Une fois n'est pas coutume, les grands enfants que nous sommes restés sont allés se divertir au salon Univers d'Enfants 2004, répondant ainsi au doux appel de la nostalgie et de Big Ben qui y avait un stand. Si la surprise de voir encore des Lego, des Meccanos et des vieilleries comme le tir aux pigeons et le casse-tête chinois nous a un peu déstabilisés, c'est avec assurance que nous avons retrouvé des trucs plus virils comme les figurines Games Workshop ou Collector, avec leurs beaux Orcs aux gencives saillantes et leurs Zergs aux lames aiguisées. Sans grosse surprise, ce sont les licences qui font vendre avec un peu de Star Wars, beaucoup de Seigneur des Anneaux et, perdus dans leur coin, des jeux vidéo quand même.
Jeux et jouets, même combat
Il faut avoir fait au moins un gros salon de jeux vidéo comme le Micromania Games Show ou encore l'inénarrable E3 pour se rendre compte du décalage qui existe entre jeux vidéo et jouets. Le principe de ces salons est le même : une énorme superficie avec des stands et des jeux, un peu de public et pas mal d'animations. Tout est permis pour attirer le chaland, depuis la vraie voiture de rallye fièrement exhibée sur un stand jusqu'au son poussé un peu fort pour attirer l'attention, avec quand même une surprise de taille. Face aux jeux vidéo dont on pourrait croire qu'ils rasent tout sur leur passage façon Attila, les jouets résistent plutôt bien en utilisant les mêmes armes. A côté des jeux traditionnels comme la panoplie incroyable de cow-boy et d'indiens digne de figurer dans un musée sur le XXe siècle, quantité de licences se retrouvent de stand en stand. Ce sont d'ailleurs souvent les mêmes ; après la vague de produits estampillés Star Wars, qui est un peu retombée en attendant le troisième film, c'est Le Seigneur des Anneaux qui se taille la part du lion. Ca en devient amusant puisque on retrouve même Legolas sur des planches de skate, ce qui vu ses glissades dans les deux derniers films n'est finalement pas si idiot.
Des licences pour les gouverner tous
Les jeux vidéo et les jouets exploitent de plus en plus de licences communes mais les deux supports se mélangent mal. A part Collector qui propose des figurines basées sur les univers de Starcraft et de WarCraft III, les fabricants ne se risquent pas trop à exploiter des univers pourtant connus des gosses et au design souvent léché. Il faut aller sur le stand de Big Ben pour se rassurer un peu en voyant enfin des télés permettant de jouer avec une vraie petite canne à pêche, de se trémousser en cadence sur des tapis de danse ou de pousser la chansonnette avec des karaokés devant des papounets attendris. C'est grâce à Big Ben que les deux univers se rejoignent vraiment en mélangeant son, image et accessoires, même si cette tendance ne se vérifie que sur console. Ce n'est pas sur PC qu'on pourra profiter de ces périphériques exotiques qui permettent d'apprendre par cœur les derniers tubes et de perdre les calories accumulées sur les autres jeux, ces gros perfides qui laissent les joueurs bêtement avachis dans leurs beaux canapés bien rembourrés.
Big Ben Academy
Histoire de bouger son corps et de faire frétiller ses cordes vocales, le tapis de Danse Europe est le plus novateur avec ses huit directions, contre quatre pour la concurrence. Il fallait voir les jolies professionnelles du stand se démener en tournant sur elles-mêmes pour allier efficacité et élégance ! En même temps, huit directions, c'est un peu beaucoup. Pas question de rester toujours face à l'écran pour appuyer en rythme sur les bonnes directions, il faut savoir tourner tout en gardant le tempo. C'est super dur, surtout avec le micro-casque sans fil qui ressemble drôlement aux modèles qu'on peut voir à la télé. Là, avec la fonction karaoké, c'est presque infernal. Lire les paroles, tourner sur soi-même, bouger en rythme, ça demande une coordination rare. Ce n'est plus un jeu, c'est une vraie simulation de Star Academy ! Heureusement, le pack avec le tapis, le micro et le jeu avec ses trente tubes est un peu cher, environ 90 € ; il est donc plus judicieux de se passer du micro, ce qui rend la facture très raisonnable. Et au cas où le porte-monnaie serait encore récalcitrant, il reste toujours l'argument de poids : le jeu permet de compter les calories qu'on perd en bougeant, ce qui en fait accessoirement un excellent complément de régime !
