Dossier | Nintendo 3DS
24 janv. 2011

Le succès garanti ?

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Très décevante car presque dépourvue d'annonces intéressantes, la conférence Nintendo qui s'est déroulée le 19 janvier dernier à Amsterdam fut tout de même l'occasion de faire un point sur la Nintendo 3DS. Mieux que ça même puisque nous avons enfin pu mettre nos mains sur la bête et essayer quelques jeux accompagnant son lancement.

Le point sur la console

Comme nous le disions dans l'introduction, la conférence de presse précédant les sessions de jeu fut plus que chiche en annonces. Présentée par Jonathan Ross et alignant les "célébrités" en tous genres (Yoshinori Ono, Yosuke Hayashi, Yves Guillemot, Satoru Shibata, Shinji Enomoto et Naoya Hatsumi, etc.), elle semblait avoir pour unique but de créer le buzz auprès des médias généralistes. On va donc se contenter de faire un petit point sur les caractéristiques significatives de la machine.

À l'instar de ses ancêtres, la 3DS bénéficie logiquement de deux écrans. Si celui du bas est toujours tactile, la révolution vient cette fois-ci de l'écran supérieur – 10% plus grand que celui de la DSi – nous permettant de jouer aux jeux en 3D sans lunettes ! Avec cette idée sur laquelle la firme planche depuis de nombreuses années, Nintendo risque de se poser en véritable porte-étendard de cette technologie encore coûteuse. À noter que la profondeur de la 3D sera réglable à l'aide d'un slide, quitte même à jouer plutôt en 2D si vous le souhaitez. L'expérience en trois dimension se prolongera en dehors du jeu vidéo à proprement parler. La console possède trois objectifs, un sur la face intérieur et deux sur l'extérieur. Un système qui servira notamment à prendre des photos en 3D, point sur lequel nous reviendrons plus tard. En terme de puissance, la console fait évidemment un véritable bon en avant par rapport à la génération de DS précédente. Néanmoins, difficile de faire une comparaison concrète avec les jeux de salon tant le niveau technique des titres présents variait sensiblement de l'un à l'autre.

Les lignes de la 3DS se révèlent assez similaires aux anciens modèles : la console ne s'appelle pas DS pour rien après tout. Finalement, pour ce qui est de l'ergonomie, nous avons retenu deux choses : l'arrivée d'un joystick au dessus de la croix directionnelle, ainsi que la petitesse des gâchettes. Des éléments sur lesquelles nous reviendrons dans nos retours sur les jeux. Sur le plan de la connectivité et de l'interactivité, la console bénéficiera d'un système intitulé Street Pass lui permettant d'interagir avec d'autres consoles sans même que vous vous en rendiez compte, alors qu'elle est en veille. Imaginez que vous vous baladiez dans la rue et que vous croisiez quelqu'un disposant également d'une Nintendo 3DS : vos deux consoles échangeront des informations. Une fois chez vous, vous pourrez avoir un récapitulatif des gens que vous avez croisé (pseudo, date, etc.), le tout avec leur Mii. Rassurez vous : le système peut être désactiver histoire d'éviter à votre enfant de tomber sur des personnes pas très nettes. D'ailleurs, la console bénéficiera également d'un système de contrôle parental afin que vous soyez sûr que votre bambin ne joue pas à Resident Evil : Revelations sans votre permission, par exemple. Toujours en ce qui concerne la connectivité et les services, Nintendo a annoncé des partenariats avec diverses firmes pour que sa console puisse se connecter en dehors des réseaux Wi-Fi personnels. Pour la France, Meteor (McDonald's) semble être la seul société concernée à l'heure actuelle. La console disposera aussi de logiciels intégrés tels qu'un Nintendo 3DS Sound, Mii Maker (permettant de créer son Mii en prenant une photo – très décevant en réalité) ou encore les surprenants AR Games sur lesquels nous reviendrons à la fin de cet article. Enfin, des programmes (un accord avec Eurosport a par exemple été annoncé) pourront être visionnés sur la console.

