bien sûr, votre propre boutique pour supprimer les intermédiaires et augmenter vos marges.
Être l'agriculteur et le marchand mais sans Karine

Le Principe 2 - Le Retour

2550 boules l'arrosoir ! J'ai mal à mon portefeuille, le prix du cuivre a dû flamber.

En plus des produits traditionnels vous avez la possibilité de créer une grande variété d'objets (meubles, lits, vêtements, bijoux etc.). Ces derniers peuvent être réalisés dans un seul but mercantile, sachez cependant qu'ils permettent aussi de décorer votre maison. Pour développer votre ferme, il vous faudra de l'argent, beaucoup. En début de partie, tout semble hors de portée tellement les prix sont mirobolants. Que ce soit de simples graines, des outils plus performants ou l'ajout d'une annexe sur votre terrain. Mais après quelques heures, le système de marché révèle son potentiel. Tout d'abord local, il devient international. Plusieurs représentants de différents pays se déplacent pour acheter mais aussi proposer leurs propres denrées. Mieux, un calendrier est mis en place donnant la date de leurs venues ainsi que les produits les plus rares et recherchés. De quoi anticiper et planifier vos cultures et élevages. Le système de l'offre et la demande est la clé de voûte pour gagner massivement de l'argent dans Story of Seasons.

Nous voyons d'ici qu'une question vous brûle les lèvres : et la qualité de vie dans tout ça ? Et bien elle est aussi présente ma petite dame (ou mon petit monsieur) ! Enfin si vous le souhaitez car Story of Seasons vous impose le minimum syndical, à vous de faire le reste, de vous sociabiliser. Dans les actions possibles, vous pouvez vadrouiller dans le village ou la campagne environnante. Prendre le temps de rencontrer ses voisins, de se faire des amis et bien sûr de trouver l'âme sœur. Vous avez la possibilité de charmer les personnages du sexe opposé pour fonder une famille. Attention toutefois, ne vous jetez pas sur la ou le premier venu(e), car la vie du village se fait à son rythme. Il se peuple au gré des saisons et certains personnages n'emménagent qu'après plusieurs années. Le panel des prétendants féminins ou masculins a une palette large en termes de caractères, physiques et visions de la vie. Par contre, encore une fois, le système de « drague » ne se cantonne qu'aux cadeaux que vous offrez à l'élu(e) de votre cœur. Une vision incroyablement vénale de l'amour.
Et ça continue encore et encore, c'est que le début d'accord, d'accord

Pour qui ?

La fleur sur le côté indique une possible idylle, quand elle devient rouge vous pouvez conclure.

Les adeptes des épisodes de Harvest Moon par Marvelous vont sûrement être au rendez-vous. Et c'est bien normal car Story of Seasons propose assez de nouveautés comme la personnalisation, de votre ferme ou du village, pour qu'ils y reviennent avec plaisir. Les petits nouveaux peuvent se laisser attirer par certains côtés empruntés aux titres à succès que sont Animal Crossing : Happy Home Designer ou La Nouvelle Maison du Style 2. En effet le côté décoration d'intérieur et création de vêtement (et les défilés qui vont avec) sont mis en avant dans le rayon des nouveautés de ce Story of Seasons. Attention cependant à ne pas oublier qu'il s'agit d'une simulation de gestion de ferme avant tout. Enfin, pour ceux que la difficulté rebute, les développeurs ont rajouté un mode « jeune pousse » qui facilite grandement le début de l'aventure avec une endurance plus conséquente.
Les producteurs du dimanche

L'anecdote

Fritz parle un peu comme j'écris mes tests. Toujours un plaisir à lire et corriger pour les copains.

Si aujourd'hui j'admets volontiers que Story of Seasons est un bon jeu, je ne le pensais pas forcément lors de ma première partie. Le début est réellement rébarbatif et rapidement énervant, un peu comme quand vous souhaitez vous enivrer en enchaînant des Tourtel jusqu'au bout de l'ennui : une vraie torture. Heureusement Story of Seasons évolue et se révèle être un excellent cru. Son évolution malheureusement ne se fait pas au niveau des mentalités (celles des développeurs en tout cas).

Car Story of Seasons se calque, a minima, sur un modèle économique et philosophique où l'argent est roi. Si, de fait, il se rapproche du système capitaliste qui est notre quotidien, j'ai un peu de mal avec les conseils dispensés tout au long de la partie. Les différents personnages vous conseillent de produire exclusivement ce qui vous fait gagner de l'argent au détriment de vos envies. Story of Seasons est un jeu vidéo qui inculque au public (constitué en partie de jeunes joueurs) que le plaisir ou une vocation passe après le pognon. Ben oui, si moi je ne veux être qu'un cuniculteur (éleveur de lapins) parce que j'aime ces animaux, la partie va être beaucoup plus compliquée.

De plus, tous les villageois s'accordent à vous dire qu'une vie saine ainsi que le bonheur s'acquiert grâce à l'amour, le mariage (hétérosexuel exclusivement) et en ayant des enfants. Et l'amour ne s'acquièrent qu'à grands coups de cadeaux comme s'il pouvait s'acheter. Story of Seasons pourrait arborer le slogan Travail Famille Patrie, le côté pétainiste en moins. Même si ce n'est pas une surprise vu que le Japon est, encore aujourd'hui, un pays conservateur. Je trouve triste d'en être encore là en 2016.
Le bonheur est peut-être dans le pré mais sa définition est aux fraises
Les Plus
  • Le nombre d'activités proposées
  • Le côté gestion aux petits oignons
  • Les ajouts (personnalisation, décoration, création) s'imbriquent parfaitement dans le gameplay
  • Une durée de vie énorme
  • Le jeu est intégralement en français
Les Moins
  • Une réalisation aux pâquerettes
  • Les 10/15 premières heures de jeu imbuvable
  • Une vision du bonheur imposée par les développeurs et martelée par les PNJ
  • Une vision vénale de l'amour
Résultat

Malgré une réalisation technique bien en deçà de ce que peut faire la console portable de Big N et un démarrage poussif au possible, Story of Seasons tire son épingle du jeu. Digne héritier des meilleurs épisodes de la série Harvest Moon, les développeurs ont su garder la substantifique moelle de leur œuvre, en y rajoutant des éléments empruntés à des titres phares de Nintendo. En résulte une simulation de gestion de ferme prenante, exigeante et à la durée de vie colossale pour peu que vous vous y investissiez à fond. Story of Seasons est le digne héritier que vous attendiez et devient directement une référence dans son genre.

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