Test | Pro Evolution Soccer 6 : le roi se repose sur ses lauriers
12 janv. 2007

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Pro Evolution Soccer 6
  • Éditeur Konami
  • Développeur Konami
  • Sortie initiale 26 oct. 2006
  • Genre Sport

Comme chaque année, les deux séries de foot PES et FIFA subissent leur mue pour le plus grand plaisir des fans. Pro Evolution Soccer 6 marque la fin d'une période : la série de Konami fait un ultime détour sur la 128 bits de Sony avant d'aller voir ailleurs si l'herbe est plus verte sur nouvelle génération. Pourtant, ce qui aurait pu être un jubilé se transforme en semi-déception. L'ancien messie devenu roi montre quelques signes de fatigue dans ce qui risque d'être l'épisode de trop.

De la samba et des pubs

Le petit jeu de foot dont tout le monde se moquait est devenu grand. Il a désormais les faveurs de la presse, du grand public et même des joueurs professionnels qui n'hésitent pas à afficher leur addiction. Si Pro Evolution Soccer doit tout à la PS2, l'inverse est encore plus vrai. Ce sixième épisode est donc probablement le dernier à planter ses crampons sur la pelouse 128 bits. A chaque nouvel épisode, sa séquence d'introduction : cette année, une ombre jongle sur un air de samba. Surpris, l'amateur de PES se pose des questions : ai-je mis le nouveau jeu de Konami ou FIFA Street 2 ? L'introduction fait même dans le placement de produit en incrustant le logo de Reebok. Ne fuyez pas, la vidéo ne dévoile qu'une partie du nouveau visage de la série : du spectacle certes mais au service d'un réalisme toujours présent.

Ligue Master en club et en sélection

Wayne Rooney au sommet de son art.

En solo, les meilleurs devront (encore) parvenir au sommet de la ligue master. Cette année, le mode phare de la série a connu un léger lifting. Tout d'abord, avant de vous lancez, il est possible de choisir ses préférences : difficulté de jeu, degré de gestion, joueurs de départ, évolution et transferts. Vous commencez votre périple dans les bas-fonds de la division 2, puis vous tentez de grimper jusqu'à la coupe d'Europe. Les plus acharnés débuteront avec les joueurs inconnus, puis achèteront des jeunes pousses prometteuses afin de les faire évoluer. La ligue master ne présente pas de chamboulements majeurs, mais scotchera tout de même les amateurs. Nouveauté de cet épisode, le mode Challenge International est une sorte de mini-ligue master pour les sélections nationales. Ainsi, vous prenez la place de Domenech pour mener l'Équipe de France vers la coupe d'Europe. Avant chaque match, vous devez composer votre équipe : libre à vous de remplacer tous les vieux par des jeunes comme Toulalan ou Mathieu Bodmer. Malheureusement, ce nouveau mode aurait mérité un peu plus de soin pour être véritablement accrocheur. Il reste donc limité en possibilité : pas de condition physique à régler, ni d'évolution des caractéristiques. Enfin, signalons la refonte du mode entraînement. Ce dernier est désormais présenté sous la forme d'un tutorial avec des aides de jeux. Bref, idéal pour bien débuter avant d'attaquer la ligue master ou le challenge international.

Entre potes, c'est mieux !

Sur le lobby, vous pouvez créer des groupes et des tournois.

Grande nouveauté de l'opus précédent sur PS2, le mode en ligne a connu un sérieux lifting. L'année dernière, on lui avait reproché son manque d'interactivité entre les joueurs et son instabilité. Cette année, Konami a fait un effort pour améliorer tous les aspects du mode online. Tout d'abord, il faut souligner l'apparition des groupes où il est possible de configurer des matchs mais aussi des tournois. Pour discuter, il est conseillé d'utiliser un clavier USB que la console reconnaît sans problème. Seul défaut, l'ergonomie du menu n'a pas réellement changé et donne l'impression d'être perdu à chaque nouveau sous-menu. Les adversaires sont plus nombreux car il est désormais possible de jouer avec les joueurs PC. En jeu, les problèmes de lag subsistent, aggravés par certains tricheurs qui surchargent volontairement leurs connexions. En définitive, rien ne vaut le jeu à plusieurs sur la même console. Konami a ajouté de nouvelles manières de jouer entre potes. Tout d'abord, les matchs aller/retour font les apparitions et permettent des joutes dignes d'une demi-finale de Champion's League. Les matchs à sélection aléatoire, quant à eux, renouvellent le choix d'équipes trop souvent restreint aux meilleurs clubs. La machine compose une équipe à partir de vos choix de clubs ou de sélections. Libre à vous de mélanger Getafe avec le Milan AC ou ADO La Haye avec Manchester United. A plusieurs, PES 6 prend une autre dimension et atteint le nirvana footbalistique.