Kid Icarus

Le moins que l'on puisse dire, c'est que le retour de Kid Icarus suscite l'enthousiasme. Ce n'est pas étonnant vu que les deux seuls volets de la série sont sortis en 1987 et 1991. Prévu pour cet été, soit une vingtaine d'années après ses ancêtres, Kid Icarus Uprising changera assez radicalement de style. Cette démonstration s'apparentait à un shoot assez basique, sorte de Sin and Punishment simplifié. Nous tirions avec la gâchettes de gauche, nous nous déplacions avec le joystick et nous visions à l'aide du stylet sur l'écran inférieur. Apparemment, le jeu devrait alterner phases aériennes et au sol. Lors de ces dernières, nous nous retrouvions à parcourir des couloirs avec plus ou moins de facilité. En effet, la sensibilité n'était pas assez élevée, ce qui procurait une sensation de lenteur assez désagréable. Gageons que cela sera réglable dans la version finale. Techniquement, le jeu était plutôt joli même si les différents décors paraissaient tout de même assez vides. La 3D était plutôt agressive et on s'imagine assez mal passer plus de trente minutes sans que notre cerveau explose. Néanmoins, difficile de ne pas être impressionner par l'effet de profondeur lié au défilement rapide des décors. En parlant des environnements, le titre manquait globalement d'interactivité et de mise en scène. Pour le coup, on sentait qu'on était sur un jeu destiné à une console portable. Kid Icarus Uprising s'annonce donc prometteur même si, après tout le battage qui a eu lieu autour de lui, on espère qu'il nous offrira un peu plus que ce que nous avons pu en voir.

The Legend of Zelda : Ocarina of Time 3D

The Legend of Zelda : Ocarina of Time... S'il est une production Nintendo qui reste mythique, c'est bien celle-ci. Cette version 3DS semblait plus que prometteuse pour les fans de la saga, mais aussi pour les autres. La gestion de la 3D était tout à fait plaisante et, pour le coup, on devrait pouvoir jouer au jeu sans avoir à faire une pause toutes les 10 minutes. Les textures étaient plutôt jolies et n'étaient pas sans rappeler l'adaptation Gamecube disponible au moment de la sortie de The Wind Waker. Pas de quoi sauter au plafond si on le compare à d'autres jeux plus impressionnants, mais tout de même de quoi être confiant quant à la qualité finale du titre. Surtout que le gameplay et l'interface suivaient sans peine, bien au contraire ! Cette mouture 3DS bénéficiait logiquement de l'apport du stylet mais mettait aussi à contribution l'accéléromètre de la console. Ainsi, il nous fallait bouger la 3DS pour effectuer certaines tâches en vue subjective. Pour le reste, on se retrouvait face à du Zelda classique. Un jeu mythique qui sortira à coup sûr au bon moment pour Nintendo étant donné qu'il devrait à lui seul donner à la console un succès certain auprès des gamers.

Super Monkey Ball 3DS

On pouvait penser que développer un Super Monkey Ball 3DS sur 3DS était une bonne idée. Pour rappelle, le titre demande de déplacer une plate-forme afin de faire atteindre un point d'arrivée à un singe placé dans une boule. Ce premier contact avec le jeu n'a pas était très probant, la faute à son concept. Nous pouvions choisir de jouer ou non avec l'accéléromètre de la console. Seulement voilà, la 3D nécessite d'être bien en face de l'écran et si dans un jeu comme The Legend of Zelda : Ocarina of Time 3D, bouger l'écran n'était pas problématique, cela le devenait avec ce Super Monkey Ball 3DS imposant des mouvements plus nerveux. Ainsi, à peine la partie lancée, nous comprîmes qu'il fallait obligatoirement faire un choix : jouer avec la 3D mais sans l'accéléromètre, ou en 2D en pouvant bouger la console. Un choix qui s'annonce cornélien pour certains et qui met donc en exergue l'un des inconvénients de la 3D sur console portable.

LEGO Star Wars III : The Clone Wars

Chose étonnante aux yeux de certains : LEGO Star Wars III : The Clone Wars était une assez bonne surprise ! Le rendu graphique était plutôt agréable et la 3D était à la fois plaisante et non agressive. Certes, l'effet de profondeur était limité mais le rendu global du jeu était réussi. Typiquement le genre de titres qui devrait nous montrer que la 3D ne peut être qu'un plus, mais un plus sympathique. Pour ce qui est du reste, on retrouvait les mécaniques habituelles de la franchise : sabres laser, assemblage de LEGO et switch entre différents personnages (Yoda, Stormtrooper, etc.) afin de résoudre des énigmes basiques. Une épisode qui manque une nouvelle fois d'originalité mais qui devrait trouver son public sans trop de mal.

