Test | Voyage au Centre de la Terre
13 nov. 2003

Testé par sur
A journey to the center of Earth

S'il est un domaine du jeu vidéo bien pauvre depuis quelques temps déjà, c'est bien celui du jeu d'aventure utilisant le principe du point & click. Effectivement, après l'âge d'or d'il y a quelques années, durant lequel se succédèrent les Monkey Island, Indiana Jones, Sam & Max et autres Grim Fandango sans oublier le mythique Day of the Tentacle, la famine s'installa. Plus rien à se mettre sous la dent, ou presque. Mais oubliées les grosses licences de M. Lucas, ici Frogwares et Micro Applications se sont concentrés sur l'oeuvre d'un des plus grands visionnaires du XIXè siècle en la personne de Jules Verne pour nous fournir un jeu d'aventure classique, qui malheureusement n'exploite pas assez le riche univers dans lequel il est inscrit, qui souffre malheureusement de nombreux petits défauts rendant parfois l'aventure frustrante, voire superflue.

Utiliser tête de singe sur pirate

On retrouve, dans Voyage au Centre de la Terre, quelques sensations du jeu d'aventure d'antan. C'est le retour des personnages dirigés à la troisième personne, des décors statiques, des curseurs polymorphes en fonction des actions réalisables et des inventaires remplis d'objets hétéroclites. Vous dirigez Ariane, jeune photographe-reporter pour le magazine Horizons et on vous a envoyé en mission afin de réaliser un reportage sur l'Islande et ses volcans. C'est au pied de l'un d'eux que l'aventure commence, un appareil photo à la main, et surtout une épave d'hélicoptère fumante à quelques pas. Là, équipée d'une paire de gants, d'un briquet et de votre ordinateur portable, vous allez pourtant vous enfoncer dans l'obscurité de votre seul moyen de vous en sortir : une grotte qui vous mènera dans un endroit où aucun autre homme n'est jamais venu auparavant... du moins en apparence.

Bonjour... et à bientôt

Le Centre de la Terre ne ressemble en rien à ce qu'on a pu apprendre en cours de Sciences Nat' puisque le ciel y est bleu – une sombre histoire de pression –, l'atmosphère respirable, la température modérée et les décors aussi divers et variés qu'en surface. Au fur et a mesure de vos pérégrinations, Ariane prendra des photos des paysages qu'elle traversera et son ordinateur portable lui permettra à la fois de recevoir des mails depuis la surface et servira à référencer tous les documents qu'elle pourra rassembler : lettres, notes, ou encore données encyclopédiques et historiques sur le monde qui l'entoure. L'histoire, bien que ne suivant pas à la lettre l'oeuvre de Jules Verne, est cohérente mais le monde n'est pas assez développé et on regrette que l'interaction avec les quelques 30 – cependant rares – personnages que vous rencontrerez soit limitée à des séries de poignées de questions-réponses, souvent très formelles, n'immergeant pas réellement le joueur dans l'histoire, mais l'aidant plutôt à trouver de la compagnie.

Frustration

Cependant, tout n'est pas rose au Centre de la Terre. Ce qui fit l'essor des point & click il y a quelques années, en plus de l'atmosphère totalement délirante qui animait les mondes dans lesquels le joueur évoluait, était sans doute la facilité de déplacement et l'ergonomie de l'interface. Pour cette dernière, rien à redire, le curseur change de forme en fonction des actions réalisables – aller, utiliser, parler – et il suffit dès lors de cliquer sur la cible. De même, l'inventaire est disponible à l'aide d'un simple clic sur le bouton droit de la souris, et les objets directement utilisables avec l'environnement alentour. Le problème se situe plutôt au niveau des mouvements de notre chère Ariane qui peuvent se résumer ainsi : très frustrants. Le jeu est découpé en écrans statiques successifs, reliés par des chemins accessible par les bords de chacun des écrans, mais il arrive souvent que ces ces chemins soient invisibles, ou que le curseur fasse des siennes. Résultat, on se retrouve bloqués pas mal de temps à chercher ce qu'on aurait bien pu oublier de faire, sans succès. Aussi, il arrive souvent d'avoir à retourner en arrière pour chercher un objet à l'autre bout du monde, ce qui se révèle très vite fastidieux et frustrant.

Enigmatiques énigmes

Évidemment, comme tout jeu d'aventure qui se respecte, Voyage au Centre de la Terre est truffé d'énigmes, allant du simple « utiliser objet 1 sur objet 2 » au problème logique voire littéraire. Souvent, le bon sens suffira, mais il existe des cas où le seul moyen d'arriver à ses fins est de tester toutes les combinaisons possibles, et quand on ajoute à ça que l'énigme en question impose à Ariane de faire de grands déplacements et qu'à la moindre erreur il vous faudra recommencer : de quoi avoir vite la tête qui bouillonne. Cependant, de nombreuses épreuves sont intéressantes, comme la toute première, basée sur un poême et des symbôles à mettre dans l'ordre pour ouvrir une porte, mais le plus souvent, il s'agira de faire des allers-retours entre les personnages et jouer le rôle du coursier, et quand on vous dit que les déplacements sont énervants... De plus, il est possible de finir le jeu de deux façons différentes, mais une des deux fins vous privera de quelques heures de jeu, et du dénouement de l'histoire sans plus d'explication. Une bonne idée, bien qu'une simple reprise, mais encore une fois sous-exploitée.

Mignon tout plein

S'il y a bien quelque chose que l'on ne puisse pas reprocher à Voyage au Centre de la Terre, c'est l'habillage. Tout d'abord, les musiques sont superbes, bien que trop rares puisque n'étant déclenchées que lors d'événements importants. Ensuite, le doublage français est impeccable, et les voix souvent agréables à entendre, ce qui est assez rare pour le signaler. Enfin, du côté graphique, les décors sont de beaux rendus de paysages en 3D, variés, parfois luxuriants comme le parterre de fleurs du village des Géants ou inquiétants comme cette étrange mine de diamants au fin fond de la Terre. Les personnages, quant à eux, sont entièrement modélisés en 3D, que cela soit Ariane ou toutes les rencontres qu'elle pourra faire. Seul petit bémol, leur animation se montre parfois assez crispée, surtout lorsqu'ils ont à se déplacer dans l'environnement qui leur est offert où l'on pourra les voir faire indéfiniment des tours sur eux-mêmes si par hasard ils se retrouvaient bloqués dans un coin.
Les Plus
  • Les décors sont plutôt jolis
  • Les deux fins possibles
  • Un point & click !
Les Moins
  • Les déplacements, souvent fastidieux et pénibles
  • L'univers et le scénario malheureusement survolés
  • Certaines énigmes sont frustrantes
Résultat

Micro Applications a fait le pari de faire revenir un style, presque disparu, sur le devant de la scène. Malheureusement, Voyage au Centre de la Terre n'est pas une franche réussite. En effet, le jeu souffre de nombreuses imperfections, surtout au niveau gameplay, et on se perd souvent dans les décors à chercher comment s'en sortir. Cependant, que les fans du genre se rassurent, Voyage au Centre de la Terre n'est pas pour autant un mauvais jeu, il est juste un peu décevant, surtout que l'utilisation de l'oeuvre de Jules Verne comme support est une bonne initiative mais peut-être pas assez exploitée. Au final, de quoi s'amuser une trentaine d'heures, mais pas beaucoup plus.

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