La ligue 1 des 0-0

Les bleus avec leur équipement officiel.

Chaque année, la base de donnée de PES 6 se remplit progressivement d'équipes sous licence. Cette année, Konami est fier d'annoncer l'arrivée de la Ligue 1 entièrement licenciée. C'est sous leurs vraies couleurs que vous évoluerez avec Lyon, le PSG et l'Olympique de Marseille. A vous les derbys Sedan – Troyes et les Lorient – Rennes ! L'éditeur nippon a également tenté d'élargir le nombre de sélections nationales sous licence : l'Espagne, les Pays-Bas, l'Italie et la France possèdent désormais leurs maillots officiels. Si les sélections ont gardé leurs équipes de la Coupe du Monde (Zidane encore en bleu), tous les transferts en club ont été respectés, même les prêts de dernière minute. Il reste toutefois des ombres au tableau. La Premier League anglaise n'a toujours pas de licence complète, hormis Arsenal et Manchester United. De plus, PES 6 signe l'arrêt de mort de la Bundesliga. Seul le Bayern Munich s'est échappé du naufrage. Adieu les Werder Brême – Bayer Leverkusen et Hambourg SV – M'gladbach. Même le championnat belge fait mieux que la Bundesliga en réussissant à placer Anderlecht et Bruges. En définitive, en dépit de nouvelles licences acquises, la base de donnée parvient à faire moins bien que l'année dernière. Carton rouge pour l'absence de la Bundesliga.

Opération stade mort ?

Les limites techniques sont clairement atteintes.

Techniquement, le jeu n'a pas franchement évolué. C'est toujours aussi beau sur le terrain avec un travail convaincant sur les animations et une modélisation des joueurs soignée. Tout comme FIFA 07, PES 6 semble avoir atteint les limites techniques de la PS2. De discrètes retouches ont tout de même été faites. Konami a cherché à améliorer les collisions entre les joueurs, même si le résultat final n'est pas forcément flagrant. La modélisation faciale est plus réaliste pour les joueurs sélectionnés lors de la Coupe du Monde : Toni, Van Persie, Malouda ou Ribéry font parti des réussites. Si l'aspect graphique a progressé dans le bon sens, l'ambiance sonore est restée au point mort. Jamais les stades n'auront paru aussi vide. Le jeu fait presque pire qu'un Parc des Princes à huis-clos. Les chants se résument à un brouhaha inaudible et peu réaliste. Même certains patchs amateurs font beaucoup mieux en terme de chants et d'ambiance dans les tribunes. Le duo de commentateurs reste le même. Christian Jeanpierre peine à faire aussi pire que l'année dernière et décroche le micro de plomb virtuel 2006 (à égalité avec Jean Resseguié de Virtua Pro Football). Au contraire, Jean-Luc Arribart s'en sort plutôt bien avec des analyses techniques bien placées. Un conseil : faites vous-même les chants et les commentaires.

La tactique pour les nuls

Lionel Messi en pointe face à Casillas.

Pour le menu tactique, Konami est parti d'un constat simple : peu de joueurs novices osent s'aventurer dans la jungle des formations. Les développeurs doivent donc faire un choix : sacrifier la richesse au profit d'une meilleure accessibilité ou laisser sur le côté les milliers de joueurs débutants pour ne contenter que les fans. En fait, l'un et l'autre ont été retenu. Ainsi, en plus du système habituel, PES 6 introduit un tout nouveau menu plus abordable. Grâce à des mots-clés, l'ordinateur opère des choix dans votre stratégie. Ainsi si vous décidez de jouer latéralement, la machine vous composera une formation avec deux ailiers. Déjà présent dans les épisodes précédents, le tri automatique est enrichi de nouveaux critères comme la prise en compte de la condition physique ou des compétences. Pourtant, ce qui devait être un renfort pour les novices devient vite un poids tant les changements de l'ordinateur sont étonnants. Pas sûr qu'un Zambrotta en mauvaise condition physique placé sur le front de l'attaque italienne soit une bonne solution pour remporter une Coupe du Monde. Pour ne pas faire de grossières erreurs d'entraîneur de DH, il est donc vivement conseillé de maîtriser les différentes stratégies du très complet menu formation.