Super Street Fighter IV 3D Edition

N'y allons pas par quatre chemins : Super Street Fighter IV 3D Edition (rien que ça) s'annonce comme une véritable claque. Disposant d'un roster de 35 personnages (plus un perso caché ?), il nous a avant tout impressionné sur le plan technique. A peine le jeu lancé, celui-ci nous demandait si nous préférions jouer en mode normal ou dynamique. Si le premier nous permettait de jouer avec la caméra que tout le monde connaît, le mode dynamique plaçait l'angle de vue derrière l'épaule du personnage. Un choix qui privilégiait la 3D en lui donnant une profondeur assez géniale. Un visuel saisissant accentué par des graphismes chatoyant qui rappelaient grandement ceux des moutures de salon. Une sensation probablement due au cell-shading, cache-misère (ou cache-beauté) idéal dans le cas présent. Mais Super Street Fighter IV 3D Edition fut aussi l'occasion d'être rassuré quant-au stick de la 3DS. Plutôt souple, les coups et combos de toutes sortes sortaient sans mal. Un point qui devrait ravir les habitués du genre qui, comme moi, s'efforçaient jusqu'à présent à éviter les jeux de baston sur consoles portables, faute de croix directionnelle et joysticks adéquats. Les autres pourront toujours utiliser l'écran tactile pour sélectionner des combos automatiquement. Détails "amusants" : d'autres journalistes nous ont confié que la 3D les gênait pour jouer. En effet, son utilisation nécessitant d'être bien en face de l'écran, certaines personnes exécutant des quarts de cercles nerveusement pouvait faire bouger la console, ce qui nuisait au rendu de la 3D et à la perception de l'action. On revient donc au problème évoqué pour Super Monkey Ball 3DS. Enfin, le jeu sera compatible avec Street Pass : grâce à un système de figurines, vos personnages se battront contre des joueurs que vous croiserez dans la rue, tout cela sans que vous vous en rendiez compte. Mouais...

Dead or Alive Dimensions

Dead or Alive Dimensions était intéressant dans la mesure où il ne profitait pas du cell-shadding. Par conséquent, le jeu impressionnait plus de part sa fluidité que par ses graphismes, tout de même pas loin du niveau de la version PlayStation 2. La 3D était plutôt agréable car finalement assez simple. Pas d'effets de profondeur incroyables mais un plus qui reste sympathique. Là encore, le jeu ne fatiguait pas les yeux (du moins comparé à d'autres titres). Pour ce qui est du gameplay, le titre de Tecmo semblait reprendre les base de la franchise : nous nous retrouvions avec un jeu mêlant enchaînements et quarts de cercles. Pas de révolution donc, et c'est logique puisque Dead or Alive Dimensions devrait faire office de best of pour les fans. Ainsi, on retrouvait les personnages habituels de la série ainsi que des environnements déjà connus. Un titre qui devrait faire le bonheur des fans, surtout que le dernier volet date tout de même d'il y a cinq ans.

James Noir's Hollywood Crimes

Difficile d'expliquer grand chose sur James Noir's Hollywood Crimes tant la démo de celui-ci fut courte. Edité par Ubisoft, il se focalisera sur la résolution d'énigmes en tout genre, plus de 140 selon l'éditeur français. Le premier casse-tête auquel nous nous sommes essayés consistait à observer une sculpture sous toutes les coutures en bougeant la console, le tout dans le but de deviner un symbole. En revanche, impossible de décrire la deuxième énigme avec précision : la démo s'est interrompue alors que nous nous triturions les méninges. En tout cas, on ne peut pas dire que sur le plan ludique James Noir's Hollywood Crimes semblait palpitant. On espère donc que le reste du jeu suive la route et que le scénario à base d'enquête soit intéressant, sans quoi il ne pèsera certainement pas lourd face à des ténors tels que Professeur Layton.

Asphalt 3D

Le souci d'Asphalt 3D, c'est qu'on sent dès les premières secondes qu'on a affaire à une franchise habituée à sortir sur des téléphones (iPhone/iPad). En effet, on a plus l'impression d'être devant un sous-Burnout qu'autre chose : voiture en sens inverse arrivant au compte-goûte, sauts neuneus, gameplay et système de boost plus que simplistes... Autant dire que le jeu fait bien de sortir à la période du lancement, sans quoi nous n'aurions pas donné cher de sa peau. Surtout que la technique était plus que quelconque et que les graphismes s'apparentaient plus à ceux des premiers jeux de l'ère PSP qu'à une démo graphique.

Pro Evolution Soccer 3DS

Avant de parler de Pro Evolution Soccer 2011 3D, il nous faut brièvement revenir sur la conférence de presse, et plus précisément au moment où Shinji Enomoto et Naoya Hatsumi, producteurs de la franchise, ont fait l'éloge de leur dernier bébé. Par éloge j'entends vanter le réalisme de cette version 3DS. Car oui, vous comprenez bien que la 3D alliée à la caméra derrière le joueur, c'est un peu comme "être dans un stade" et ne plus être devant une retransmission TV. Sauf que si on est bien sur le terrain, on a aussi affaire à un gameplay ne semblant pas réaliste pour un sou : sensation arcade et intelligence artificielle à la rue sont bien parties pour être les maîtres mots du jeu. Pourtant, le jeu s'avérait tout de même plaisant à jouer. Si l'I.A. paraissait à la rue, elle avait le mérite de laisser au joueur le temps de s'amuser, surtout lors des phases offensives. Dans un sens, nous pouvons penser que ce recul de l'aspect simulation profitera à l'amusement. D'autant plus que le jeu s'avérait être une vrai réussite technique. La profondeur de la 3D était assez saisissante et la modélisation des joueur était assez fine pour nous faire oublier la technique des épisodes PlayStation 2. Ainsi, on pouvait admirer des joueurs de l'Inter et du Barça criant de réalisme. Pour revenir à la 3D, cette dernière était accentuée par la caméra, mais aussi par le dynamisme de celle-ci. Ainsi, lorsqu'un joueur effectuait un centre, l'angle de vue suivait le ballon qui filait à toute vitesse dans la surface de réparation. Vraiment cool ! Pro Evolution Soccer 2011 3D est sur la bonne voie pour se démarquer encore un peu plus des origines de la franchise, mais il se révèle au final être l'un de mes coups de cœur de cette présentation.

