Test | Republic
29 oct. 2003

Testé par sur
Republic

Cela fait quelques années qu'Elixir Studios nous promet avec Republic: The Revolution la première simulation politique de prise de pouvoir en jeu vidéo. Il est temps de voir si le développeur londonien, dont certains membres ont travaillé sur des titres tels que Homeworld, The Sims, ou encore Black & White, a su concrétiser ses ambitions.

Folklore de l'Est

L'action se situe à Novistrana, un état imaginaire de l'ancien bloc soviétique. Republic: The Revolution nous plonge dans la peau d'un jeune adulte plein d'idéaux et de rêves de pouvoirs. Il est en fait surtout empli d'un légitime ressentiment envers Vasily Karasov, le dictateur actuellement au pouvoir à Novistrana, qui a tué il y a quelques années les parents de notre avatar. Le but du jeu sera donc de renverser Karasov en oeuvrant politiquement dans des villes de plus en plus grandes jusqu'à atteindre la capitale, centre du pouvoir et antre du dictateur. Voilà pour ce qui est du décor, Elixir ne semblant pas avoir concentré ici la plus grande partie de ses efforts.

Lech-Walesa-o-tron

Une once de jeu de rôle

La toute première étape consiste donc à créer son personnage, et cela se fera en répondant à une série de questions dont les réponses détermineront l'idéologie du héros, un peu à la manière de la série des Ultima. Ici, on évoluera entre trois principaux courants, que sont l'influence, la richesse, et la force. Ceux-ci vont déterminer les moyens que l'on emploiera pour atteindre nos objectifs. L'aspect "jeu de rôle" est encore renforcé par la présence de quatre caractéristiques : charisme, position, présence et contrôle. Celles-ci augmenteront au fil du jeu à chaque fois que l'on passera au niveau supérieur. Car oui, il y a des niveaux, et de l'expérience que l'on accumulera à chaque action réussie. Cette pointe de jeu de rôle, même si elle est la bienvenue, reste malgré tout un peu trop légère, et l'on aura bien du mal à remarquer l'impact réel de nos caractéristiques sur le déroulement du jeu.

Train-train activiste

Succombez au charme de Boris le sergent de police

Pour faire triompher ses idéaux et vaincre les factions adverses, notre jeune héros devra sans tarder se mettre à l'ouvrage. Selon son orientation idéologique, il aura à sa disposition diverses actions, allant de la distribution de tracts à la campagne de diffamation, en passant par le discret passage à tabac d'un opposant, s'il se sent d'humeur belliqueuse. Les journées de Republic sont découpées en trois tranches : le matin, l'après-midi, et la nuit. Chaque action occupe une tranche horaire. On se rendra vite compte que trois malheureuses actions par jour ne permettront pas d'aller bien loin. Il sera alors temps de se lancer dans le recrutement de camarades militants. La petite équipe ne pourra cependant qu'en contenir un nombre limité. Le choix de chaque membre devient donc déterminant, et il faudra veiller à composer une faction aux compétences complémentaires. On sera aussi bien avisé de ménager les susceptibilités de chacun car, si la ligne d'actions s'éloigne trop des convictions d'un des collaborateurs, celui-ci pourrait bien décider de prendre la tangente.

Le nerf de la guerre

Le joueur passera la grande majorité de son temps sur cette carte

Chaque matin, on recevra des points d'Influence, de Richesse, et de Force, que l'on devra utiliser pour « financer » les actions de la journée. La quantité de ressources attribuées dépendra de la main-mise de notre faction sur les différents quartiers de la ville. Pour vaincre rapidement, il faudra savoir utiliser intelligemment les actions à notre disposition contre les différents types d'adversaires. Le système utilisé ici est celui du pierre-feuille-ciseau. Ainsi, une action reposant sur l'Influence sera plus efficace contre une cible de type « Richesse », alors qu'une action de Force portera tous ses fruits contre un objectif utilisant l'Influence, et ainsi de suite. D'autre part, une action aura plus de chances de réussir si sa « couleur » correspond à celle du quartier dans lequel elle est utilisée : un quartier reposant sur la Force sera plus réceptif à des actions telles que des passages à tabac.

Visuellement moyen

Pugachev et son riant centre-ville

Un des arguments forts lors des présentations de Republic était son moteur graphique, censé permettre de passer d'une vue d'ensemble de la ville au pot de fleurs sur un balcon en un simple zoom. La désillusion est au rendez-vous, puisque qu'on se retrouve avec une caméra à hauteur des toits d'une ville assez sommairement modélisée, peuplée de rares passants et voitures. Certes, on peut zoomer sur la terrasse d'un café, sur un passant, ou sur une maison, mais le style architectural stalinien omniprésent n'offrira pas au joueur la plus grande des variétés. On passera donc bien plus de temps sur la carte de la ville en 2D, ou l'on peut donner ses ordres, voir les résultats des actions et les différentes statistiques pour chaque quartier, et surtout, où l'on peut accélérer le temps pendant les phases d'inaction.

Une finition toute soviétique

L'écran de gestion de la faction

Pour finir, Republic est affligé d'un certain nombre de défauts qui finiront de dégoûter le joueur. Tout d'abord, les temps de sauvegarde ou de chargement des parties sont relativements longs, allant de 30 secondes à 1 minute. Si on ajoute à ça les moments où l'on attend que l'horloge du jeu tourne, on a vite envie de prendre un livre et de lire pour occuper ces 'temps morts'. Les cinématiques sont elles aussi sources d'agacement : quand elles font de longs travellings sur le bitume à cause du cadrage approximatif, elles montrent en général des événements peu palpitants qui s'étendent en longueur, et surtout impossibles à zapper immédiatement. Toujours au chapitre des détails qui gâchent l'expérience de jeu, Republic se met à saccader dès qu'on passe en vitesse maximum. C'est d'autant plus dommage que c'est avec ce réglage qu'on passera le plus de temps de jeu. Les traductions approximatives du jeu sont aussi source d'incompréhension, rendant assez ésotériques certains objectifs de missions. Enfin, le tutorial proposé pourrait aussi bien ne pas exister. Composé comme un slide-show d'écrans fixes, il se contente de décrire succinctement certaines parties de l'interface.
Les Plus
  • Le concept de base, original
Les Moins
  • La lourdeur de l'ensemble
  • Les temps de chargement trop longs
  • Les mauvaises traductions
  • L'absence de multijoueur
Résultat

Au final, Republic: The Revolution, malgré un concept alléchant, pèche par sa réalisation moyenne et son manque de profondeur. Quitte à aborder le thème de la politique, on aurait souhaité une simulation plus pointue et complète. Elixir Studios se contente ici de nous offrir un gameplay simpliste et répétitif, autour d'un moteur graphique pas si révolutionnaire que ça. Il faudra donc encore attendre avant de pouvoir comploter correctement dans un jeu vidéo.

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