We've got the feeling

Un Gerrard en forme est un atout individuel et collectif.

Comme disait Boli et Waddle dans leur tube kitsch, PES 6 offre un feeling bien meilleur que le précédent épisode. Pour les connaisseurs, la vitesse et donc les sensations de ce sixième volet se rapprochent d'un mélange entre Pro Evolution Soccer 5 et Winning Eleven 10, version japonaise de la série. Le rythme a donc été ralenti, réjouissant ainsi ceux qui craignaient que la saga déviait vers le simulateur de baby-foot. Toutefois, cette vitesse plus lente mêle un contrôle de balle plus rapide. L'ajout des coups francs joués rapidement en est une belle illustration. Ainsi, vos déplacements sur le terrain paraissent plus précis et les joueurs enchaînent mieux. Cela a son importance dans la manière de jouer et dans l'équilibre entre le collectif et le jeu individuel. Dans le maniement, tout a été fait pour mettre en confiance celui qui possède le ballon : il est donc plus facile de poser le jeu en revenant sur ses pas. En contrepartie, pour marquer, les joueurs doivent autant compter sur les coups (contres favorables ou erreur défensive) que sur les attaques placées. Pourtant, malgré le ralentissement de la vitesse de jeu, les matchs restent toujours aussi stressants surtout pour ceux qui maîtrisent parfaitement à la fois le dribble et les passes courtes. Cette année, inutile de s'adapter au gameplay ; PES 6 propose un confort rare et permet à chaque style de jeu de prendre du plaisir. Et c'est bien là, l'essentiel.

Carton rouge !

Malgré Cafu, la défense brésilienne est une vraie passoire.

En dépit de son confort de jeu, PES 6 accumule de nouveaux défauts agaçants pour tout fan qui a connu la belle époque de la saga. Atteint du syndrome "tout pour l'offensive", le placement défensif est négligé. Vos arrières centraux laissent des énormes trous, permettant à l'attaquant de se faufiler. Avec du recul, ces problèmes défensifs poursuivent en fait la série depuis au moins deux épisodes. Ces soucis peuvent s'expliquer par la trop grande importance laissée à l'équipe porteuse du ballon. L'attaquant a tous les contres et la feinte de frappe fait automatiquement tacler vos défenseurs, occasionnant des coups francs voire des penaltys incompréhensibles. Bref, la défense est une plaie pour le joueur acharné tant le jeu est aléatoire. A cela, s'ajoute un système de sélections/désélections déroutant. En effet, si vous aviez pris l'habitude de laisser la machine s'occuper de la sélection du joueur pour les pressings, il est conseillé de maîtriser au plus vite la touche L1 et de se régler en mode manuel. Mais là encore, le résultat n'est pas satisfaisant et provoque de nombreuses frustrations chez le joueur. En définitive, le gameplay de PES 6 laisse une mauvaise impression. Le jeu semble hésiter entre des sensations améliorées et un système de jeu qui n'a pas foncièrement changé.
Les Plus
  • Ligue Master toujours très prenante
  • Parfait à plusieurs
  • Enfin la Ligue 1 sous licence
  • Confort de jeu appréciable
Les Moins
  • Peu de vraies nouveautés
  • Lags persistants en ligne
  • La Bundesliga à la trappe
  • Défense passive et problème de sélection handicapant
Résultat

Habitué à être sommet, PES 6 déçoit. Non pas qu'il soit mauvais, mais plutôt que la série ne parvient plus à se renouveler. Comme à chaque nouveau épisode, il apporte de nouvelle sensations et de nouvelles façons de marquer à maîtriser. Mais c'est trop peu pour avoir le sentiment de jouer à un titre entièrement refait. L'argument de la réactualisation de la base de données ne tient pas : si tous les transferts sont à jour et que de nouvelles licences ont fait leur apparition, les fans digèreront mal l'absence de la Bundesliga. Reste alors une Ligue Master toujours très prenante et un mode en ligne remodelé. A défaut de prétendants suffisamment dangereux, le roi PES reste sur son trône, en attendant la révolution nouvelle génération.

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