Dans la foulée du bien nommé Aces of the Deep, Mindscape publie en 1995 Silent Hunter, le premier du nom. Fin 1999, les sous-mariniers en herbe accueillent à bras ouverts sa nouvelle fournée, Silent Hunter II. C'est donc tout à fait logiquement qu'aujourd'hui Silent Hunter III fait surface sous nos yeux. Plus beau, plus immersif, plus réaliste, plus fidèle ? Suivez la torpille !
Une parka, un coucher de soleil, et le sous-marinier est heureux.
Un brin d'histoire
Au menu, fruits de mer
Des cadrans en veux tu en voilà.
La croisière s'amuse un peu, s'ennuie souvent
Sans GPS, hors carte point de salut.
Plaisir des yeux et des oreilles
Après tant d'émotions, rien ne vaut une bonne douche.
Une fois qu'on a appris à apprécier le Wagner distillé en boucle par le DJ du sous-marin, la bande son est elle aussi de bonne facture. Mention toute spéciale aux bruitages divers et variés comme les craquements de la coque sous la pression de l'eau lors des changements de profondeur, ainsi que le toujours très stessant ping ! de l'asdic ou du sonar de l'anglais qui nous cherche dans les ténèbres de l'eau glacée qui entoure son île natale.
Seuls les lâches survivent
Gros et désarmé ? On fonce !
Pour ce faire, Silent Hunter III met à notre disposition un carnet de profils de navires, ce qui nous permet en confrontant l'image du périscope et celle de cette référence d'identifier nos contacts. Nationalité et surtout armement de la cible potentielle nous permettent alors de prendre notre décision : on laisse passer ou on attaque ? Là encore, l'expérience prouve que pour survivre, il faut être lâche, et n'attaquer que les navires marchands. Lents, peu ou pas armés et surtout très volumineux (votre score se compte en nombre de tonnes coulées), les gros navires de commerce sont la proie idéale du sous-marin. Tant pis pour l'estime de soi, la survie est à ce prix. Si on ne cherche donc jamais de noises volontairement un bateau de guerre, il est fréquent de s'y confronter lorsqu'on attaque un convoi dont ce sont les très zélés chiens de garde. Et là, c'est une autre histoire. Fini les bateaux poussifs dont les zig-zag prêtent à sourire, les unités de guerres se coordonnent pour quadriller la zone où on a été détecté, y balancent des tonnes d'explosif, et tout ça a une incidence très négative sur notre espérance de vie.Le commandant qui voudra vivre longtemps devra donc s'attaquer aux proies sans défense et de préférence solitaires, et ne pas s'attarder lors de l'attaque d'un convoi, vouloir à tout prix "couler le gros en flammes" étant souvent synonyme de mort.
L'art du torpillage
Ni vu ni connu.
Pour couronner le tout, ces fameuses torpilles sont d'une fiabilité désastreuse et il n'est pas rare de les voir heurter la coque de la cible après une trajectoire amoureusement calculée et ... ne pas exploser. Historique, d'accord, mais surtout frustrant. Surtout qu'on ne dispose que d'une quizaine de ces torpilles, et que les temps de rechargement des tubes sont réalistes. Tout cela concourt à rendre les séquences de combats très denses et dures pour les nerfs.
Quand la mer est plate, on joue du canon
Quand le temps le permet, on organise des activités de plein air.
Pour les mécanos en herbe
Le cercle qu'il vaut mieux éviter !
Une fidélité historique simplifiée
T'es gros, mais t'as perdu !
C'est ainsi que le joueur amateur d'Histoire regrettera certaines limitations de Silent Hunter III comme l'absence des Vaches à lait, ces sous-marins ravitailleurs qui permettaient aux sous-marins d'attaque de se ravitailler en mer. Du coup, une fois toutes nos torpilles épuisées, pas d'autres solutions que celle de rentrer au bercail. Au rayon des lacunes, pas non plus de possibilité d'attaque en groupe des U-Bootes, le fameux Wolfpack. Dommage, car ce fût assez vite la seule alternative possible aux radars et aux fortes escortes des convois alliés. Pas de gestion des mines non plus, alors que semer le trouble en lâchant un chapelet de mines en amont d'un convoi n'a pas son pareil pour le désorganiser et ainsi le rendre plus vulnérable à nos sournoises attaques sous-marines.
Néanmoins, le même joueur amateur d'Histoire sera enchanté de la gestion dans Silent Hunter III de la disponibilité dans le temps de bon nombre d'améliorations technologiques qui changèrent les tactiques employées et le rapport des forces tout au long des six années de guerre. On aura ainsi droit à l'introduction chronologique des différents types d'U-Boote, de torpilles, du fameux schnorkel qui permettait aux U-Boote d'utiliser leurs moteurs diesel en plongée, du radar et du sonar actif. Autant d'éléments qui, au delà du respect la véracité historique, relancent l'intérêt du jeu car le game-play se trouve complètement changé à chaque introduction d'une de ces nouvelles technologies.
- Une simulation dont le réalisme s'avère un atout et non pas un handicap.
- On peut rejouer la fameuse mission du 14 Octobre 1939 où l'U-47 coula le cuirassé Royal Oak au mouillage au mouillage à Scapa Flow.
- Un mode carrière qui permet de jouer avec des technologies en amélioration constante.
- Bloqué en 1024x768, pas d'AA.
- La documentation, en pdf et squelettique, est vraiment trop minimale.
- Quelques bugs avec la compression du temps à des degrés élevés.
Silent Hunter III tente avec un certain brio de plaire à la fois à des hardcore simmers férus d'Histoire, et à des joueurs plus classiques en tête de dépaysement. Si les premiers en feront rapidement un de leurs jeux fétiches, les seconds y passeront quelques agréables heures avant de se lasser de la difficulté et de la répétitivité du jeu. Bien documenté et donc fidèle à la période qu'il modélise, Silent Hunter III est le simulateur de sous-marins de la seconde guerre mondiale. Ceux qui sont insensibles aux petits détails seront gênés par les contraintes historiques, et se retourneront donc vers des jeux plus "arcades". Pour les autres, moins fréquents et plus rarement comblés par la simulation video-ludique, Silent Hunter III est un must.