Chante Chante Revolution
Pour ceux qui n'auraient pas envie d'acheter de PlayStation 2 afin de découvrir les vertus du karaoké, des lecteurs dédiés étaient aussi présentés. Ceux-là, on ne les retrouvera pas tout de suite chez nos revendeurs dédiés mais plutôt dans les grandes enseignes classiques. Il s'agit de lecteurs traditionnels qui peuvent lire des CD de karaoké en affichant sur une télé les paroles et quelques environnements sommaires. Chaque CD coûte 20 €, les micros très pro vont de 17 € à 70 € pour le modèle sans fil de Michel Sardou et le tout fonctionne bien, surtout avec les petites filles ou entre copains. On ne danse pas, on chante seulement, c'est moins ludique mais c'est aussi moins fatiguant. En même temps, quand on a goûté à Danse Europe ou à la version de Microsoft, Xbox Music Mixer, c'est dur de se contenter uniquement d'un karaoké.
Les accessoires habituels
Le reste est plus classique avec le lot habituel de housses Game Boy Advance, d'accessoires N-Gage et d'Action Replay, les derniers en date permettant de se connecter sur Internet pour récupérer directement les nouveaux codes. Ceux qui ont souffert pendant des années à entrer des séries de chiffres ingrates en ayant vaguement l'impression de coder du C++ peuvent donc se réjouir : à condition d'avoir le modem Ethernet, la nouvelle version de l'Action Replay pour PlayStation 2 mettra donc fin à ce calvaire. Une petite révolution mine de rien pour les joueurs console. Ceux-ci seront également tentés par des jeux inédits un brin simplets proposés à des prix violents, comme 10 €. Ca casse pas trois pattes à un canard mais pour le prix, c'est normal. Ceux qui cherchent des jeux un peu plus costauds peuvent toujours se défouler avec SpellForce, notez bien.
Collectionnez-les toutes !
Tous ces jeux pour chanter et danser, c'est presque usant à force. En traînant sur les stands Lego et en admirant les vaisseaux Star Wars admirablement reconstitués avec de braves petites briques de couleur, on peut retrouver un peu de sérénité et quelques licences, comme ce Harry Potter & The Sorcerer's Stone grandeur nature avec son balais mais sans son hibou. Mais ce sont surtout les stands de Collector et de Games Workshop qui valaient le détour. Avec ses figurines Matrix, Alien, Terminator 3, Akira, Spawn, Alien vs Predator 2, Mc Farlane était à l'honneur. Les sculptures sont incroyablement fines, comme toujours, même si le bon goût est parfois absent, surtout du côté de Spawn. Mais enfin, avec Soul Calibur II, tout le monde a appris à connaître les qualités et les défauts de Mc Farlane. Quelques figurines de Starcraft et de WarCraft III étaient aussi présentes, ainsi qu'une collection de donzelles issues de Final Fantasy X-2, articulées mais moins détaillées. Décidément, quels veinards ces consoleux : il n'y en a jamais que pour eux. Chez Games Workshop, c'est Le Seigneur des Anneaux qui se tapait l'incruste avec des figurines minuscules mais riches en détails pour se refaire en vrai la bataille des Champs de Pelennor du Retour du Roi. Ca faisait envie, surtout que les protagonistes sont tous présents et facilement identifiables. Du très beau boulot, assurément.
Un petit village résiste encore et toujours...
Avec tout ça, revenir en arrière est enfantin, à cette belle époque où les jeux vidéo n'avaient pas l'importance qu'ils ont aujourd'hui et où on savait vraiment s'amuser avec un bout de bois et trois ficelles. Hum. En fait, ce salon annuel souffrait d'un manque d'intérêt évident du grand public et d'une baisse de fréquentation sensible. La plupart des exposants restaient calfeutrés dans leurs stands en attendant les acheteurs, immédiatement reconnaissables avec leurs valisettes d'aéroport bourrées d'échantillons. C'est dommage mais c'est quand même frappant de voir que d'anciens jeux datant de vingt ans sont toujours en vente aujourd'hui et que la résistance est efficace avec beaucoup de licences et de diversité. Lego notamment s'attaquait aux plus petits avec de grosses briques destinées aux enfants de dix-douze mois, mais aussi avec des voitures à friction pour les plus âgés et même des bidules programmables avec un PC, la série des Lego Mindstorms qui est bien capable de faire craquer même les plus vieux.