Réalité augmentée

Abordons maintenant deux choses qui risquent d'avoir une importance de poids dans les ventes de la console : l'appareil photo ainsi que les AR Games. En ce qui concerne l'appareil photo, il permet donc de prendre des photos en 3D à l'aide de trois objectifs. Si la résolution de ces derniers est toujours autant à la traîne (640 x 480 – pour du 300 000 pixels, soit dit en passant), cette possibilité de faire des photos en 3D a de grande chance d'impressionner les plus jeunes ainsi que les non-joueurs. Bien sûr, la possibilité d'ajouter des effets visuels à ses captures est toujours d'actualité. L'autre point important concerne le logiciel de réalité augmentée intitulé AR Games : vous posez une carte sur une table tout en la fixant avec les objectifs de votre console, et un mini-jeu s'enclenche. Celui que nous avons testé était plutôt amusant. Une fois la carte localisée par la 3DS, un paquet cadeau sortait puis s'ouvrait, nous demandant ensuite de tirer sur des cibles en déplaçant la console. Une fois les cibles détruites, un buste de dragon semblait sortir de la table pour nous attaquer. Il nous fallait alors tirer sur les différentes parties de son corps et esquiver ses coups. Impressionnant ! Ce système de réalité augmentée ainsi que l'appareil photo, tous deux alliés à une campagne marketing puissante devrait convaincre bien des gens. Certes, la réalité augmentée n'est pas une nouveauté (on pense principalement à certains jeux Sony), mais il se pourrait bien que Nintendo en fasse quelque chose de sérieux. En tout cas, mes confrères rédacteurs et moi imaginions déjà nos copines et autres personnes non-joueuses s'extasier sur ce genre de fonctionnalités (du moins au début).

Mais au final ça donne quoi la 3DS ?

Qu'à t-on retenu de notre premier contact avec la Nintendo 3DS ? Pas mal de choses à vrai dire. Premièrement, si nous avons été plutôt conquis par la machine, cela ne semblait pas être le cas de tout le monde. Au cinéma comme dans la main, la 3D ne semble pas faire l'unanimité et pas mal de confrères se sont plains d'avoir le cerveau chahuté à la fin des trois heures d'essai. Précisons tout de même que ce n'était pas le cas de votre rédacteur adoré (c'est à dire moi). Au niveau de l'ergonomie, certaines personnes trouvaient les gâchettes un peu trop petites et, chose étonnante, la croix directionnelle semblait véritablement de mauvaise qualité. Aucun doute que le joystick sera à privilégier. Malgré ces quelques réticences émises par certains, on voit mal la console ne pas cartonner auprès du public. Tout d'abord, il faut avouer que la 3D a tout de même son charme et intriguera bon nombre de personnes. Ensuite, je pense qu'il faut bien avoir conscience d'une chose : nombreux sont les possesseurs de DS qui ne se soucient même pas de la concurrence et qui aiment renouveler leur console portable. Ainsi, pour ces gens là, la 3DS sera également synonyme de bon technologique conséquent. La photo 3D ainsi que des applications comme les AR Games semblent également bien parties pour faire office de fers de lance de la campagne marketing qui devrait débuter très tôt, au cours du mois de février. Autant dire qu'avec un line-up de lancement qui s'annonce assez excellent, Nintendo semble avoir mis toutes les cartes de son côté pour faire exploser les ventes de sa console, surtout que l'absence de PSP 2 lui laisse le champ libre.

Enfin, la conférence fut tout de même l'occasion de connaître la date de sortie de la console, le 25 mars, date à marquer d'une pierre blanche pour les fans du Big N. Selon les sites des revendeurs, la 3DS sera disponible pour un montant de 249 euros. Un prix paraissant élevé mais qui reste cohérent au regard de la technologie incorporée, sans compter que les bambins pourront toujours revendre leur ancien modèle (la 3DS bénéficiant d'un système de rétrocompatibilité). Quand je vous dis que Nintendo a pensé à tout...
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